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Protection de l'enfance - La défenseure des enfants veut renforcer la prise en charge des adolescents en difficulté

A l'occasion de la Journée mondiale de défense et de promotion des droits de l'enfant, Dominique Versini, la défenseure des enfants, a remis au chef de l'Etat - en plus de son rapport d'activité 2007 - un rapport thématique intitulé "Adolescents en souffrance : plaidoyer pour une véritable prise en charge". Ce document rejoint le constat posé quelques jours plus tôt dans l'enquête sur l'enfance en danger réalisée par l'Observatoire national de l'action sociale décentralisée (Odas). Celle-ci constatait en effet une relative stabilisation du nombre d'enfants signalés (+1% par rapport à l'année précédente), mais avec une forte progression de la part des adolescents (+5%, soit 40.200 signalements en 2006).
S'appuyant sur une vaste enquête de terrain - plus de 200 professionnels rencontrés - le rapport dresse un tableau très complet de la situation. Tout en reconnaissant les efforts d'amélioration de la prise en charge accomplis ces dernières années - après que l'adolescent soit "longtemps resté le grand oublié des politiques publiques" -, la défenseure des enfants souligne les insuffisances qui demeurent dans de nombreux domaines, surtout face à des formes nouvelles de souffrance psychique. En témoigne par exemple le cas des maisons des adolescents, dont l'intérêt est pourtant indéniable : elles sont aujourd'hui au nombre de dix-huit, alors qu'il était prévu d'en doter rapidement chaque département.
Face à ce constat alarmiste, le rapport formule vingt-cinq recommandations. Celles-ci portent en premier lieu sur le recalibrage du dispositif médical, psychiatrique, social et éducatif : renforcement des moyens des centres médico-psychologiques (CMP), création de lits d'hospitalisation à temps complet dans les départements qui en sont dépourvus et de "relais diversifiés de post-hospitalisation", admission des adolescents en pédopsychiatrie jusqu'à 18 ans, objectif d'une infirmière scolaire à temps plein par établissement.... Outre une amélioration de l'information des adolescents et des familles, il préconise un développement des dispositifs innovants, à commencer par les maisons des adolescents. Ces dernières, qui bénéficieraient d'un label national, auraient ainsi vocation à devenir des "têtes de réseau", réunissant les points accueil écoute jeunes (PAEJ) et "l'ensemble des professionnels et institutions intervenant dans la vie des jeunes du département", ce qui inclut l'aide sociale à l'enfance.
Dans le même esprit, la défenseure des enfants recommande de "systématiser la mise en place de réseaux interdisciplinaires afin de garantir le repérage, l'orientation, la prise en charge et la continuité effective des soins". Un autre volet concerne la mise en place d'une formation obligatoire sur la psychologie de l'adolescent et le repérage des signes d'alerte, à destination de tous les professionnels au contact de jeunes (enseignants, médecins et magistrats). Les parents ne sont pas oubliés, avec plusieurs propositions concernant à la fois l'écoute et l'intégration dans le dispositif de repérage. Enfin, le document préconise la mise en place d'une "stratégie nationale volontariste de prévention et de lutte contre l'alcoolisation précoce des adolescents et la banalisation du cannabis", avec en particulier une diminution de l'accessibilité des boissons alcooliques aux mineurs.
Seul point faible de ce premier rapport thématique de la défenseure des enfants : il reste muet sur le chiffrage et le financement des mesures préconisées, mais aussi sur les moyens et procédures à mettre en oeuvre pour assurer une réelle coordination d'un dispositif impliquant un grand nombre d'acteurs très divers.

 

Jean-Noël Escudié / PCA

 

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