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Le gouvernement esquisse sa stratégie de protection de l'enfance

Prévention dès la grossesse, suivi psychologique des enfants placés, formation des professionnels : le gouvernement a esquissé ce lundi 28 janvier les grandes lignes d'un plan visant à améliorer la protection de l'enfance, des mesures qui devront être "finalisées" d'ici l'été.

Cette future stratégie, présentée lundi matin devant le Conseil national de la protection de l'enfance, sera soumise à concertation, a précisé à la presse la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn. La feuille de route gouvernementale, dont le coût n'a pas été évoqué, "débute par la prévention, avec l'accompagnement des parents dès la grossesse", a pour sa part souligné le nouveau secrétaire d'Etat chargé du dossier, Adrien Taquet (voir ci-dessous notre article du 25 janvier).

"Avant de se dire 'il faut placer des enfants', essayons de mieux accompagner les parents", a-t-il dit. Il s'agit de créer "des parcours de périnatalité pour les parents" dès le 4e mois de grossesse et de renforcer le suivi après la naissance, avec la protection maternelle et infantile. On relèvera toutefois que ceci figure déjà dans les mesures de la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté (renforcement du rôle de la PMI et soutien dès le 4e mois de grossesse - voir ci-dessous notre article du 22 octobre sur la feuille de route du plan pauvreté).

Deuxième axe, "mobiliser contre les violences faites aux enfants" et encourager les citoyens à signaler les cas. Actuellement, "moins d'une personne sur quatre, face à une suspicion de violence, va effectivement la signaler", a-t-il déploré.

Le troisième axe porte sur la prise en charge par l'Aide sociale à l'enfance. Le gouvernement veut notamment mettre l'accent sur la formation des professionnels et réfléchir aux conditions de leur recrutement. "Aujourd'hui on s'aperçoit que le minimum de formation nécessaire n'est pas forcément respecté, et que ça peut déboucher sur des situations de maltraitance", selon Adrien Taquet. Il s'agira aussi d'assurer une "exécution plus rapide" des mesures judiciaires de placement, a noté le secrétaire d'Etat, soulignant que les délais de prises en charge étaient "assez hétérogènes" sur le territoire.

Face à la baisse du nombre de familles d'accueil, le gouvernement évoque également une "réflexion" sur la manière de rendre "plus attractif" ce mode de prise en charge, et souhaite ouvrir la question de l'adoption simple dans les familles d'accueil, une procédure aujourd'hui très complexe.

Agnès Buzyn a pour sa part confirmé deux pistes avancées en novembre dernier : la prise en charge à 100% du parcours de soin des enfants de l'aide sociale à l'enfance, et un soutien pour que ces jeunes aux "parcours scolaires chaotiques" puissent mieux accéder aux études supérieures via des bourses et des places dans les internats. Désormais, "un enfant pourra voir un psychologue remboursé à 100%" et "une mission va être lancée sur les CMP, les centres médico-psychologiques (...) qui ont des délais de rendez-vous trop longs", a ajouté Agnès Buzyn.

En revanche, rien de précis n'a été annoncé pour aider les jeunes majeurs subissant une "sortie sèche" des services de l'ASE. Un avis récent du Conseil économique et social informe sur les taux de prise en charge des jeunes de 18 à 21 ans qui varient de 9% à 21,4% selon les départements.

Le gouvernement veillera, a précisé à ce propos Agnès Buzyn, à une "égalité de traitement" des jeunes concernés, via une "contractualisation" avec les départements sur la base d'un "référentiel commun" qui doit être défini. Il ne s'agit pas pour l'Etat de procéder à une "centralisation" du processus, mais d'être "le garant de l'effectivité des politiques publiques", a-t-elle fait valoir.