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Urbanisme - Les agences d'urbanisme nouent des alliances stratégiques

La Fédération nationale des agences d'urbanisme (Fnau) a dévoilé, le 23 juin, le programme de la prochaine rencontre nationale qui aura lieu en octobre prochain à Lyon. L'occasion aussi de faire le point sur les actualités et dynamiques en cours au sein de ce réseau en pleine ébullition à l'approche de la constitution des grandes régions.

L'an dernier, le "bien commun territorial" était à l'honneur de la 35e rencontre nationale des agences d'urbanisme. Un concept à la mode qui avait conduit les participants à s'interroger sur ce que sont ces biens mis en commun dans la ville, donc sur les notions de partage et d'urbanisme participatif. C'est dans le prolongement de ces questions que s'inscrit la 36e rencontre organisée à Lyon, du 19 au 21 octobre prochain. 
On y réfléchira à l'articulation entre les attentes de l'individu, ses choix, ses pratiques et la fabrique de la ville. L'attachement des habitants aux espaces, parfois ordinaires, mais où ils ont vécu, fera ainsi l'objet d'un atelier, au même titre que le renouvellement des formes de participation citoyenne. Des formes plus digitales qu'avant, et toujours en quête de participants mais – la question vaut la peine d'être posée – dans quel but et "pour quoi faire ?".
A noter, la place des étudiants dans la ville et celle des professionnels de santé, seront interrogées.
A l'approche de la COP 21 de décembre 2015, les vulnérabilités sociales, énergétiques et les actions visant à maîtriser ou préserver les ressources, s'invitent aussi au programme de cet événement qui attend 800 participants. Piloté par la fédération nationale des agences d'urbanisme (Fnau) et celle de l'agglomération lyonnaise, UrbaLyon, il se tiendra - symbole de renouveau - sur des sites que Michel Le Faou, à la tête de l'agence lyonnaise, estime "emblématiques" : par exemple l'ancienne prison Saint-Paul transformée en campus après trois ans de travaux et qui ouvrira ses portes pour cette rentrée.

Fini le temps où chacune travaillait dans son coin

Un programme anglé sur l'individu - et diversifié donc - à l'image de la dynamique de fond qui anime les 52 structures associatives que sont les agences d'urbanisme. Des agences qui s'ouvrent aujourd'hui tous azimuts et que l'on sent en pleine ébullition. Fini le temps où chacune travaillait dans son coin et se concentrait sur l'aménagement et l'avenir d'une ville ou d'une agglomération. Pour Jean Rottner, maire de Mulhouse et président de la Fnau, "le fait urbain reste au centre des préoccupations mais après avoir évolué en fonction des vagues successives de décentralisation, les agences s'adaptent aujourd'hui aux nouvelles réalités territoriales et pour garder une longueur d'avance, réinterrogent l'exercice de leurs missions et leurs manières d'appréhender l'action publique".
La loi Maptam, le projet de loi relatif à la nouvelle organisation territoriale de la République (Notr), et même la loi Alur ont - ou vont - enclencher des mutations dans leur périmètre d'étude, d'observation et sur leur force de frappe. "Les agences d'urbanisme ont toujours eu un temps d'avance, il faut qu'elles le conservent et anticipent. Ce sont par exemple les premières à s'être emparées de nouveaux outils numériques - leurs sources et données font depuis leur force - et à avoir recruté des géomaticiens pour exploiter ces données", indique Robert Herrmann, adjoint au maire de Strasbourg et président de l'agence d'urbanisme de l'agglomération strasbourgeoise (Adeus).

Faire poids au niveau régional

Outre des alliances classiques, entre agence et école d'ingénieurs par exemple à Lyon (avec l'ENTPE), des rapprochements s'opèrent entre la Fnau et des associations d'élus intercommunaux (Assemblée des communautés de France / ADCF) et régionaux (Association des régions de France / ARF). Face aux lames de fond de la métropolisation et de la régionalisation, les agences entendent faire reconnaître leurs compétences sur des territoires plus étendus et se serrent pour cela les coudes.
Pour ne pas tomber dans le creux de la vague, elles mettent en avant leur singularité, leur valeur ajoutée, voire parfois leur "légère dose d'impertinence" ou leur faculté de ne pas toujours se "fondre dans le moule". Elles ont conscience que leur art de croiser les approches et leur ingénierie d'intervention à des échelles différentes constituent un atout dans le futur échiquier des nouvelles régions-jeunes métropoles.
Sur l'axe de la vallée de la Seine, six d'entre elles ont déjà signé une charte de coopération, avec programme collectif pluriannuel de travail à la clé. Même dynamique de travail en réseau sur l'arc méditerranéen, où sept agences d'urbanisme regroupent leurs forces, stimulées par l'émergence de grands projets.

L'Etat inciterait à la mise en réseau des agences

Les agences de Clermont-Ferrand, Grenoble, Saint-Etienne et Lyon posent aussi les bases d'un élargissement afin de proposer une offre de services à la nouvelle région et à l'ensemble de ses territoires. Les quatre ne suffiront probablement pas, une cinquième agence est envisagée sur le sillon alpin, à l'initiative des élus de Chambéry et avec l'appui de la Fnau, en dialogue sur le sujet avec l'Etat.
A travers une note technique du ministère du Logement, de l'Egalité des territoires et de la Ruralité mise en ligne fin mai (voir notre article dans l'édition du 29 mai 2015), ce dernier a en effet fait part de sa volonté de faciliter la mise en réseau des agences "aux échelles métropolitaines, régionales ou interrégionales", avec une aide éventuellement apportée aux nouvelles créées - ce qui semble pour l'heure rester un vœu pieu.
Partenariats entre régions et regroupements d'agences sont donc en vue, du moins là où il y en a (il y a par exemple peu d'agences dans le Grand Ouest). Biodiversité et stratégies climat-air-énergie (à travers leur suivi des trames vertes et bleues et des SRCAE), compétences sur les champs de la mobilité électrique, de l'agriculture, du développement économique, de la politique logement (via leurs observatoires de loyers, celui d'Adeus par exemple ici), fine connaissance des plans locaux d'urbanisme intercommunal (PLUi), font partie des outils qu'elles maîtrisent et qui intéressent les territoires élargis.

 

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