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Salon de l'agriculture - Les régions redemandent la gestion des aides directes de la PAC

Alors que le moral des agriculteurs est au plus bas, les présidents de régions étaient présents en force au Salon de l’agriculture cette semaine. Ils ont profité de l’occasion pour réclamer, le 1er mars, lors d’une conférence de presse, la gestion de la totalité des aides agricoles à compter de 2020. Ils rappellent que les régions sont aujourd’hui "les premiers financeurs des aides à l’investissement agricole". Depuis 2014, elles gèrent la quasi-totalité du Fonds européen agricole pour le développement rural (Feader), deuxième pilier de la politique agricole commune (PAC), soit 10,8 milliards d’euros sur la programmation actuelle 2014-2020. "Une avancée significative en termes de clarification et suppression des doublons." Mais "il convient d’aller au bout de la démarche en confiant aux régions la gestion, la certification et le paiement de la totalité des fonds européens agricoles après 2020", insistent-elles, dans un communiqué. Ce qui inclurait le Feaga (Fonds européen agricole pour le développement rural), c’est-à-dire les aides directes aux agriculteurs, aussi appelées "premier pilier de la PAC". Pour la période actuelle, la France bénéficie de 64 milliards d’euros au titre de ce fonds Feaga. Le président des Régions de France, Philippe Richert, par ailleurs président du Grand Est, quatrième région agricole française avec près de 50.000 exploitations sur son sol, veut croire que ce modèle régional a permis à l’Allemagne de devenir "la première en Europe grâce à l’action des Länder". Encore faut-il s'entendre sur les critères de comparaison. L'Allemagne est devant la France pour ses exportations (sachant qu'elle importe aussi beaucoup plus), mais en termes de production, la France demeure la première puissance européenne. Elle représente 18% de la production européenne contre 14% pour l’Allemagne. Celle-ci se distingue surtout dans l’élevage de porc, du fait de ses fermes géantes qui emploient une main d’œuvre bon marché… La France reste par exemple de loin le premier producteur de céréales avec 72 millions de tonnes, soit plus du cinquième de la production européenne, loin devant l’Allemagne, deuxième producteur avec 15% du total, selon le dernier livre statistique d’Eurostat sur l’agriculture.

Un conseil Etat-régions sur l'agriculture

Philippe Richert a aussi profité de l’occasion pour fustiger le gouvernement concernant les retards dans les versements du Feader. Retards imputables aux couacs survenus dans la livraison du logiciel Osiris par l’ASP (l'Agence de services et de paiement). "C’est l’outil de gestion national qui ne fonctionne pas. On ne peut pas continuer de la sorte", a déclaré Philippe Richert, cité par l’association. “La situation est intenable et nous sommes en colère aux côtés des agriculteurs contre cet état de fait”, a renchéri Marie-Guite Dufay, président de la Bourgogne-Franche-Comté. Ces dysfonctionnements ont pénalisé les agriculteurs mais aussi le programme de développement rural Leader. "Cette situation, particulièrement alarmante, a des conséquences, dès aujourd’hui sur la démobilisation massive des acteurs du territoire (privés comme associatifs) et sur l’extrême fragilisation des structures porteuses", avaient alerté l’ANPP et l’AdCF dans un courrier adressé au ministre de l’Agriculture, le 16 décembre. Depuis, la situation semble se débloquer. "Un gros travail a été réalisé entre les régions, l'ASP et l'Etat sur ce sujet informatique, ça avance, même si on n'est pas complètement sorti", confiait-on récemment à Régions de France. Heureusement, des systèmes d'avances ont permis de ne pas trop pénaliser les porteurs de projets.
Cette demande de clarification des compétences s’inscrit dans la plateforme présidentielle adressée par les Régions de France aux candidats à l’élection présidentielle début février. L’association demande également la création d’un Conseil Etat-régions sur l’agriculture, l’alimentation et la forêt. Ce conseil "permettrait de définir les sujets qui présentent un enjeu pour le monde agricole", comme la gestion des aléas climatiques, sanitaires ou de marché qui "nécessitent un dialogue sur l’articulation des niveaux d’interventions".