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Enfance - La "VAE des jeunes parents" crée des remous chez les professionnels de la petite enfance

Auditionnée le 20 juillet à l'Assemblée nationale par la délégation aux droits des femmes, Marlène Schiappa, la secrétaire d'Etat à l'Egalité entre les femmes et les hommes, a annoncé travailler, avec le ministre de l'Education nationale, à la mise sur pied d'un "dispositif de validation des acquis de l'expérience des jeunes parents". Selon la ministre en effet, "un certain nombre de femmes, notamment dans des banlieues ou des zones rurales, ont eu des enfants jeunes et se retrouvent sans qualification, sans expérience professionnelle [...] sur le marché du travail avec un CV qui est une page blanche, qui n'ont pas de diplôme et qui ont pour seul argument dans les entretiens d'embauche que de dire : j'ai élevé mes enfants".

"Transformer l'expérience" en CAP petite enfance

Plus précisément, Marlène Schiappa a fait part de son intention de "lancer un dispositif de validation des acquis de l'expérience qui soit un parcours diplômant". Elle a affirmé que "nous sommes en train de voir si nous pouvons transformer cette expérience en CAP petite enfance, en diplôme d'Etat, en brevet d'Etat d'éducatrice de jeunes enfants, qui nous permette de faire se rencontrer l'offre et la demande sur le marché du travail". Cette VAE, à l'issue d'un congé parental par exemple, pourrait ainsi déboucher sur l'obtention d'un CAP petite enfance. Celui-ci donne notamment la possibilité de travailler dans des crèches, des haltes-garderies ou des centres de loisir. Il permet aussi de passer le concours d'Atsem, afin de travailler en école maternelle.
Si la VAE n'a rien de nouveau, la réaction des professionnelles ne s'est pas faite attendre devant une proposition qui semble donner un quasi libre accès au CAP petite enfance. Dans un communiqué du 21 juillet, la Fneje (Fédération nationale des éducateurs de jeunes enfants) fait part de son "indignation quant à cette annonce qui vient une fois de plus démontrer l'ignorance des enjeux de l'accompagnement des jeunes enfants et de leur familles dans notre société. Est-ce parce qu'on aide nos enfants à faire leurs devoirs pendant leur scolarité, qu'on est apte à devenir professeur des écoles ?". La Fneje estime en effet qu'"il ne suffit pas d'avoir eu des enfants pour accompagner ceux des autres" et que "professionnel(le)s de la petite enfance est un métier qui s'apprend".


Réflexion sous surveillance

Elle invoque notamment les conclusions du rapport Giampino sur la petite enfance (voir notre article ci-dessous du 11 mai 2016) et le lancement consécutif par Laurence Rossignol - alors ministre des Familles, de l'Enfance et des Droits des femmes - d'un "Plan d'action pour la petite enfance", proposant notamment d'apporter un cadre commun à tous les professionnels de l'accueil des jeunes enfants, de refondre et rapprocher les formations et les diplômes, ou encore de faciliter l'application des normes. (voir notre article ci-dessous du 17 novembre 2016).
Plus récemment, Agnès Buzyn a évoqué, le 16 juin, en clôture des 42es Journées nationales d'étude des puéricultrices, ses orientations en matière de prise en en charge de la petite enfance. La ministre des Solidarités et de la Santé - en charge du dossier - y a souligné la nécessité d'une professionnalisation des métiers de la petite enfance tout en faisant directement référence au rapport Giampino.
Devant cette levée de boucliers, la secrétaire d'Etat à l'Egalité entre les femmes et les hommes est donc quelque peu revenue sur ses déclarations initiales. Dans un souci d'apaisement, elle a ainsi affirmé n'avoir "jamais proposé de distribuer des CAP petite enfance aux mères", mais avoir seulement "lancé une réflexion qui visait à trouver des parcours diplômant pour ces mères et ces pères qui sont jeunes, qui sont sortis du parcours scolaire et se retrouvent avec un CV qui est une page blanche". Une réflexion qui devrait désormais se mener sous étroite surveillance.