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ESS - L'économie sociale et solidaire doit et peut attirer les jeunes salariés

Des résultats "plutôt encourageants" et des dynamiques à venir "positives", tels sont les principaux enseignements d'un rapport d'étude sur l'emploi des jeunes dans l'économie sociale et solidaire (ESS), édité en juin 2013 par le Conseil national des chambres régionales de l'économie sociale (CNCRES) et mis en ligne en septembre. Ce rapport est, selon ses auteurs, destiné à parfaire la connaissance sur une population sous-représentée dans un domaine où plus de 600.000 départs à la retraite d'ici 2020 vont entraîner un besoin de renouvellement des équipes.

Les associations emploient 77% des salariés de l'ESS

La première partie de l'étude dresse un état des lieux statistique. Il en ressort qu'en 2010, 435.490 jeunes (soit 8,6% de l'ensemble des salariés de moins de 30 ans), travaillent dans l'ESS. Les moins de 30 ans représentent 18,6% des salariés de l'ESS, c'est plus que dans le public (15,1%), mais moins que dans le privé hors ESS (25,4%).
En 2010 toujours, 38% des salariés de moins de 30 ans de l'ESS travaillent dans l'action sociale, puis viennent les activités financières et d'assurance (12%), l'enseignement (9%), le soutien aux entreprises (7%), la santé humaine (7%) et le sport et les loisirs (6%). Quatre secteurs d'activité attirent particulièrement les jeunes vers l'ESS : un jeune sur trois travaillant dans la banque/assurance ou dans les arts et spectacles exerce dans une structure de l'ESS ; ce chiffre monte à deux jeunes sur trois dans l'action sociale ou dans le sport et les loisirs. Leurs employeurs sont des associations (77%), puis des coopératives (15%), des fondations (3%) ou des mutuelles (5%).

Des salariés peu diplômés et peu payés

Côté diplômes, plus d'un tiers des salariés de moins de 25 ans travaillant dans l'ESS sont peu ou pas qualifiés. Ces jeunes peu ou pas qualifiés se concentrent dans les associations, notamment dans l'action sociale. On note par ailleurs une très faible présence de l'ESS chez les jeunes cadres (10% seulement d'entre eux travaillent dans une structure de l'ESS), mais aussi chez les employés qualifiés (15%), les ouvriers non qualifiés du tri et de l'emballage et les nettoyeurs (10%). Chez les cadres, précise l'étude, "un problème de renouvellement des générations va se poser. Il y a donc un enjeu à attirer les jeunes pouvant monter en compétences sur ces métiers vers les structures de l'ESS".
Pour ce qui est des conditions d'exercice, si les secteurs de la santé humaine (70%), de l'enseignement (68%) et de l'action sociale (54%) proposent majoritairement des CDI aux salariés de moins de 30 ans, ceux-ci occupent moins de contrats en CDI dans l'ESS que dans le privé hors ESS. Comme dans le reste du secteur privé, les jeunes sont surreprésentés dans les contrats précaires, "même si l'on peut noter une nette évolution du nombre de CDI entre les moins de 25 ans et les 25- 29 ans", ajoute l'étude. Quant au salaire moyen perçu par les jeunes, il est inférieur dans l'ESS par rapport au reste du privé et au public. L'écart se creusant après le premier contrat, dans la tranche d'âge 25-29 ans, où le privé hors ESS dépasse largement l'ESS et le public. Le salaire moyen le plus faible se trouve dans les associations (1.695 euros).

Les jeunes attirés par les valeurs de l'ESS, moins par ses entreprises

La deuxième partie de l'étude restitue les résultats d'une enquête en ligne menée auprès des employeurs de l'ESS de février à avril 2013. Si, pour 47,2% d'entre eux, les jeunes sont plus sensibles aux valeurs de l'ESS, seulement 31,8% estiment qu'ils connaissent les entreprises et les métiers de l'ESS. "Il y a ainsi une relation entre des valeurs et un modèle socio-économique d'entreprise qui ne se fait pas", pointe l'étude.
Côté recrutement, la dynamique à l'oeuvre actuellement semble positive : 85% des répondants affirment avoir recruté un jeune de moins de 30 ans lors des cinq dernières années. En ce qui concerne la typologie des postes proposés, on distingue, d'un côté, un groupe composé de fonctions opérationnelles (animation, formation pour 25,1%) et de fonctions supports généralistes (secrétariat, administration, à hauteur de 14.3%), de l'autre, des fonctions plus transversales de gestion de projet (13%). En revanche, les jeunes recrutés occupent peu de fonctions supports spécifiques (communication/marketing pour 4,7%, informatique pour 1,9%, ressources humaines pour 1%).

L'ESS plébiscite les emplois aidés

Pour les employeurs toujours, le contrat aidé offre une bonne porte d'entrée pour les jeunes dans l'entreprise de l'ESS : plus de 23% des recruteurs ont embauché un jeune grâce à un tel dispositif. 82% des employeurs de l'ESS interrogés affirment en outre connaître les Emplois d'avenir. Parmi eux, un tiers se dit prêt à recruter des jeunes sous cette forme. Par ailleurs, l'étude note chez les employeurs de l'ESS une anticipation sur les contrats de génération : "De nombreuses structures (comme les mutuelles par exemple) réalisent déjà un tel accompagnement lors du recrutement d'un jeune : le dispositif viendra alors reconnaître ces pratiques tout en apportant une aide financière complémentaire."
Globalement, une bonne dynamique est à prévoir pour les cinq ans à venir dans le secteur. Plus de 43% des structures vont libérer ou créer des postes et un peu plus du quart va maintenir les effectifs, tandis qu'un peu moins d'un quart est dans l'incertitude. Parmi les motifs encourageants : un regain d'activité est attendu pour une partie des structures de l'ESS avec la réforme des temps scolaires qui devrait entraîner 340.000 embauches dans le secteur de l'animation, du sport, de la culture…
Enfin, l'étude conclut sur la façon dont les employeurs pourront concrétiser ces projections et attirer les jeunes vers leurs métiers à travers trois notions-clés : attractivité, acculturation et fidélisation, et amélioration des pratiques de recrutement.

 

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