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Transports - Fret ferroviaire : le réveil des réseaux capillaires

La réforme ferroviaire sera-t-elle efficace ? Quels défis restent à relever pour préserver la compétitivité du rail face à la route ? Où en est la réhabilitation du réseau capillaire ? Et les entreprises de fret parviennent-elles à mieux accéder au réseau ? Le 27 mars, l'Association française du rail (Afra) a fait un point sur la situation toujours fragile du fret ferroviaire.

Près de dix ans après la libéralisation du fret, les opérateurs ferroviaires ont-ils retrouvé un semblant de meilleure santé ? Au mieux quelques couleurs, à en croire le constat dressé le 27 mars par l'Association française du rail (Afra), qui représente le quart de la profession, dont les opérateurs ferroviaires alternatifs à la SNCF et vient de nommer à sa tête Albert Alday, directeur général de Thello. En cause, les prix des sillons qui restent trop élevés, mais pas seulement. Leur qualité pose toujours problème, qui complique la circulation tout comme l'accès de ces entreprises aux voies, infrastructures de maintenance et parc immobilier sur les plateformes SNCF. Ces cinq dernières années, des opérateurs privés ont pourtant su investir, créer des emplois et inverser la courbe au profit d'un meilleur report modal. "L'apport des nouveaux entrants est en effet indéniable", félicite Alain Vidalies dans un courrier adressé en ce début de mois à l'association.

1.250 kilomètres de lignes locales sans trafic

L'enjeu, ajoute le secrétaire d'Etat en charge des transports, est de "faire émerger un modèle économique adapté aux besoins de l'économie locale", en travaillant ligne par ligne et en associant les régions. Si la rénovation du réseau ferroviaire secondaire français est urgente, c'est que ce réseau dit capillaire, constitué de vieilles lignes et n'accueillant pas de passagers, est très dégradé mais essentiel, selon l'Afra, "au maintien de l'activité ferroviaire comme au développement des économies régionales : 20% du fret passe par ces lignes soit quelque 18 millions de tonnes par an". Tranquillement, céréales transitant par Dijon, bois et eaux de source sont acheminées sur ces lignes à voie unique à la vitesse maximale de 40 km/h… Autant de flux relevant d'un fret de proximité sur lequel travaillent désormais de concert – c'est une bonne nouvelle – l'Etat (qui a concédé un financement de 30 millions d'euros sur la période 2015-2017), SNCF Réseau, les collectivités territoriales, les ports, les logisticiens, les entreprises ferroviaires et les chargeurs… Selon l'Afra, sept à huit lignes capillaires "sont ainsi en cours d'expérimentation, sur la base d'un référentiel allégé". Ces lignes sont les suivantes : Oiry/Esternay (Champagne-Ardenne), Neufchateau/Gironcourt/Houecourt (Lorraine), Vendôme/Montoire-sur-le-Loir/Blois/Villefrancœur (Centre-Val de Loire) ; Saint-Rambert-d'Albon/Beaurepaire/Collonges/Divonne-les-Bains  (Rhône-Alpes) ; La Gorp/Le Bec-d'Ambès (Aquitaine).

Pérenniser ces lignes capillaires

Après une phase de diagnostic des lignes à moderniser, qui se poursuivra toute l'année, des lignes traversant le Centre, la Champagne-Ardenne et la Lorraine ont déjà été identifiées. Les partenaires concernés sur le plan local se réunissent via des comités de concertation où CCI, élus et industriels embranchés redessinent ensemble l'avenir du rail local. Aller jusqu'au tour de table financier, expérimenter, pérenniser : les prochaines étapes à franchir sur les 900 km de lignes capillaires les plus fréquentées seront déterminantes pour l'avenir de ce réseau auquel les territoires sont désormais clairement associés.