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Journée de l'Europe - Laurent Wauquiez défend les "project bonds" pour financer les infrastructures en Europe

Les deux tiers des Français demeurent attachés à l'euro mais jugent l'Europe responsable de nombre de leurs maux, selon un sondage TNS Sofres publié à l'occasion de la journée de l'Europe. Pour le ministre des Affaires européennes, il faut "défendre l'Europe là où les gens n'y croient plus" et renouer avec les grands projets d'infrastructures, notamment par le biais des "project bonds".

Les Français ne sont peut-être pas ces indécrottables Gaulois eurosceptiques, selon un sondage TNS Sofres sur le sentiment des Français vis-à-vis de l'Europe publié le 9 mai, à l'occasion de la journée de l'Europe. Alors que d'aucuns annoncent la mort de l'euro, comme l'économiste Christian Saint-Etienne, ils sont 67% à vouloir conserver la monnaie unique, contre 30% qui espèrent un retour au franc. Mais parmi ces derniers, 9% seulement pensent que c'est possible. Plus généralement, 30% des Français voient dans l'Europe un motif d'espoir contre 29% un motif de déception, selon ce sondage présenté lors d'un colloque organisé par la Fondation pour l'innovation politique (un centre de recherche qui se présente comme un "think tank libéral, progressiste et européen"), intitulé "Aimez-vous l'Europe ?". De quoi satisfaire le ministre des Affaires européennes, Laurent Wauquiez, venu conclure cette rencontre : "Les Français aiment l'Europe, sont pro-européens, beaucoup plus qu'on ne pouvait le soupçonner", s'est-il enthousiasmé. Et pourtant, le sentiment des Français est assez diffus. 77% d'entre eux estiment que la "complexité" correspond bien à l'image qu'ils se font de l'Europe. Pour 60%, l'UE est associée au "chômage". Et de considérer à 52% que "l’Union européenne accentue le problème de l’immigration en France" ; 33% s'inquiètent des révoltes des pays arabes et de ses effets sur l'immigration... "Un effet Lampedusa", a expliqué Julie Caillot, directrice d'études à TNS Sofres, pour qui ces résultats traduisent des "peurs et crispations économiques ou identitaires".

Passoire libérale totale

La montée des populismes est bien ce qui inquiète les responsables européens. "Les pro-européens doivent reprendre le drapeau européen", a ainsi déclaré Laurent Wauquiez, appelant à plus de protection. "L'Europe est une passoire libérale totale. C'est la seule zone géopolitique à appliquer une politique de libre échange pure et dure qui confine à la naïveté." Pour exemple, l'Europe ouvre ses marchés publics à la concurrence quand en Chine "100% des marchés publics sont fermés aux étrangers". Alors "il faut défendre l'Europe là où les gens n'y croient plus", a déclaré le ministre, égrainant une série d'exemples locaux : la Lorraine où le projet de canal Rhin-Rhône refait surface après avoir été abandonné en 1997, le Loiret où les agriculteurs peuvent se satisfaire du "redressement du cours des céréales", la Bretagne où "il n'y a plus de marée noire depuis que l'Europe a su imposer la double coque" ou encore l'Ain, où les aides européennes ont permis de restructurer la filière de la construction de poids-lourds...
Le ministre a également appelé à une simplification disant ne pouvoir "se résoudre à l'idée [...] que tout accès aux aides soit un parcours du combattant". Autre chantier cher au ministre : l'émission de "project bonds", qui permettraient à l'Europe d'apporter sa garantie financière pour le financement de gros projets d'infrastructures. "L'Europe n'investit plus, l'horizon est vide de grues", a-t-il déploré. Selon lui, les project bonds pourraient venir financer un réseau d'électricité intelligente, un réseau européen de très haut débit ou les réseaux de transport transeuropéens. Le ministre a enfin appelé à une meilleure reconnaissance des services publics. "Le centre communal d'action sociale de ma commune ne comprend pas pourquoi pour le portage à domicile, il doit distinguer entre les 150 repas destinés aux personnes âgées et les 30 destinés à être vendus", a illustré le maire du Puy-en-Velay. Malgré la communication de la Commission du 23 mars sur les services d'intérêt général (lire notre article du 23 mars 2011, Bruxelles pour des services publics à géométrie variable), le nouvel acte pour le Marché intérieur présenté le mois dernier par le Français Michel Barnier élude la question.
 

 

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