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Petite enfance - "L'école maternelle, c'est 3 ans" : Nadine Morano enfonce le clou sur les jardins d'éveil

"L'école maternelle, c'est 3 ans", a déclaré dimanche 21 décembre la secrétaire d'Etat chargée de la Famille, Nadine Morano. "La maternelle n'existe pas pour les 2 ans, il y a des tolérances qui existent dans certaines régions", mais en fait "dans très peu de secteurs", a-t-elle estimé au Grand Jury RTL/Le Figaro/LCI.
En milieu rural, "il y deux départements qui souhaitent expérimenter les jardins d'éveil, je pense à la Mayenne et au Rhône", a-t-elle poursuivi confirmant avoir "à l'étude" un dispositif qui consisterait à abriter ces structures dans des écoles disposant de locaux pour les accueillir. Dans ce schéma, "on fait garder les enfants par du personnel formé petite enfance, parce qu'un enfant de 2 ans, c'est encore un bébé et que la quasi-totalité des rapports faits par des pédo-psychologues démontrent que la scolarité des enfants de 2 ans n'est pas bonne", a-t-elle expliqué. "Nous sommes en train de travailler sur un dispositif de financement croisé par la CAF (Caisse d'allocations familiales), les communes et les communautés de communes, mais aussi les parents en fonction de leurs revenus", a précisé la secrétaire d'Etat, qui souhaite en outre "associer les entreprises pour qu'elles financent, comme elles le font pour les crèches d'entreprise, des places de berceau".
Nadine Morano s'était déjà déclarée début novembre favorable aux conclusions du rapport sénatorial sur "la scolarisation des jeunes enfants" qui préconisait le développement des jardins d'éveil pour les enfants de 2 à 3 ans. Cette idée figurait d'ailleurs déjà dans le rapport Tabarot de juillet dernier sur "le développement de l'offre d'accueil de la petite enfance". Depuis, donc, les choses semblent se préciser. Certes, la secrétaire d'Etat affirmait par exemple fin novembre lors d'une table-ronde organisée dans le cadre du Congrès des maires qu'il ne s'agit pour l'heure que de "pistes de travail" qui seront abordées avec les CAF, l'AMF... Sa conseillère chargée de la stratégie et de la prospective assurait elle aussi qu'il ne s'agit pas de "mettre des jardins d'éveil partout", qu'il n'y aura "pas d'obligation" pour les collectivités et que le dispositif sera "de toute façon progressif", après expérimentation.
Pour Nadine Morano, qui en fait évidemment un élément parmi d'autres de parvenir à "développer entre 200.000 et 400.000 offres de garde supplémentaires" pour les 0-3 ans, le calcul est simple : une place de crèche coûte en moyenne 13.000 euros par an, tandis que le coût estimé d'une place de jardin d'éveil serait de "4.500 à 5.000 euros". Un financement réparti, donc, entre CAF, collectivités locales et parents. Les premières réactions des élus sont plutôt hostiles. "Ca ressemble étrangement à du transfert de charges", lançait par exemple Patrick Masclet, maire d'Arleux, lors du Congrès des maires. Et l'on sait que du côté Education nationale, la perspective est considérée d'un très mauvais oeil, certains syndicats y voyant carrément un premier pas vers "la suppression de l'école maternelle".  Même Jean-Louis Deroussen, président du conseil d'administration de la Cnaf, semble peu enthousiaste. "La déscolarisation des 2-3 ans représentera une difficulté supplémentaire" pour les CAF, reconnaissait-il fin novembre. S'il se dit partant pour "explorer, voir ce que l'on peut faire"... il faudra d'abord, souligne-t-il, "bien évaluer" les expérimentations, "sortir de la caricature" de part et d'autres et "ne pas se couper totalement de la possibilité d'accueil par l'école avant 3 ans". Le débat ne fait donc que commencer.

 

C.Mallet

 

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