Henri Prévost, un ancien marin appelé à la barre de l'ANCT
L'ancien officier de marine devenu préfet Henri Prévost, candidat à la direction de l'Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT), a exposé devant les sénateurs, mercredi, sa vision de l'ingénierie, dans un contexte houleux.

© Capture vidéo Sénat/ Henri Prévost
Difficile tâche pour l'ex-préfet de la Marne Henri Prévost que de défendre sa candidature à la direction de l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT). Poste laissé vacant depuis le mois de juin, avec le départ de Stanislas Bourron pour le cabinet de François Bayrou puis celui de Sébastien Lecornu, en qualité de chef du pôle intérieur et territoire.
Proposé par le président de la République cet été, l'ancien officier de marine va devoir déjouer de nombreux écueils. Plus que sa candidature, c’est l’avenir même de l’agence que le préfet a dû défendre, mercredi, devant la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable du Sénat. Il y a quelques mois en effet, une commission d’enquête sénatoriale sur les missions des agences et opérateurs de l'État concluait à la disparition de l’ANCT (lire notre article du 4 juillet), avant qu’un rapport de l’inspection générale de l'environnement et du développement durable n’invite à prendre "pleinement acte" de la décentralisation et de mettre un terme à l'ingénierie territoriale de l'État (lire notre article du 16 juillet)…
Guide du routard de la bureaucratie française
Lors de son audition, la première charge est venue du sénateur centriste Stéphane Demilly (Somme) qui a suggéré la création d’un "guide du routard de la bureaucratie française". "À ce jour, on dénombre 103 agences, 434 opérateurs, 317 organismes consultatifs, et quand on les additionne tous, notre pays est finalement jalonné par plus de 1.200 organismes publics, a critiqué le sénateur. Au-delà du GPS nécessaire pour s'y retrouver dans le qui fait quoi, il faut également un lexique pour décoder tous ces sigles qui envahissent le quotidien des élus locaux."
Reconnaissant une "offre extrêmement nombreuse" en matière d’ingénierie, le préfet a dit vouloir inscrire son action dans l’esprit de la circulaire du 5 septembre qui va dans le sens d’un "approfondissement de la déconcentration" (lire notre article du 16 septembre). Alors que le texte donne plus de pouvoir au préfet pour coordonner l’action de l’État sur le terrain, il a promis d'apporter de la "cohérence". "Je pense que la critique qui a été faite dans les rapports parlementaires et dans le rapport des inspections générales (…) doit conduire, évidemment, à resserrer ce pilotage commun, à toiletter les offres quand elles sont redondantes, et à s'interroger à chaque fois sur le bon dimensionnement", a-t-il concédé. Il s’est aussi voulu le garant de "l’esprit de subsidiarité", afin de ne pas "imposer une solution d'ingénierie maison, mais de chercher d'abord dans la boîte à outils, dans la diversité des solutions qui existent sur le terrain".
Forums de l'ingénierie
Face au défaut de notoriété de l’ANCT chez de nombreux élus, le préfet a dit vouloir s’inspirer des "forums de l’ingénierie" mis en place dans son département. Il a aussi souligné la nécessité de ne laisser aucune collectivité de côté car "certains programmes, comme Petites Villes de demain, comme Action cœur de ville, même Villages d'avenir, peuvent de temps en temps donner l'impression à une collectivité qui n'est pas retenue qu'elle ne fait pas partie des priorités, qu'elle n'a pas d'avenir".
Il a aussi salué l’expérimentation dans cinq départements de l’espace "Mon espace Collectivité" qui a déjà permis à 222 collectivités de faire remonter leurs besoins et les blocages qui freinent leurs projets. "C’est un outil qui me paraît particulièrement intéressant", a-t-il dit.
La sénatrice Nicole Bonnefoy (PS, Charente) a considéré que les différents programmes portés par l’ANCT manquaient de "vision d’ensemble" en matière d’aménagement du territoire. C’est l’un des enseignements du rapport qu’elle a présenté le jour même avec son collègue Louis-Jean de Nicolaÿ (LR, Sarthe) invitant à l’élargir le programme PVD à une échelle plus large (intercommunalité ou pays) dans ce qu’ils appellent des "territoires de demain" (lire notre article du 16 octobre).
Après ce premier grand oral, le candidat doit à présent être entendu par les députés le 22 octobre.