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Aménagement - Installations obsolètes : les communes de montagne s'organisent

Confrontées au problème des installations obsolètes, de plus en plus de collectivités montagnardes s'attaquent à leur démantèlement. Un chantier ambitieux, car leur nombre est évalué à 3.000 équipements inutiles et vieillissants.

Téléskis hors d'usage, cabanons abandonnés, installations militaires, agricoles ou industrielles désaffectées... Outre une atteinte au paysage naturel, ces équipements obsolètes représentent un danger pour l'écosystème et des pièges tant pour la faune que pour les hommes. Or, à ce jour, il n'existe aucune réglementation prévoyant leur démantèlement.

Deux chantiers sur le parc national des Ecrins

L'association Mountain Wilderness travaille depuis dix ans sur ce sujet et a déjà retiré 330 tonnes de déchets avec l'aide des collectivités locales. "Les communes mettent généralement à disposition véhicules et employés communaux pour l'opération. Elles se chargent aussi de l'évacuation des déchets, ce qui n'est pas toujours évident en altitude. La région Paca et les conseils généraux concernés nous apportent également une aide financière car le coût moyen d'un chantier s'élève à 10.000 euros. Au total, nous en avons mené quatre cette année", explique Carmen Grasmick, chargée de mission à Mountain Wilderness.
Dernier chantier en date, le parc national des Ecrins, où des friches agricoles et touristiques (clôtures, grillages, tuyaux) ont été enlevées en septembre à 2.900 mètres d'altitude avec la commune de la Grave (Hautes-Alpes). Toujours sur le même parc, un autre chantier a eu lieu cet été, avec la collaboration de petites communes, Villard Reymond et Villard Notre Dame, ainsi que des associations locales.

Parc national du Mercantour : 166 tonnes de déchets enlevés

L'été reste en effet la saison la plus propice au nettoyage. En juillet dernier, 11 tonnes de déchets militaires ont été ramassés au col de la Bonette-Restefond (Alpes-de-Haute-Provence et Alpes-Maritimes) au sein du parc national du Mercantour. Les services de la Métropole Nice Côte d'Azur et de la communauté de communes de la vallée de l'Ubaye ont été mobilisés pour collecter et stocker ces 15 m3 de déchets avant leur évacuation. Au total, sur ce parc, après onze ans de collaboration, 166 tonnes de déchets ont été enlevés. Enfin, en juin, un téléski inutilisé a été démonté à Thorame-Haute (Alpes-de-Haute-Provence). C'est aussi la communauté de communes qui s'est chargée d'évacuer plus d'une tonne de ferraille (câbles, pylônes, poulies).

Démonter et réhabiliter : l'exemple de la montagne de Lure

Certains démontages peuvent prendre du temps car la population est parfois attachée à ces équipements et espèrent les voir à nouveau fonctionner. Un obstacle qui n'arrête pas certaines municipalités. C'est le cas de Saint-Étienne-les-Orgues, située en moyenne montagne, dans les Alpes-de-Haute-Provence. "En 2008, la nouvelle équipe municipale s'est rapprochée de la communauté de communes de Forcalquier-Lure pour développer un tourisme des quatre saisons. La montagne de Lure culmine à 1.860 m et avec le changement climatique, l'enneigement n'est garanti qu'une année sur trois", raconte l'adjoint au maire Pierre Honoré. Depuis 1995, quatre téléskis privés n'y étaient plus utilisés mais leurs propriétaires n'avaient ni les moyens, ni l'intention de les relancer. Après une concertation sur trois ans, le choix a été fait de monter une micro-station destinée à un public local et familial. Les téléskis, leurs câbles, piquets de balisage et plaque d'amiante de la gare ont été démontés, soit 100 tonnes de matériaux enlevés en 2011. "Outre Mountain Wilderness, qui est très professionnelle, nous avons fait appel à un recycleur local pour le démontage des pylônes", complète l'élu. Désormais, la montagne a retrouvé son aspect originel et la commune peut développer des activités de pleine nature. Quant aux deux téléskis restants, ils sont passés en régie municipale et devenus propriété communale. "Nous allons en rénover un. Le plus petit sera démonté et remplacé par un tapis roulant qui servira aussi en dehors de la saison de ski (piste en synthétique pour la luge et VTT)", précise l'adjoint au maire. Les premiers travaux de terrassement commencent en novembre. L'exploitation par la communauté de communes de Forcalquier-Lure est prévue pour l'hiver 2014-2015.