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Enseignement supérieur - Génération Précaire dénonce le "dumping social" des stages

Des décrets pourraient paraître prochainement concernant l'encadrement des stages : fin des stages hors cursus, limitation à six mois, plafonnement des heures de stages dans les entreprises... C'est ce qu'a annoncé la ministre de l'Enseignement supérieur le 7 mars 2013 et ce sur quoi compte le collectif Génération Précaire, pour stopper le "dumping social" provoqué par les stages.

Le gouvernement va-t-il s'emparer de la question de l'encadrement des stages ? C'est ce que Génération Précaire, qui milite depuis 2005 pour les droits des stagiaires, espère. Le collectif a eu un écho favorable de la part du gouvernement actuel, à la fois du côté du ministère du Travail et du ministère de l'Enseignement supérieur. L'enjeu est important : il s'agit de faire en sorte que les stages actuellement effectués (plus d'1,5 million par an), cessent de détruire des emplois juniors ou alimentaires. "Aujourd'hui, on prend un stagiaire avec plein de compétences, on le garde six mois sans embauche derrière", explique Lila Djellali, porte-parole de Génération Précaire, qui parle d'un véritable "dumping social" où les stages "cannibalisent les contrats à durée déterminée".
Pour lutter contre ce phénomène, des décrets devraient paraître, d'après ce qu'a indiqué le 7 mars 2013 Geneviève Fioraso, ministre de l'Enseignement supérieur. Ces décrets doivent permettre de mieux encadrer les stages : fin des stages hors cursus, réelle limitation à six mois - une mesure prévue par la loi Cherpion du 28 juillet 2011 pour le développement de l'alternance mais qui n'est pas appliquée faute de décret -, et plafonnement des heures de stagiaires dans les entreprises. "Nous travaillons sur ces décrets avec les conseillers de Geneviève Fioraso. Nous avons rendez-vous à la fin du mois de mars sur le sujet", explique Lila Djellali, qui se dit toutefois méfiante. "On a eu beaucoup de promesses auparavant, il nous faut du concret !", explique-t-elle.
Le collectif souhaite ensuite aller plus loin avec d'autres mesures concernant notamment la gratification des stagiaires. "Il faut que cette gratification se fasse dans tous les secteurs. Dans le secteur hospitalier par exemple, il n'y a aucune gratification. Et il faut que le stagiaire puisse avoir la gratification dès le premier jour du premier mois de son stage, or actuellement, il ne la perçoit qu'à partir du deuxième mois."
Enfin, Génération Précaire voudrait faire passer une mesure concernant les cotisations sociales. "En France, aucun stagiaire ne cotise pour sa retraite, contrairement aux apprentis. Il faut qu'on travaille sur ce point avec les partenaires sociaux", détaille Lila Djellali. Le collectif défend aussi l'idée de mettre à disposition un tuteur pour deux stagiaires maximum, comme dans l'apprentissage, pour mieux encadrer le stage et en faire un réel outil de formation. "Le stagiaire doit être formé, et ne pas être seulement productif !" Autre demande : l'intégration des stagiaires dans le registre unique du personnel, pour qu'ils puissent être réellement comptabilisés dans la masse salariale des entreprises.