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Transports et TIC - Les réseaux collectifs carburent aux nouvelles technologies

Bus, tramway et trains régionaux connaissent des évolutions majeures sous l'effet des attentes des usagers, des nouveaux modes de gestion, de la décentralisation mais aussi des TIC. Collectivités et entreprises travaillent ensemble à la modernisation de leurs réseaux de transports urbains.

Comment internet et les SMS sont-ils en passe de rompre le train-train quotidien des transports collectifs ? "Depuis 9 ans qu'existe la mission Ecoter, le sujet des nouvelles technologies au service des transports n'avait encore jamais été abordé !", s'est excusé Patrick Bellin, conseiller technique de la mission Ecoter et animateur de ce premier colloque sur le sujet, le 30 janvier dernier au Sénat. Pour l'occasion, la société Secteur Public a réalisé une enquête quantitative et qualitative auprès des 20 premières agglomérations de France. Principal enseignement, les usages internes des TIC semblent bien intégrés par les sociétés ou régies de transports : systèmes d'informations géographiques (SIG), de vidéosurveillance, logiciels d'aide à la gestion et à la création de ligne, de traitement des demandes clients, de comptabilité, de gestion des effectifs, de gestion des fraudes, et de gestion des flux liés aux travaux sont désormais maîtrisés.

Transports et aménagements urbains

Les véhicules sont d'ores et déjà équipés de systèmes automatisés de géopositionnement (GPS) ou de gestion des feux (67% des réseaux de transports). A Lille Métropole, des "Bornes Vista" indiquent en temps réel l'arrivée des prochains autobus. "Il ne s'agit là que de la partie visible d'un système d'aide à l'exploitation (SAE) qui permet notamment le suivi des indicateurs de qualité tels que les interventions en matière d'agression ou d'incivilité", a expliqué Yves Baesen, ingénieur à la direction des transports collectifs et stationnement de l'agglomération. La métropole lilloise s'est notamment équipée d'un système de vidéosurveillance numérique qui permet le suivi de toutes les stations de métro et de tramway via 1.200 caméras. Un site internet donne l'accès aux horaires de passage, aux itinéraires d'adresse à adresse en intégrant tous les modes de transports par mutualisation des informations avec la région (pour les TER) et la SNCF (pour les grandes lignes nationales). Dans les mois qui viennent, Lille devrait mettre en place un système de priorité aux feux pour optimiser la circulation de ses bus. La métropole réfléchit également à un système de télébillétique au service de l'intermodalité. En effet, l'utilisation d'un système d'information multimodal reste encore assez peu exploitée (20%), révèle l'enquête de Secteur Public. Quelques régions telles que les Pays-de-la-Loire proposent cependant des services très pertinents grâce à la mise en place d'une cellule centrale de mobilité en partenariat avec l'agglomération nantaise. Un moteur de recherche en ligne permet le calcul d'itinéraires associant TER, trains de grande ligne, réseaux de transports départementaux ou des villes, et même l'aéroport. "Il y a cependant un problème culturel en France : les responsables locaux opposent les modes de transports individuels aux modes collectifs pour exclure la voiture. Or, d'autres pays, comme l'Angleterre, proposent des systèmes d'intermodalité incluant l'automobile'", s'est exclamé Jean-Louis Graindorge, directeur de l'association Urba 2000 et coordonnateur du Predim (plate-forme de recherche et d'expérimentation pour le développement de l'information multimodale).

Nouveaux services pour les usagers

Les prestations liées aux renseignements pour le développement des transports en commun sont plus que jamais un enjeu stratégique pour les collectivités territoriales et leurs partenaires. Toutes les agglomérations interrogées dans l'enquête proposent un système d'information des voyageurs (SIV) dont l'offre est en pleine évolution.  100% d'entre elles disposent d'un site internet et de plans de réseau téléchargeables, 80% offrent un dispositif de conseil d'itinéraire en ligne. 60% mettent à disposition des usagers des services d'information en temps réels. 50% ont déployé des systèmes d'information via les téléphones mobiles (SMS). 10% devraient y venir en 2007 et 30%, en plus, d'ici 3 ans.
A Angers, la société de transports Kéolis a mis en place, en novembre dernier, un service d'information par SMS ou e-mail. Le service a connu des pics d'utilisation notamment lors des dernières chutes de neige. La société  compte déjà environ 450 abonnés pour ce service SMS payant. A Nantes, l'agglomération a fait le choix d'un service équivalent mais "sans surcoût pour ne pas pénaliser l'usager", a souligné Eric Chevalier, directeur des transports de Nantes Métropole.
La dématérialisation de la billétique est l'autre problématique majeure de tous les réseaux de transport urbain. Si 70% la propose déjà, il s'agit désormais de développer les cartes à puces (déjà utilisées dans 60% des cas ou des cartes sans contact) et de nouveaux systèmes de télébillétique, tels que le système déployé récemment à Chartres par la société Ineo Systrans. "En matière d'information des voyageurs, comme de développement de la télébillétique, la France est en avance : c'est un marché à maturité, comme l'Allemagne", a conclu, Guillaume Delmas, directeur d'Ineo Systrans. Ce n'est sans doute pas par hasard si cette entreprise française exporte ses solutions à Genève, tout comme Thalès, pour la télébillétique, à Oslo !


Luc Derriano / EVS