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Elections - Les attentats de Paris bouleversent les régionales

Après le choc des attentats, la campagne des régionales est entre parenthèses à trois semaines du premier tour, et l'ampleur du drame balaie risque d'en rendre les enjeux moins lisibles encore.
Les élections se dérouleront bien aux dates prévues, les 6 et 13 décembre. François Hollande l'a confirmé lundi devant le Congrès, martelant que "les rythmes de notre démocratie ne sont pas soumis au chantage des terroristes". Tout se passe donc comme si le maintien de l'élection, qui n'intéressait guère les Français, devenait aujourd'hui un acte de résistance. Sans que l'on sache qu'elle sera l'influence des attentats sur les électeurs et sur l'issue du scrutin.
"Le logiciel n'est plus le même. On n'est plus tout à fait dans la même France qu'il y a trois jours", relève Emmanuel Rivière, directeur stratégie opinion à TNS-Sofres. Lors des attentats de janvier, des symboles avaient été attaqués. "Là, ce n'est plus la République ou les valeurs qui sont attaquées, mais la population. On passe de 'Nous sommes Charlie' à 'Nous sommes la France'", analyse de même Jérôme Fourquet du département opinion de l'Ifop, pour qui "on change de registre et de réaction".
Seule certitude pour les spécialistes, le contexte national pèsera lourdement sur le scrutin. "A la veille des régionales, on sera encore dans les développements de cette affaire", souligne Jérôme Fourquet, selon qui "il est trop tôt pour savoir si l'on va vers un sursaut civique" qui se traduirait par une plus forte participation. Mais tous restent prudents et préfèrent ne pas en dire beaucoup plus, entre une gauche qui pourrait être portée par l'omniprésence actuelle de l'exécutif et sa gestion des événement, un Front national qui "ne devrait pas pâtir, bien au contraire, de cette séquence", et Les
Républicains qui espèrent toujours emporter une majorité de régions s'ils parviennent à naviguer entre critique de la majorité et nécessaire soutien à l'exécutif.

"Comment on reprend ?"

Côté campagne, après trois jours de deuil national en hommage aux 129 victimes, la reprise s'annonce très progressive et peu de meetings se tiendront avant le début lundi de la campagne officielle.
Les deux premiers rassemblements auxquels Manuel Valls devait participer jeudi et vendredi pour soutenir des listes PS ont été annulés, et aucune décision n'a encore été prise pour les suivants. Au siège du PS, on précise qu'il n'est pas envisagé de reprendre la campagne avant lundi.
Même chose chez Les Républicains, où l'on indique que la reprise se fera "progressivement, après la période de deuil national". La présidente du FN, Marine Le Pen, entend elle-même reprendre "progressivement" sa campagne et ses meetings programmés ces prochains jours sont annulés. Le grand rassemblement des écologistes d'EELV prévu mardi à Paris a été transformé en une soirée "d'hommage et de réflexion sur les événements du 13 novembre". Même retenue au Parti communiste, dont la campagne devrait reprendre "plutôt le week-end prochain".
Sur le terrain, les candidats sont souvent désorientés. "Vu l'ampleur du choc causé vendredi soir, il y a un effet de souffle qui va tout balayer et recouvrir les enjeux locaux et régionaux", note Jérôme Fourquet. L'état d'urgence en vigueur devrait par ailleurs entraîner un renforcement de la sécurité de milliers de bureaux de vote le jour du scrutin et dramatiser encore l'élection.
"Comment on reprend ? Nous avons y compris un souci matériel, tous les documents ont déjà été faits et sont complètement décalés", constate Eric Coquerel du Parti de Gauche. Les photos des candidats tout sourire sur les affiches et les tracts ne collent plus guère à la situation.

 

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