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Santé publique - Le rapport Sommelet veut renforcer le rôle des collectivités dans la santé de l'enfant et de l'adolescent

Près de deux ans après son lancement, la commission présidée par le professeur Danièle Sommelet vient de remettre au ministre de la Santé et des Solidarités son rapport sur "L'enfant et l'adolescent : un enjeu de société, une priorité du système de santé". Très détaillé (600 pages sans les annexes), ce document dresse un tableau d'ensemble de la santé des moins de 18 ans. Tout en soulignant les progrès considérables accomplis depuis 50 ans, il constate néanmoins que "la santé de l'enfant et de l'adolescent demeure morcelée tant sur le plan national que régional". Au plan national, le rapport souligne l'absence d'une politique globale ciblée sur les besoins de prévention, d'éducation, de soins de l'enfant et de l'adolescent, à l'exception du cas particulier de la périnatalité. Cette carence se traduit par un morcellement et une coordination insuffisante des différents acteurs. Au plan régional, le rapport constate que "les actions décentralisées de santé publique et de prévention que devrait coordonner le groupe régional de santé publique (GRSP) risquent de demeurer ponctuellement le fait des conseils généraux, des villes, des associations, des Urcam, Cram, mutuelles...".
Aussi le rapport propose-t-il d'individualiser une politique de santé globale - sanitaire, psychologique et sociale - de l'enfant et de l'adolescent. Outre de nombreuses préconisations sectorielles, il formule pour cela douze propositions de portée générale. Celles-ci accordent une place importante aux collectivités, à travers un renforcement du rôle de la PMI, une meilleure articulation entre santé et social ou par le biais de leur implication croissante dans le domaine éducatif. Le rapport préconise ainsi de revoir et de "rationaliser" l'organisation de la politique de prévention et de protection, en redéfinissant les missions, les acteurs, les outils et l'utilisation des données. Il suggère aussi d'améliorer la fiabilité du recueil de données épidémiologiques, auquel contribuent les services de PMI à travers la distribution des carnets de santé - qui n'ont jamais été réellement évalués - et l'exploitation des certificats pré- et postnataux. Face au développement de l'obésité, le rapport plaide pour un renforcement des actions de promotion de la santé "en assurant le partenariat entre les institutions de l'Etat, les collectivités territoriales, et les acteurs de terrain et en adoptant une stratégie de communication adaptée aux besoins et aux moyens". Il estime également nécessaire d'inciter les acteurs de santé - et notamment les pédiatres - à une meilleure prise en compte de l'interculturalité et à une plus grande implication dans la lutte contre les conséquences de la précarité, en liaison avec les services sociaux des collectivités. Enfin, le rapport insiste particulièrement sur sa dernière proposition, consistant à "mettre en oeuvre une véritable politique de santé de l'enfant et de l'adolescent grâce à la création, sous l'égide du ministère de la Santé, d'une commission interministérielle en lien avec les collectivités territoriales".

 

Jean-Noël Escudié / PCA