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Sports - Les collectivités médiatrices dans la gestion des supporters de football ?

Impliquer les collectivités territoriales, aux côtés des supporters et des clubs, dans des conventions définissant les droits et devoirs des supporters de football, c’est l’une des propositions du livre vert du supportérisme, remis lundi 25 octobre à Rama Yade, secrétaire d’Etat aux Sports. Ce document, signé de trois sociologues - Nicolas Hourcade (Centrale Lyon), Ludovic Lestrelin (université de Caen Basse-Normandie) et Patrick Mignon (Institut national du sport, de l’expertise et de la performance) -, avait été annoncé par Rama Yade le 28 janvier 2010 en clôture du premier congrès national des associations de supporters de football. Ce congrès visait à réunir supporters, instances sportives et pouvoirs publics afin de construire une "politique préventive de lutte contre les violences", complémentaire des mesures répressives jugées "nécessaires". Le livre vert s’inscrit dans la suite de ce congrès.
Après avoir établi un état des lieux - que les morts violentes durant la saison 2009-2010 de deux supporteurs français, à Belgrade et à Paris, sont venues assombrir -, le texte présente les politiques mises en place dans quatre Etats voisins (Angleterre, Allemagne, Belgique et Italie), puis formule des propositions d’actions pour le développement du volet préventif de la politique de gestion du supportérisme.

Des conventions tripartites locales

Pour ses auteurs, malgré un contexte où elles "manquent de moyens ", les collectivités territoriales "pourraient faire office de médiateur dans les relations entre le club et ses associations de supporters". Elles seraient ainsi parties prenantes – aux côtés des associations de supporters, des instances sportives, des représentants des clubs, des joueurs, des entraîneurs et des arbitres, et des pouvoirs publics – d’une future charte nationale énonçant les droits et devoirs des associations de supporters. Cette charte serait déclinée au niveau de chaque club. Une convention tripartite locale lierait ainsi associations de supporters, club et collectivités territoriales concernées. "L’implication des collectivités territoriales – précise le livre vert - est souhaitable pour plusieurs raisons. Parce qu’elles subventionnent les clubs et mettent généralement un stade municipal à disposition. Parce que le football ne peut pas se penser indépendamment de la collectivité dans laquelle il s’inscrit. Parce qu’elles peuvent servir d’intermédiaire entre le club et ses supporters en cas de conflit. [Les collectivités] peuvent ainsi piloter la rédaction des conventions locales." Chaque convention tripartite serait adaptée aux spécificités locales, tout en s’appuyant sur le cadre commun défini par la charte nationale.

Un élu en charge des supporters

L’implication des collectivités territoriales pourrait encore inclure la désignation d’un élu "identifié comme responsable des questions liées aux supporters". Pour tenir leurs engagements face "à la complexité des problèmes que les responsables associatifs doivent gérer", les clubs de supporters pourraient en outre se voir offrir une aide juridique et administrative par le club, les instances sportives, les collectivités territoriales et les services de l’Etat. Enfin, le livre vert précise que "l’organisation de l’Euro 2016 constitue une opportunité non seulement pour construire ou rénover des stades mais aussi pour dynamiser le football français et donner toute leur place aux supporters". Les collectivités locales, propriétaires de 90% des stades de Ligue 1, seront là encore en première ligne. "Ce livre vert présente des préconisations concrètes et précises. La charte locale me semble particulièrement pertinente", a commenté Rama Yade.
 


Jean Damien Lesay

 

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