La Réunion : un appel à projets urbains innovants pour bâtir la "ville insulaire et tropicale de demain"

L’appel à projets urbains innovants "Kreolab" vient d’être lancé à La Réunion. Il vise la mise en œuvre des projets démonstrateurs sur sept sites de l’écocité de l’ouest de l'île afin de contribuer à faire de cette agglomération LA "ville insulaire et tropicale de demain". À terme, 35.000 logements devraient notamment être construits dans l'agglomération, qui n’en aspire pas moins à devenir une "ville jardin".

Le GIP Écocité – qui réunit l’État, la région et le département de La Réunion, la communauté d’agglomération Territoire de la côte ouest (TCO) ainsi que les communes de La Possession, Le Port et Saint-Paul – vient de lancer officiellement le 8 juillet son appel à projets urbains innovants, baptisé Kreolab. Une nouvelle étape dans la longue marche de ce projet d’écocité régional, d’intérêt national, initié en 2009 – l’opération avait été sélectionnée dans le cadre de l’appel à projets "Ville de demain" (voir notre article du 4 novembre 2009). Il prévoit à terme, en 2050, la création, sur une surface de 5.000 ha et, via 14 opérations d’aménagement, de quelque 35.000 logements. Mais aussi de 350.000 m2 de surfaces plancher dédiées au développement économique hors ZAP (zone agricole protégée), avec l’espoir de 20.000 emplois créés, des réseaux de transports (37 km de voies nouvelles dédiées au transport en commun d’ici 2030, le grand port maritime, principale porte d’entrée de l’île, étant en outre compris dans le périmètre), des équipements de loisirs, etc. "C’est à l’ouest que s’écrit l’avenir de La Réunion", assure Emmanuel Séraphin, président du GIP, du TCO et maire de Saint-Paul. Le tout devrait conduire à un doublement de la population du "cœur d’agglomération", qui passerait de 70.000 à 140.000 habitants. De quoi faire frémir les partisans de la lutte contre l’artificialisation. "On ne construit pas pour se faire plaisir, mais parce qu’il y a une demande, que ce soit en termes de logement ou de développement économique. On rattrape ce qu’on aurait dû faire depuis un certain temps", se défend-il en conférence de presse. 

Une "ville jardin", agricole et rurale

L’élu insiste en outre sur l’essence de cette démarche : l’écocité, c’est "la ville insulaire, tropicale et bioclimatique de demain". Une ville "mobile", "moteur du développement économique", "ludique et attractive", mais aussi "une ville des proximités", accessible, "résiliente et économe". Et une "ville jardin" : au-delà de l’aspiration à "redonner toute sa place à la nature en ville" (200 ha d’espaces plantés sont prévus), l’opération vise le développement d’une agriculture urbaine (au moins 45 ha) pour faciliter la consommation en circuit-court. "Nous ne voulons pas une ville-lumière, mais une ville qui intègre et préserve la dimension agricole et rurale", insiste le président du GIP, qui évoque le taux de "20% d’espaces agricoles". Le projet entend notamment étendre les terres cultivables, en créant des terres fertiles sur les plaines arides tout en "préservant les terres fertiles naturelles dans les Hauts" – des expérimentations sont en cours.

Projets "démonstrateurs"

Kreolab vise précisément à faire émerger, sur sept sites désignés, de tels "projets démonstrateurs", "exemplaires et innovants", qui incarneront cette "ville de demain" et pourraient faire "rayonner l’île dans l’ensemble de l’hémisphère sud". Alors qu’ "en 2050, 2 personnes sur 3 vivront en ville, principalement en Asie et en Afrique, les innovations de cette unique écocité tropicale et insulaire seront très observées", veut-on croire au sein du GIP. "L’objectif est d’inciter à concevoir différemment, d’associer la population, mais aussi de montrer que le territoire est créatif et sur la route de la transition écologique", indique Emmanuel Séraphin. "Nous attendons de l’innovation à tous les niveaux : en matière d’architecture de construction, mais aussi d’usages, de modalités d’exploitation…", précise Éric Caro, directeur du GIP. Il ajoute que Kreolab espère la constitution de groupements pluridisciplinaires pour répondre à ces défis, qui pourraient en outre contribuer à "structurer les filières locales". 

Des équipements… et des usages

Maxime Fromentin, 1er adjoint au maire de La Possession, met lui en avant l’importance des usages, et notamment de la dimension "accompagnement" des futurs habitants. Non seulement pour "créer du lien entre eux", mais aussi pour "faire de l’écocité une ville de demain vraiment écologique", souligne-t-il. Et de prendre l’exemple du problème des déchets, criant outre-mer, qui ne peut trouver sa réponse uniquement dans les équipements, mais nécessite aussi "de la pédagogie" – un besoin régulièrement rappelé (voir notre article du 20 mai). Les candidats à l’appel à projets sont ainsi invités à "ouvrir les quartiers, imaginer des lieux de rencontre et révéler les dimensions historiques, architecturales, paysagères ou touristiques singulières", mais aussi à "développer les usages liés à la nature, à renforcer les liens entre l’habitant et son milieu" ou encore à favoriser "une gestion urbaine partagée", fondée sur "le partenariat et la synergie des acteurs privés, publics et para-publics ou associatifs". Matériellement, ils sont conviés à remettre leurs plis au plus tard le 30 octobre prochain. La désignation des lauréats aura lieu dans un an.

 

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