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Jeunesse / Vie associative - Jeunesse : un budget dopé par les investissements d'avenir... mais où est passée l'éducation populaire ?

Avec un ministère comprenant les sports, la jeunesse, la vie associative et l'éducation populaire, Valérie Fourneyron pouvait, dès son arrivée aux affaires en juin 2012, tout autant se réjouir du travail passionnant à venir que s'effrayer de l'ampleur de la tâche. Si la partie sports lui a immédiatement donné du fil à retordre avec des dossiers épineux et quelques trous dans la caisse, le périmètre jeunesse lui a été plus favorable. La jeunesse a en effet été décrétée priorité du gouvernement Ayrault dès son installation. Malgré la morosité budgétaire ambiante, Valérie Fourneyron voyait ainsi les moyens de son ministère dédiés à la jeunesse grimper de 7% dans la loi de finances pour 2013. Un an plus tard, cette mission voit sa part augmenter de 28%. Un vrai miracle pour la saison qui laisse pourtant de côté l'éducation populaire, éternel parent pauvre du ministère.

L'enveloppe du périmètre jeunesse, vie associative et éducation populaire s'élève à 229,3 millions d'euros, contre 230,1 millions l'an dernier (-0,3%). Somme à laquelle il convient d'ajouter les fonctions support (personnel, etc.) à hauteur de 119,8 millions (en légère baisse). Surtout, ce budget est abondé par une dotation exceptionnelle de 100 millions d'euros prévue en 2014 par le second volet du programme d’investissements d’avenir (PIA2). Au total, ce sont donc 449 millions de crédits qui seront affectés en 2014 à la jeunesse, à la vie associative et à l’éducation populaire.

Mobilité et service civique

Les voyages forment la jeunesse, dit-on. Le budget de Valérie Fourneyron, présenté par la ministre le 9 octobre, prend l'expression au pied de la lettre en consacrant 13,9 millions d'euros (+8%) à la mobilité européenne et internationale des jeunes. Ces crédits seront presqu'exclusivement affectés à l'Office franco-allemand pour la jeunesse (11,6 millions) et à l'Office franco-québécois pour la jeunesse (2 millions).
Autre axe d'action en faveur de la jeunesse : le service civique, dont la montée en charge se poursuit avec une enveloppe de 146 millions d'euros (+1%) et un objectif de 31.000 volontaires minimum présents dans le dispositif en 2014. Sur ce poste, une optimisation du dispositif de cotisations sociales a en outre permis de réduire le coût des missions de 1.000 euros par volontaire et par mois à 800 euros.
Avec 37,3 millions d'euros de crédits (inchangé par rapport à 2013), les interventions en faveur de la vie associative figurent au deuxième rang des lignes budgétaires par ordre d'importance. Le soutien à l'emploi associatif via le Fonds de coopération de la jeunesse et de l'éducation populaire (Fonjep) s'établit de nouveau à 26 millions. L'aide à la formation des bénévoles, à travers le Fonds pour le développement de la vie associative (FDVA), demeure à 10,8 millions.
Seule ligne budgétaire à connaître une baisse significative : les interventions déconcentrées "jeunesse et vie associative", qui passent de 19,2 à 16 millions d'euros de crédit (-16%).

100 millions pour mieux former et informer les jeunes

En 2014, la mission jeunesse, vie associative et éducation populaire intègre le nouveau programme d'investissements d’avenir en faveur de la jeunesse avec une dotation de 100 millions d'euros… sur un total de 12,5 milliards pour l'ensemble du PIA2. Les objectifs sur le périmètre de Valérie Fourneyron seront de "développer, à l’échelle des territoires, une stratégie globale et cohérente en faveur des jeunes qui fédère et décloisonne les interventions des nombreux partenaires, publics ou privés".
Plus concrètement, les 100 millions seront dédiés à des projets globaux apportant des réponses innovantes sur l’information et l’orientation ; l’employabilité et la lutte contre le décrochage scolaire et universitaire ; le développement d’une offre éducative, culturelle et sportive innovante, en complément de l’école ; l’émergence d’une culture de l’entrepreneuriat.

L'éducation populaire, parent pauvre du ministère

Et l'éducation populaire dans tout ça ? Elle n'est pas oubliée… mais presque. Si aucune des lignes budgétaires principales ne lui est consacrée, on en trouve trace dans la programmation triennale du fonds d'expérimentation pour la jeunesse. Sur une enveloppe de 12,4 millions d'euros, destinés à financer une nouvelle vague d’appels à projets ou à contributions pour des projets en lien avec la priorité jeunesse, 3 millions sont prévus pour la promotion des outils d’éducation populaire pour les jeunes (numérique, lieux innovants, médias jeunes).
Par ailleurs, les associations et fédérations nationales d'éducation populaire devront se partager avec leurs homologues dédiées à la jeunesse les crédits destinés à conforter le développement des associations à travers la formation des bénévoles et l’emploi. A savoir les 26 millions d'euros destinés au Fonjep, d'un côté, et les 9 millions pour le soutien aux associations et fédérations nationales… des chiffres à comparer aux 83 millions destinés aux fédérations sportives en 2014, sans compter les quelque 140 millions répartis entre les associations sportives en 2013 via la part territoriale du Centre national pour le développement du sport (CNDS), également du ressort de Valérie Fourneyron. Ce n'est pourtant pas faute de souligner le potentiel de création d'emplois dans l'éducation populaire avec la réforme des rythmes scolaires : de 175.000 à 350.000, selon le ministère. Mais il est vrai que ceux-là devront principalement être financés par les collectivités locales…