Le "Centre d'analyse et de lutte des atteintes aux élus" va être lancé

Le maire de Saint-Brevin-les-Pins, Yannick Morez, visé par un incendie et des menaces, sera reçu mercredi par Elisabeth Borne. La ministre Dominique Faure doit pour sa part lancer le "Centre d'analyse et de lutte des atteintes aux élus". L'Association des maires de France a mis en lumière la longue liste d'agressions dont des maires ont tout récemment été la cible.

Elisabeth Borne a affirmé au JDD du 14 mai qu'elle rencontrerait ce mercredi 17 mai le maire de Saint-Brevin-les-Pins, Yannick Morez, qui a démissionné après avoir été visé par un incendie criminel et des menaces de l'extrême droite.

"Si nous avons été insuffisamment réactifs, nous allons davantage nous mobiliser pour protéger les élus face à la montée des violences", a affirmé la Première ministre, alors que le maire avait déploré un "manque de soutien de l'Etat.

Jugeant "intolérable" qu'il ait été pris pour cible de ces attaques, la cheffe du gouvernement a estimé nécessaire d'agir "en amont". "C'est le sens des propositions que fera la ministre chargée des Collectivités territoriales, Dominique Faure, la semaine prochaine" en lançant le "Centre d'analyse et de lutte des atteintes aux élus", a-t-elle affirmé. Cette structure "permettra de mieux coordonner la réponse de l'ensemble des acteurs concernés : police, justice, préfet. Nous allons également renforcer les sanctions contre ceux qui s'en prennent aux élus".

Ce centre, dont la création avait été annoncée mi-mars, doit être installé dans les locaux du ministère de l'Intérieur. "L'idée, c'est de cartographier les violences faites aux élus, d'en comprendre l'origine pour pouvoir évidemment agir dans le domaine de la prévention", a pour sa part expliqué Dominique Faure sur BFMTV. "Cette cartographie (...) on va lui donner un rayonnement beaucoup plus important parce que l'on va donner des éléments régulièrement sur les analyses que nous portons et les actions de prévention que nous allons conduire dans les prochaines semaines compte-tenu de la montée de ces violences", a-t-elle ajouté. Selon son cabinet, le centre vise à "mieux prévenir les atteintes, mieux coordonner les actions (...) et à agir plus vite et mieux en renforçant la présence des forces de sécurité aux côtés des élus".

Parmi les pistes pour enrayer le phénomène, la ministre a cité un travail avec le garde des Sceaux pour que les peines à l'encontre de ceux qui agressent des élus soient "de même nature que quand on s'attaque à un gendarme ou un policier".

Mercredi 17 mai également, Yannick Morez sera auditionné par la commission des Lois du Sénat. Le domicile de l'élu avait été incendié en mars, en lien avec le déménagement vivement contesté près d'une école maternelle d'un centre d'accueil pour demandeurs d'asile existant depuis 2016 dans cette commune de Loire-Atlantique. L'annonce de sa démission et de son déménagement hors de la commune est intervenue après plusieurs semaines de pressions d'individus se revendiquant de l'extrême droite. Le préfet de Loire-Atlantique avait assuré jeudi dernier que des mesures avaient été prises pour protéger le maire, "notamment de protection spécifique, en particulier sur le domicile". "La préfecture et la gendarmerie ont été présentes", a également déclaré vendredi Dominique Faure.

L'Association des maires de France (AMF) avait très vite réagi, tout comme d'autres associations d'élus et nombre de personnalités politiques (voir notre article du 11 mai). Deux jours plus tard, l'AMF a diffusé un nouveau communiqué mettant en lumière, au-delà du cas de Saint-Brevin, la multiplication ces derniers jours ou semaines, des agressions contre des maires.

Elle en fournit une liste éloquente : "le véhicule de la maire de Plougrescant saboté la semaine dernière ; le maire de Montjoi harcelé par un influenceur d’extrême-droite ; d’autres élus qui affrontent la présence de zadistes et activités d’extrême gauche comme dans les Deux-Sèvres ou le Gers ; le maire de Sevran poursuivi depuis des mois par une campagne de dénigrement anonyme qui voit aujourd’hui ses enfants menacés ; le maire de Morne-à-l’Eau jeté dans une rivière par un groupe de jeunes ; le cabinet médical du maire de Saint-Pierre-des-Corps incendié ; des maires placés sous protection policière comme le maire de Dreux après avoir reçu des menaces de mort ; ou celui de Bron en raison de son engagement contre le trafic de drogue dans sa commune ; le maire délégué du Tremblay violemment frappé par des automobilistes à la conduite dangereuse ; le maire de Plouër-sur-Rance menacé par arme à feu…"

Pour l'association, il est clair que "la situation n’a cessé de s’aggraver". Face à cela, les plaintes des maires doivent être mieux prises en compte (sachant que dans les faits, affirme l'AMF, "les classements sans suite sont aujourd’hui la règle) et les auteurs des menaces ou agressions doivent être plus systématiquement sanctionnés. "Les maires ne demandent aucun traitement de faveur pour eux-mêmes, mais appellent à la responsabilité de tous, exécutif, Parlement, autorité judiciaire et citoyens, pour inverser cette tendance et retrouver des conditions d’exercice des mandats municipaux conformes aux principes démocratiques", conclut-elle.