Audiovisuel - L'Avicca et TLSP mobilisent contre le changement de numérotation des chaînes locales

L'Association des villes et collectivités pour les communications électroniques et l'audiovisuel (Avicca) s'indigne de la "relégation" des télévisions locales décidée par le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA). Cette réaction fait allusion à la décision du CSA, prise "sans concertation", de décaler les télévisions locales dans leur numérotation sur la TNT (télévision numérique terrestre).
Dans un communiqué du 28 juin, le CSA a en effet annoncé sa décision de numéroter les six nouvelles chaînes gratuites nationales de la TNT - les fameuses "chaînes bonus" - dans la continuité des actuelles chaînes nationales en clair et de Canal+. Ceci revient à réserver aux chaînes nationales les numéros 1 à 29 (pour 19 + 6 chaînes) au lieu de 1 à 19 actuellement. Cette décision prendra effet à compter du 12 décembre 2012, date du début des émissions de ces nouvelles chaînes. De ce fait, le CSA explique : "Quant aux chaînes locales (actuellement situées dans la vingtaine) et aux chaînes payantes (actuellement situées dans la trentaine), leurs numéros actuels seront déplacés à la dizaine supérieure, ce qui permet de ne pas bouleverser l'organisation actuelle, les téléspectateurs pouvant retrouver aisément ces chaînes en ajoutant 10 au numéro de la chaîne qu'ils ont l'habitude de regarder".
C'est précisément ce changement "anodin" que conteste l'Avicca. Dans un communiqué du 2 juillet, l'association rappelle en effet que "l'initialisation et le repérage des chaînes est un travail long et coûteux en communication, avant que ne se créent des habitudes d'écoute. Par ailleurs, il est notoire que les numéros de chaînes élevés sont nettement moins bénéfiques à l'audience que les numéros bas, pour de simples raisons ergonomiques".
Une position rejointe par l'Union des télévisions locales de service public (TLSP). Celle-ci estime que "tout changement de numérotation remettrait en cause l'initialisation de chaînes qui jouent un rôle important dans l'animation de notre territoire" et conteste un changement qui "aurait de lourdes conséquences pour des chaînes à l'économie que vous savez fragile".
Autant que le préjudice potentiel - qui reste difficile à démonter -, c'est la méthode qui choque l'Avicca et TLSP. Ces organisations considèrent que "le CSA ne fait pas preuve de respect, ni vis-à-vis des télévisions locales, ni vis-à-vis des collectivités qui les soutiennent". Il y a trois mois, l'Avicca avait d'ailleurs déjà mis le CSA en garde contre les dangers potentiels d'une telle mesure, alors encore à l'état de projet (voir notre article ci-contre du 20 avril 2012). Mais l'association n'avait pas été entendue. Le projet s'étant concrétisé, l'Avicca et TLSP - ainsi qu'une autre organisation, Les Locales TV - ont donc annoncé leur décision de déposer un recours devant le Conseil d'Etat contre la décision du CSA. Sans se joindre au recours, la Fédération des villes moyennes proteste également, dans sa lettre d'information électronique "Ondes Moyennes" diffusée ce 4 juillet, contre la décision du CSA, "d'autant plus préjudiciable que ces chaînes locales ne diffusent pas par nature sur l'ensemble du territoire français et qu'elles présentent un équilibre financier fragile".