Le Conseil national de la sécurité routière veut réserver les trottoirs aux piétons

Le Conseil national de la sécurité routière (CNSR) a recommandé ce 28 novembre de "définir légalement" les trottoirs comme réservés aux piétons, en réponse notamment aux risques de collision avec des vélos ou des trottinettes.

Réuni ce 28 novembre en séance plénière, le Conseil national de la sécurité routière (CNSR) a adopté neuf recommandations à adresser au gouvernement, dont deux concernent directement les collectivités territoriales. Réinstallée en 2012, cette instance de concertation et de propositions composée de 67 membres (élus, représentants de l'Etat, associations, médecins, entreprises...) est considérée comme le "parlement" de la sécurité routière.

Usagers vulnérables

La recommandation n°4 attire l'attention sur les usagers vulnérables (piétons, cyclistes, usagers de deux-roues motorisés…), davantage exposés aux risques liés à des défauts de conception et d’entretien des infrastructures où ils évoluent. "Ces infrastructures qui relèvent très majoritairement des collectivités territoriales, appellent des aménagements spécifiques propices et adaptés pour ces usagers", souligne le CNSR. Pour "garantir un niveau de sécurité optimal", il propose une série de mesures pour inciter les collectivités à aménager leurs infrastructures selon les règles de l’art édictées par le Cerema, "centre technique qui fait référence en ce domaine au plan national". "Cette approche suppose également que les collectivités et leurs prestataires puissent se former pour acquérir ces compétences et qualifications en matière d’aménagements propres aux usagers vulnérables", poursuit le CNSR. Pour accompagner ce dispositif, celui-ci préconise aussi un meilleur suivi de la connaissance des accidents impliquant ces usagers, "par le développement des observatoires locaux de l’accidentalité et la réalisation d’audits de sécurité".

"Chartes d'aménagement de la voirie"

En concertation avec les usagers, la recommandation n°7 envisage quant à elle de promouvoir des "chartes d’aménagement de la voirie" à l’échelle des villes et agglomérations. "Sur la base de ces chartes, les gestionnaires de voirie s’engageront pour garantir un degré de sécurité élevé dans l’aménagement et la cohérence multimodale de l’espace public (objectifs de sécurité routière concertés et déclinés dans des programmes d’action et de travaux, cartographie des accidents, audits d’inspection des réseaux…)", est-il précisé. En échange de ces engagements, les collectivités pourraient bénéficier d’abondements des dotations financières de l’État.

Nouvelle définition légale du trottoir

L'instance préconise aussi de "définir légalement le trottoir comme étant une partie de la voie publique réservée à la circulation et à l'usage du piéton". Elle veut aussi "préciser que le trottoir est physiquement séparé de la chaussée afin d'être repérable et détectable par tous les usagers". Lors d'un point presse, le président du CNSR, Yves Goasdoué, maire de Flers (Orne), a estimé qu'il commençait à "y avoir un vrai sujet avec les trottoirs et pas seulement à Paris, partout en France".

Florence Guillaume, la déléguée interministérielle à la sécurité routière a, elle, rappelé que le statut du trottoir était déjà évoqué dans le code de la route, mais a déploré qu'il ne le soit qu'"en creux plutôt qu'en droit". "Cela fait longtemps qu'on demande une définition du trottoir", a déclaré à l'AFP Geneviève Laferrère, représentante de la Fédération française des usagers de la bicyclette (FUB) au CNSR. "Parce qu'aujourd'hui le trottoir, c'est ce qu'il reste quand on a pris de la place pour la voiture, pour le stationnement, pour les cyclistes, quand on a pris de la place pour tout", a-t-elle ajouté, estimant qu'il "reste très peu pour les piétons" et que les trottoirs "ne sont plus un endroit convivial". Selon elle, "les trottinettes ont aggravé le problème (...) notamment celles en libre-service stationnées sur le trottoir quand elles sont en attente d'un nouvel usager".

Cette recommandation intervient alors que la ville de Paris, où 15.000 trottinettes sont disponibles en libre-service, s'interroge sur leur "rapport coût/bénéfices" et leur "coût environnemental", selon les mots la semaine dernière de David Belliard, l'adjoint aux mobilités et à la voirie. Les 15.000 trottinettes parisiennes vont ainsi être équipées d'une plaque d'immatriculation sur le pare-boue arrière, comme à Grenoble ou en Allemagne, afin d'aider la police à mieux verbaliser les infractions.

 

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