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Le siège strasbourgeois du Parlement européen à nouveau sur la sellette

Les eurodéputés français prennent les anti-Strasbourg au mot : s'il ne doit rester qu'un siège pour le Parlement européen, ce doit être Strasbourg.

La dernière séance plénière du Parlement à Strasbourg a été marquée par les hommages rendus à Simone Veil et à Helmut Kohl, sur le thème de la réconciliation franco-allemande… Et par une nouvelle charge menée en grande partie par des députés allemands pour réclamer, le 5 juillet, la fermeture du siège de Strasbourg. On ne pourrait trouver symboles plus contradictoires. Il s'est aussi trouvé à la manœuvre le Britannique Ashley Fox qui s'était déjà illustré il y a quatre ans (quelque 483 députés s'étaient alors prononcés contre Strasbourg). Etrange, vu que son pays ne sera bientôt plus concerné. Or c'est justement le Brexit qui, cette fois, a donné de l'eau au moulin des anti-Strasbourg. Car l'Agence européenne du médicament va devoir quitter son siège de Londres. Une occasion rêvée pour "meubler" les allées du bâtiment Louise-Weiss en cas de départ des députés. Ashley Fox a déroulé les arguments bien connus sur les inconvénients du doublon et de la "transhumance" des députés : "En 1957, Strasbourg était un symbole de paix et de réconciliation. Mais maintenant, 70 ans après, c'est le symbole de tout ce qui ne va pas en Europe (…) Avoir deux parlements génère un gaspillage de 114 millions d'euros par an. Nous émettons 19.000 tonnes de dioxyde de carbone, et nous gaspillons des milliers d'heures…" A cela s'ajoutent des locaux inoccupés aux trois quarts et où les députés ne viennent que quatre jours par mois, lors des plénières (le travail en commission se faisant à Bruxelles). 

Rénover l'hémicyle de Bruxelles :  un coût de 500 millions d'euros

Arguments que les députés français se sont évertués à contrecarrer. "Certains parlent de faire des économies. Je vais vous en proposer : l'hémicycle à Bruxelles tombe en ruine ; le coût des travaux serait de 500 millions d'euros sur quinze ans. Il serait scandaleux de dépenser autant d'argent, alors que nous pouvons accueillir le Parlement ici à Strasbourg", a ainsi fait valoir la députée alsacienne Anne Sander (PPE), dénonçant au passage des discussions "de marchands de tapis" au sujet des différents déménagements envisagés. S'il ne doit en rester qu'un, ce sera Strasbourg, comme le prévoient les traités, ont plaidé les députés français. Or le changement du siège impose de modifier les traités, ce qui nécessite un accord unanime des Etats et, donc, de la France.
Hasard du calendrier, ce 5 juillet, était justement inauguré un nouveau bâtiment du Parlement à Strasbourg, portant le nom de l'ancien dirigeant tchèque Vaclav Havel. L'occasion pour la nouvelle ministre des Affaires étrangères Nathalie Loiseau d'entrer dans ce débat houleux en défendant la capitale alsacienne. "La France est fermement attachée à la dimension européenne de Strasbourg et à l'accueil du siège du Parlement européen, dans le plein respect des traités", a-t-elle martelé. En début d'année, la France a justement lancé une procédure contre le Parlement pour avoir voté le dernier budget à Bruxelles au lieu de Strasbourg. La ministre a aussi défendu le "choix d'une Europe polycentrique, alors que la construction européenne est ressentie comme trop lointaine, trop bureaucratique". S'agissant de l'Agence européenne du médicament, la France a proposé qu'elle s'installe à Lille. Les Etats doivent se prononcer sur le sujet en octobre. La reculade de la France vis-à-vis de l'Allemagne concernant la règlementation sur les perturbateurs endocriniens pourrait bien valoir une concession.
 

 

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