La perspective des élections municipales a dissuadé les villes de recourir au levier fiscal
À un an du renouvellement des conseils municipaux, très rares sont les villes de plus de 40.000 habitants ayant décidé d'augmenter les taux de fiscalité sur les ménages. Parmi les grandes villes (plus de 100.000 habitants), aucune ne l'a fait. Les intercommunalités sont un peu plus nombreuses à avoir relevé les taux de fiscalité sur les entreprises.

© Cabinet FSL et Adobe stock
Une fois n'est pas coutume, les impôts locaux ne font guère cette année les gros titres des médias. Pour cause : aucune des 42 villes de plus de 100.000 habitants et de leurs intercommunalités n'a relevé en 2025 les taux des taxes sur les ménages et parmi les villes de 40.000 à 100.000 habitants, les décisions d'augmentation ont été rarissimes. C'est ce que révèle l'étude annuelle sur les taux d'imposition des grandes collectivités (en téléchargement ci-dessous), élaborée par le cabinet Finances et Stratégies locales (FSL).
Les taux des taxes foncière et d'habitation des grandes villes et de leurs groupements sont "inchangés" en 2025, indique la société spécialiste de l'information financière du secteur public local. "À l'approche des élections municipales 2026" et dans un contexte d'"incertitudes" marqué notamment par le retard de l'adoption de la loi de finances pour 2025, les collectivités ont eu une "attitude prudente", explique-t-elle. En 2024, les taux des impositions directes locales avaient augmenté de 1,2% en moyenne dans les grandes villes, en prenant en compte les taux de leurs groupements (voir notre article de mai 2024).
Taux de CFE en légère hausse dans les grandes villes
Le choix de la stabilité pour cette année ne constitue pas une surprise au regard des évolutions passées. En 2019, année qui avait précédé le scrutin municipal de 2020, les grandes villes et leurs intercommunalités avaient décidé unanimement de ne pas accroître leurs taux. Sous l'effet de quelques décisions locales, ceux-ci avaient même baissé de 0,3% en moyenne. Six ans plus tôt, à l'approche des élections municipales de 2014, la stabilité était déjà de mise (+0,1%).
Les villes de Boulogne-Billancourt et Villeurbanne se singularisent toutefois par des hausses de la majoration de la taxe d'habitation sur les résidences secondaires de respectivement 10 et 24 points en 2025. Dans les deux villes, la majoration est portée à son maximum de 60%.
En matière de cotisation foncière des entreprises (CFE), 5 groupements sur les 40 constitués par une ville de plus de 100.000 habitants ont pris une décision d'augmentation. Parmi eux, deux ont eu la main un peu plus lourde : la communauté urbaine du Havre (+5,3%) et la métropole de Lyon (+6%). Mais le taux de CFE des 40 groupements enregistre une progression moyenne de 0,6% en 2025, dans la lignée des tendances observées ces dernières années.
Baisses d'impôts locaux
En cette année pré-électorale, de très rares villes dont la population est comprise entre 40.000 et 100.000 habitants ont augmenté les impôts sur les ménages. Le conseil municipal de La Roche-sur-Yon a relevé de 7% les taux de la taxe sur le foncier bâti et de la taxe d'habitation sur les résidences secondaires. Cette hausse des impôts locaux, la première depuis 24 ans, est "le seul levier" pour continuer de mener "une politique volontariste et ambitieuse", justifiait fin janvier le maire de la ville, Luc Bouard, dans un article du Journal du Pays yonnais.
À Cholet, les propriétaires voient le taux de la taxe sur le foncier bâti augmenter de 3%. À l'origine de cette hausse, la décision de la communauté d'agglomération d'instituer cette imposition (au taux de 3%).
En outre, à quelques mois des élections municipales, des villes ont fait le choix de baisser les taux des impôts sur les ménages. Et dans quelques cas, ces baisses ne relèvent pas du symbole. À Saint-Louis (La Réunion), les contribuables bénéficient d’un allègement de 5% des taux d’imposition des taxes foncières. Autre exemple : à Cannes, ville dirigée par David Lisnard, le taux de la taxe sur le foncier bâti est en baisse de 3,6% cette année.
À noter, à l'inverse, que la tenue prochaine des élections municipales n'a pas dissuadé certaines villes moyennes de relever la majoration de taxe d'habitation sur les résidences secondaires, voire d'instituer cette taxe d'emblée à son taux plafond de 60% (comme Saint-Ouen et Villeneuve-d'Ascq).
Évolution dynamique des bases
En ce qui concerne la CFE, les groupements constitués par les villes de 40.000 à 100.000 habitants ont eu "un recours modéré au levier fiscal", le taux moyen de la taxe progressant de 0,5% sur ce périmètre.
Malgré la stabilité des taux de la taxe sur le foncier bâti décidée par les équipes municipales pour cette année, les cotisations payées par les contribuables locaux vont augmenter, et ce sous l'effet de la revalorisation automatique des valeurs locatives en fonction de l'inflation constatée au 30 novembre de l'année précédente. Cette année, cette règle conduit à une hausse des cotisations de 1,7% (voir notre article sur le sujet).
La revalorisation des bases est le principal facteur de hausse des cotisations de la taxe foncière sur les propriétés bâties (53,6 milliards d'euros, en hausse de 5,4% en 2024). Essentiellement portée par le relèvement en fonction de l'inflation, cette revalorisation a été à l'origine l'an dernier de la part la plus significative (+3,3%) de la croissance des cotisations dont ont bénéficié les communes et leurs groupements, comme le révèle une récente étude de la direction générale des finances publiques (DGFIP). La création de locaux explique une part plus modeste de la croissance des cotisations (+1,4%), les hausses de taux étant responsables quant à elles de 0,7 point d'augmentation.