Les acteurs de l’aéronautique face à la pénurie de compétences
À l’occasion du Salon international de l’aéronautique et de l’espace du Bourget, France Travail veut braquer les projecteurs sur un secteur qui connaît un fort potentiel de développement mais pour lequel les entreprises peinent souvent à recruter les compétences qu’elles convoitent.

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En 2024, rappelle France Travail, 25.525 embauches ont été réalisées par les entreprises du secteur de l’aéronautique et du spatial, dont 72% en CDI. Une performance qui replace d’ailleurs la filière à son niveau d’avant la crise sanitaire. En 2025, le secteur s’attend clairement à une poursuite de cette dynamique au point que le Gifas (Groupement des industries françaises aéronautique et spatiales) anticipe d’ores et déjà 25.000 nouveaux recrutements, notamment dans les régions Île-de-France et Nouvelle-Aquitaine. Un tableau qui serait idyllique si la pénurie de candidats, a fortiori dans les métiers de production, d’ingénierie ou encore d’écoconception, n’était pas aussi criante. C’est le constat que dresse notamment France Travail qui souligne également la faible part des femmes dans les recrutements enregistrés en 2024 (27%). En parallèle, le secteur doit également porter son attention sur les jeunes avec en ligne de mire la question du renouvellement des générations, même si 6.000 embauches de jeunes sont attendues en 2025.
L’enjeu, confirme France Travail, qui renforce pour l’occasion sa présence sur le salon du Bourget, c’est l’accompagnement de la montée en compétences des jeunes diplômés, comme des demandeurs d’emplois non expérimentés. En 2024, souligne l'opérateur, 27.000 personnes ont été formées aux métiers de la filière et plus de 500 ont bénéficié de dispositifs d’insertion professionnelle ou encore de méthodes de recrutement par simulation. Au Bourget, France Travail mobilise cette année une centaine de conseillers des régions Île-de-France, Occitanie et Normandie à travers plusieurs dispositifs comme "L’aéro recrute" pour lequel plus de 200 offres sont disponibles, ou encore "Femmes de l’aéronautique et du spatial". Sur cette édition, le service public de l’emploi travaille également sur la question de l’insertion des personnes en situation de handicap avec "Hanvol handicap et emploi" ainsi qu’avec une initiative qui va permettre à 80 demandeurs d’emplois venant de Normandie - accompagnés par 20 conseillers France Travail - d’être accueillis par la quarantaine d’entreprises regroupées sur le stand de la filière Normandie AéroEspace (NAE), l’un de plus importants stands régionaux du salon.
2.000 jeunes Normands invités par la filière NAE
NAE prévoit de son côté d’accueillir vendredi 20 juin près de 2.000 jeunes de la région Normandie acheminés en car depuis les cinq départements normands afin qu’ils découvrent l’éventail des métiers que proposent les entreprises du secteur. NAE anticipe d’ailleurs plus de 2.000 postes à pourvoir en 2025 et 2.200 à partir de 2026 jusqu’en 2030. Pour son président, Philippe Eudeline, les entreprises du secteur "ont besoin de recrutements constants et pérennes, c’est pour cela que nous accueillons ces jeunes pour qu’ils prennent conscience de la diversité des métiers que nous proposons". Certes, les commandes et les financements sont là, mais demain, prévient le dirigeant "il faudra des gens devant ces nouvelles machines !" Demeure donc en suspens la question de la disponibilité des ressources humaines : si le phénomène est national, il prend en Normandie une coloration particulière, explique Philippe Eudeline, du fait, notamment, de la concurrence du secteur du nucléaire qui aspire les compétences dans des métiers techniques comme celui de soudeur, ou encore dans le domaine de l’ingénierie.
De son côté, la région Île-de-France, qui revendique 140.000 emplois dans le domaine aéronautique et spatial sur son territoire, annonce, en partenariat avec France Travail, la mise en place d’un dispositif visant à former 1.150 professionnels, des jeunes lycéens aux salariés en reconversion, aux métiers de la filière.