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Associations - Les bénévoles associatifs plus nombreux mais plus volages

Le bénévolat en France augmente mais il est marqué par une moindre régularité. Tel est le principal enseignement de la onzième étude sur "la France bénévole", portant sur la période 2010-2013, que vient de publier le réseau d'experts Recherche et solidarité.
Le nombre de Français bénévoles associatifs en France est passé de 11,5 millions à 12,5 millions, entre 2010 et 2013, mais ceux qui interviennent de façon régulière, sur un mode hebdomadaire, ne sont plus que 5,5 millions, contre 6,3 millions en 2010. Qui sont ces bénévoles ? Pour 24% d'entre eux, ils ont entre 35 et 49 ans ; les plus de 70 ans représentent 21% de l'ensemble ; et les 17-24 ans 8%. En revanche, quand on regarde la proportion de ceux qui interviennent de façon hebdomadaire, les plus de 70 ans font la course en tête, avec 31%, devant les 60-69 ans (20%). "C'est peut-être une nouvelle préoccupante, si l'on prend en compte la pyramide des âges des bénévoles les plus actifs, au sein du secteur associatif", commente l'étude. Tous âges confondus, ceux qui interviennent quelques heures chaque semaine sont proportionnellement moins nombreux, avec un recul de 2,2 points (8,4% en 2010, contre 6,2% en 2013). Le noyau dur de ceux qui interviennent au moins une journée chaque semaine est resté stable (4,1% en 2010, contre 4,3% en 2013). Sur le terrain, ce manque de régularité dans l'engagement est très largement ressenti. Ainsi, 92% des bénévoles interrogés sont d'accord avec l'affirmation selon laquelle "de plus en plus de bénévoles préfèrent agir de manière ponctuelle en fonction de leurs disponibilités", tandis que 63% approuvent l'expression "les bénévoles sur lesquels l'association peut vraiment compter sont de moins en moins nombreux".
Si cette érosion de la régularité dans l'engagement associatif pose problème aux associations, elle peut être source de satisfaction chez les bénévoles. Près de 70% d'entre eux estiment en effet avoir aujourd'hui plus de satisfactions qu'au cours des années antérieures. Parmi les motifs de satisfaction, se sentir "plus utile dans un contexte de plus en plus difficile" arrive en tête (67%). Côté insatisfaction, c'est le fait d'être "de moins en moins nombreux dans l'équipe" qui arrive en premier (51%).

Les bénévoles "moins bien entendus" par les conseils régionaux

Autre enseignement intéressant de l'enquête de Recherche et solidarité : la place des bénévoles dans la société, et particulièrement leur sentiment d'être ou non entendus par les institutions. Il est ici frappant de noter que plus la distance physique ou symbolique est grande avec une personne ou une institution, plus le sentiment de ne pas être entendu est grand. Les bénévoles ont ainsi le sentiment d'être "bien entendus" ou "à peu près entendus" à plus de 90% par les dirigeants de leur association, les autres bénévoles de l'association, mais aussi ses salariés et ses adhérents. En revanche, le sentiment de n'être "pas entendus" grandit lorsqu'on aborde les relations avec les institutions. Ce sentiment est présent vis-à-vis des interlocuteurs au conseil régional (44%) ou dans les services déconcentrés de l'Etat (43%). Il s'amoindrit toutefois au fur et à mesure que le territoire se resserre. Si les interlocuteurs au sein du conseil général et de l'intercommunalité donnent, respectivement, le sentiment de n'être "pas entendus" à 36% et 34% des bénévoles, cette proportion chute à 24% lorsqu'il s'agit des interlocuteurs en mairie. Il est à noter que, parmi les bénévoles, ceux qui sont membres du bureau de leur association se sentent, dans tous les cas de figure, "entendus" par leurs interlocuteurs dans des proportions plus importantes que ceux qui n'exercent aucune responsabilité. Au-delà de leurs interlocuteurs, les bénévoles ne se jugent "bien considérés" par le gouvernement et le Parlement qu'à hauteur de 13%, une proportion qui monte à 40% pour les journalistes et à 52% pour le public en général.
Plus globalement, à la question "vous sentez-vous encouragés dans vos actions bénévoles ?", les bénévoles se répartissent en deux groupes distincts : une large majorité (65%) se dit aujourd'hui encouragée, et une minorité (34%) affirme le contraire. Ici, il faut noter une différence selon les secteurs : si la proportion de ceux qui se sentent encouragés est au plus haut dans le secteur du sport, dans celui de la défense des droits et dans les loisirs, elle diminue dans la santé, la jeunesse et l'éducation populaire, et le secteur social.