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Environnement - Les villes "lumière" s'engagent pour un éclairage durable

Lyon, Glasgow, Eindhoven, Rotterdam, Toulouse, mais aussi Osaka, Shanghaï, Abu Dhabi, Jéricho, Jérusalem, Rabat, Ouagadougou, Montréal, Medellin, Puebla… : 63 villes sur quatre continents sont aujourd'hui membres de Luci (Lighting urban community international), un réseau international rassemblant collectivités et experts pour réfléchir aux bonnes pratiques en matière d'éclairage urbain. Luci, créée en 2002 à l'initiative de la ville de Lyon, entend maintenant franchir une nouvelle étape : à l'occasion de son assemblée générale qui se tient à Chartres du 15 au 19 septembre, trente de ses membres vont signer une "charte de l'éclairage urbain durable". "Il y a dix ans, les villes n'avaient pas pris conscience de l'importance de la lumière. Aujourd'hui, partout dans le monde, les élus reconnaissent son rôle essentiel dans le développement urbain, économique et social, a affirmé Jean-Michel Daclin, maire-adjoint de Lyon et président de Luci, lors de la présentation de la charte. La problématique environnementale a surgi très vite dans nos réflexions à travers les questions de pollution lumineuse et la nécessité de diminuer la consommation d'électricité. Pour définir le contenu de la charte, nous avons donc décidé de lancer une démarche participative qui a duré plus d'un an. Plus de 40 villes ont ainsi apporté leur vision de l'éclairage urbain."

Deux grands types d'engagement

La charte comporte au final deux volets. L'un consiste à intégrer pleinement l'éclairage dans les politiques de développement urbain à travers cinq engagements : "Assurer un accès équitable et gratuit à l'éclairage urbain", "créer un environnement sûr et agréable", "utiliser la lumière pour construire les identités urbaines et culturelles de nos villes", "soutenir une mobilité douce", "renforcer le développement économique local".

Un second volet plus technique concerne l'impact environnemental et écologique de la lumière. Dans le cadre de leur politique d'éclairage, les villes s'engagent à "optimiser la consommation énergétique" en privilégiant les énergies renouvelables plutôt que les énergies fossiles et en recourant à des techniques innovantes en termes de conception de lumière, d'équipements d'éclairage et de systèmes de gestion. Autres impératifs : réduire l'impact environnemental de tous les aspects liés à l'exploitation et à la production de la lumière (prise en compte du cycle de vie complet du matériel d'éclairage, recyclage des produits) et bien prendre en compte les coûts et impacts financiers, humains et matériels de la maintenance, en privilégiant les installations d'éclairage simples à entretenir et d'accès facile pour les techniciens. Les villes doivent aussi être en mesure de contrôler régulièrement la qualité de leur éclairage et ses caractéristiques photométriques.

Le dernier engagement de la charte porte sur la diminution de la pollution lumineuse qui gène les observatoires astronomiques, perturbe les écosystèmes et peut avoir des effets nocifs sur la santé. Les villes doivent ainsi "créer des environnements lumineux confortables et préserver des zones d'obscurité". Pour préserver le ciel nocturne, la charte préconise l'"utilisation de luminaires récents, une conception de lumière soignée et une gestion responsable de l'éclairage urbain". "Le texte a valeur d'engagement, a insisté Jean-Michel Daclin. C'est la raison pour laquelle nous allons faire une évaluation tous les trois ans pour contrôler l'avancement des choses."

Des villes déjà très en pointe

De nombreuses villes ont déjà mis en pratique les principes de la charte. Rotterdam, par exemple, a remplacé sur ses principaux axes routiers 150 km d'éclairage orange par des lampes blanches, soit 8.000 luminaires au total, et diminué de 50% l'éclairage pendant les heures calmes, de 23h à 5h du matin. Résultat : une amélioration de la sécurité grâce à un spectre de lumière plus grand et une intensité plus agréable, une réduction de la consommation d'énergie (2,1 millions de kW/h, soit l'équivalent de la consommation annuelle de 600 foyers) et une augmentation de la durée de vie des lampes.

A Lyon, l'illumination du lycée Saint-Just sur la colline de Fourvière a aussi été entièrement conçue en fonction des principes de l'éclairage durable : mise en lumière sobre en énergie (installation de cent projecteurs de 6 kW), intensité lumineuse calée sur la vie de la cité et de l'établissement (état de veille à 1,8 kW à partir de 22h30 et repos complet à partir de 0h en semaine), installation de panneaux solaires qui couvrent plus du tiers de la consommation. Toulouse a aussi lancé une refonte de sa politique d'éclairage avec pour objectif de réduire de 50% sa consommation d'énergie d'ici 2020. La ville rose expérimente notamment dans le quartier Saint-Etienne un système d'éclairage "intelligent" associant détecteur de présence et diodes électroluminescentes. Dans les deux rues où ils sont installés, les lampadaires ne fonctionnent  à pleine puissance que quand quelqu'un se déplace à proximité. La ville estime avoir réalisé une économie de 70% par rapport à une installation conventionnelle et compte étendre l'expérience à d'autres secteurs d'ici la fin de l'année.

 

Anne Lenormand