Les agglomérations de Nîmes et d'Alès s'accordent sur un projet commun

L'initiative n'est pas courante. Les deux agglomérations se touchent, certes, mais Nîmes, capitale départementale, compte près de 138.000 habitants, tandis qu'Alès n'en a que 41.000. Or, quand on interroge le directeur des services techniques de Nîmes Métropole et le directeur général des services d'Alès qui suivent conjointement le dossier, on entend le même discours : une commune n'écrase pas l'autre et les deux agglomérations profitent à égalité de leur association. Les deux fonctionnaires sont également d'accord pour dire que le concept a été proposé par la haute administration aux élus de Nîmes et d'Alès.
A l'origine, en 2005, il s'agissait de répondre à un appel à projet de la Datar, sur l'organisation de métropoles régionales capables d'avoir une réelle présence européenne. Un axe de deux millions d'habitants pouvait se constituer sur la basse vallée du Rhône et la Méditerranée, d'Alès à Montpellier, en passant par Avignon, Nîmes, Arles et Sète. Comme il n'est pas facile de mettre tout le monde d'accord, Jean-Paul Fournier, maire de Nîmes, et Max Roustan, maire d'Alès, ont décidé d'avancer à deux. Cette collaboration a abouti en mars 2007 à la création officielle de l'Association pour l'émergence d'un projet commun des agglomérations d'Alès et de Nîmes.
Dès le mois de juin suivant, un premier rapport d'étape est paru, détaillant une quinzaine de chantiers communs aux deux agglomérations. Le premier d'entre eux est significatif de l'esprit de la démarche : Alès n'a pas d'agence d'urbanisme, alors que les deux agglomérations se touchent et donc aussi les deux Scot. L'agence nîmoise s'est transformée en agence d'urbanisme et de développement des régions nîmoise et alésienne, et accueille depuis sa création le siège social de l'Association pour l'émergence du projet créée en 2007.
Chemin faisant, les deux villes ont constaté que leurs politiques de santé étaient liées ; de même pour la prévention des risques majeurs, car lorsque Nîmes est inondée, l'eau vient d'Alès. De même, un ancien contentieux entre les deux villes empêchait la construction d'un viaduc à Nîmes permettant de réduire de huit minutes le trajet ferroviaire d'une commune à l'autre. La difficulté est maintenant levée, évidemment. La circulation automobile d'un bassin d'emploi à l'autre est quotidiennement saturée. L'avant-projet prévoit donc le développement de transports en commun entre les deux agglomérations, incluant les communes intermédiaires et associant le réseau TER. Dans les domaines du tourisme, de la culture, du commerce, des maisons de l'emploi, de la connaissance économique du territoire, de l'environnement ou du cadre de vie, les projets sont également prêts à démarrer, les problématiques analysées, les pistes d'actions imaginées.
Seize groupes de travail vont désormais se mettre en place pour élaborer les plans d'action dans chacun de leur domaine. Ils seront systématiquement animés par un tandem d'élus de Nîmes et d'Alès, et intégreront tous les partenaires concernés. Les deux agglomérations se sont donné jusqu'à fin 2008 pour terminer cette phase d'étude.

Jean-Luc Varin, pour la rubrique Expériences des sites Mairie-conseils et Localtis