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Audiovisuel - Les chaînes de télévision locale de plus en plus fragiles avec le recul des financements publics

Comme chaque année, le rapport d'activité du CSA (Conseil supérieur de l'audiovisuel) consacre plusieurs passages à la situation des télévisions locales. Cette édition 2017 confirme les conclusions de l'édition 2016 (voir notre article ci-dessous du 22 juin 2017), qui s'inscrivait elle-même dans le prolongement des fermetures de chaînes locales intervenues dans les années précédentes (voir nos articles ci-dessous du 2 juin 2015 et du 8 septembre 2014) : dans l'ensemble, les chaînes locales peinent toujours à trouver un modèle économique viable, restent largement dépendantes de financements publics qui tendent toutefois à se contracter et placent donc ces chaînes dans une situation très fragile.

Un nombre de télévisions locales quasiment stable

En 2017, le CSA a lancé, en métropole, six appels à candidatures pour l'édition de chaînes à vocation locale diffusées en clair par voie hertzienne terrestre en haute définition, soit un de moins qu'en 2016. En outre, deux chaînes à vocation locale ont commencé leurs émissions en 2017, à la suite d'appels à candidatures lancés en 2016 par le CSA dans les zones de Toulouse et de Corte. En Outre-mer, le Conseil a délivré seize autorisations pour des chaînes locales. Il a également signé neuf nouvelles conventions et reçu douze déclarations pour des services diffusés ou distribués sur des réseaux n'utilisant pas des fréquences assignées par le Conseil.
En dépit de ces différentes procédures, le nombre de télévisions locales est demeuré pratiquement inchangé en 2017. Au 31 décembre, 43 services de télévision locale - contre 42 au 1er janvier 2016 - étaient ainsi autorisés à diffuser par voie hertzienne terrestre sur le territoire métropolitain.
Les chaînes locales sont diffusées sur le multiplex R1, qui diffuse également les chaînes nationales. Au 31 décembre 2017, environ 48 millions de téléspectateurs métropolitains (soit 74% de la population de métropole) avaient ainsi la possibilité de recevoir, sur la TNT, au moins une des 43 chaînes locales (quatre chaînes locales ayant également été autorisées à titre temporaire).
A cette date, 588 émetteurs diffusaient 26 chaînes locales sur le multiplex R1, tandis que 67 émetteurs diffusaient 17 chaînes locales sur un multiplex autonome ("simplex" ou multiplex local). Par ailleurs, 533 émetteurs diffusaient un second programme régional de France 3 (13 programmes concernés).

Un budget moyen de 1,8 million d'euros par chaîne locale

Conformément à la loi organique du 15 novembre 2013 relative à l'indépendance de l'audiovisuel public, le CSA a également l'obligation de rendre compte, dans son rapport d'activité, "du développement et des moyens de financement des services de télévision à vocation locale". Le Conseil a donc analysé les comptes sociaux 2016 de 48 services de télévision diffusés par voie hertzienne terrestre (35 services en métropole et 13 outre-mer).
Il en ressort que les ressources moyennes de ces services s'élevaient à 1,8 million d'euros (soit un total de 82,9 millions d'euros pour les 48 services), avec une médiane de 1,1 million d'euros, un maximum de 14,5 millions et un minimum de... 90.000 euros.
Le montant total des produits d'exploitation des chaînes présentes en métropole s'élevait à 49,1 millions d'euros en 2016 contre 53,4 millions en 2015, soit une baisse de 8,1% en un an. Les recettes provenant du secteur privé ont atteint 24,6 millions d'euros en 2016 (la moitié du total), en recul de 9,7% par rapport à 2015 (mais en hausse de 2% par rapport à 2013). Entre 2013 et 2016, la part relative des recettes du secteur privé dans le total des produits d'exploitation est ainsi passée de 45% à 50,1%.

Une baisse des ressources publiques qui "fragilise" le secteur

A l'inverse, et sur cette même période 2013-2016, le montant des recettes issues du secteur public n'a cessé de diminuer, passant de 55% à 49,9% des produite d'exploitation (de 29,4 à 24,5 millions d'euros).
Selon le rapport du CSA, "cette baisse des ressources publiques, notamment perçues sous la forme de COM [contrats d'objectifs et moyens, ndlr] généralement conclus pour une durée de trois à cinq ans, nuit à la visibilité financière des éditeurs de chaînes locales hertziennes métropolitaines et contribue à la fragilisation de leur modèle économique".
Avec un total de charges d'exploitation de 90,7 millions d'euros pour l'année 2016, les chaînes de télévisions locales affichent un déficit cumulé de 7,8 millions d'euros sur l'exercice. Conséquence : "Les fonds propres des éditeurs de chaînes locales hertziennes affichent une situation nette cumulée de -18,4 millions d'euros en 2016. Le financement des chaînes métropolitaines dépend principalement des apports en comptes courants d'associés alors que les chaînes ultramarines s'appuient davantage sur les concours bancaires".