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Santé / Social - Les hôpitaux au bord de la crise de nerfs

Dans une démarche très inhabituelle, la FHF (Fédération hospitalière de France), la Fehap (Fédération des établissements hospitaliers et d'aide à la personne, représentant le privé non lucratif) et la FHP (Fédération de l'hospitalisation privée) publient une déclaration commune dans laquelle elles "s'alarment du niveau de contrainte sans précédent pesant sur la campagne budgétaire et tarifaire 2017". Et le 7 mars, plusieurs milliers de salariés des secteurs sanitaire et social manifestaient à Paris pour dénoncer la dégradation de leurs conditions de travail.

De l'équilibre à 800 millions de déficit cumulé

Dans leur déclaration commune, les trois fédérations "appellent les pouvoirs publics à ne pas faire peser sur les établissements des contraintes financières qui seraient insoutenables". Elles appellent ainsi à calibrer l'ensemble des financements pour leur permettre de répondre à la réalité de l'activité et des besoins (tarifs tout comme enveloppes finançant les missions d'intérêt général) et à ne pas céder à "une politique de mise en réserve déraisonnable des crédits pourtant votés par la représentation nationale lors des débats sur l'Ondam" (objectif national des dépenses d'assurance maladie).
Dans une interview au quotidien Les Echos du 6 mars, Frédéric Valletoux, le président de la FHF - et maire (Les Républicains) de Fontainebleau et conseiller régional d'Ile-de-France - estime que le déficit cumulé des hôpitaux publics devrait se situer entre 700 et 800 millions d'euros pour l'année 2016, soit un doublement par rapport à l'année précédente. Alors que les hôpitaux étaient à l'équilibre en 2012 (+30 millions d'euros d'excédent cumulé), leurs résultats d'ensemble n'ont cessé de se dégrader depuis lors, selon les chiffres de la FHF : -101 millions d'euros de déficit cumulé en 2013, -247 millions en 2014 et -400 millions en 2015.
Frédéric Valletoux rappelle au passage que l'augmentation du point d'indice représente un coût de 700 millions d'euros et le "protocole Lebranchu" de 2015 (protocole PPCR : parcours professionnels, carrières et rémunérations) - au demeurant soutenu à l'époque par la FHF - un coût de 1,7 milliard d'euros.

Un déficit d'investissement de deux milliards d'euros

Le président de la FHF pointe surtout du doigt les effets du plan de redressement des comptes de l'assurance maladie. Ce dernier monte en effet progressivement en puissance. Si l'Ondam 2017 est fixé à 2% pour les dépenses hospitalières - donc supérieur à l'inflation prévisionnelle -, les économies réalisées ou attendues progressent également de façon soutenue. Les économies sur les dépenses hospitalières se sont ainsi élevées à 577 millions d'euros en 2014, 730 millions en 2015 et 995 millions en 2016. Pour 2017, elles sont attendues à 1,1 milliard d'euros.
Si Frédéric Valletoux ne conteste pas la nécessité des participer au redressement de l'assurance maladie, il estime néanmoins que "nous avons la double peine : les économies sans les réformes structurelles". Il s'inquiète aussi des coupes dans les investissements. Selon lui, le montant de ces derniers tourne autour de 2,5 milliards d'euros par an, alors qu'il en faudrait 4 à 5 milliards. "Alors certes, on ne s'endette plus, mais on ne fait que reporter l'effort nécessaire sur les années à venir, parce qu'il faudra tout de même acquérir du matériel ou rénover des bâtiments." Conclusion du président de la FHF : "Pour les hôpitaux, le bilan de ces cinq dernières années n'est pas flatteur."