L'essoufflement de la baisse des émissions de CO2 en 2024 confirmé
Les émissions de gaz à effet de serre en France ont baissé de 1,8% en 2024, a confirmé ce 16 juin le Citepa, l'organisme mandaté pour dresser le bilan carbone national. Ce résultat témoigne d'un net essoufflement du rythme de décarbonation de l'économie.

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Selon le rapport Secten publié par le Citepa ce 16 juin, les émissions de gaz à effet de serre (GES) de la France sont passées de 376 millions de tonnes équivalent CO2 (Mt CO2e) en 2023 à 369 en 2024. Si les chiffres ont légèrement évolué par rapport à une première estimation publiée fin mars (lire notre article), le rythme de baisse annuelle de 1,8% est resté le même, témoignant d'un fort ralentissement après -5,8% en 2023.
"Le ralentissement du rythme de réduction de nos émissions de gaz à effet de serre en 2024, à un moment où certains responsables politiques remettent en cause par pur opportunisme politique la transition écologique, nous rappelle plus que jamais que le chemin à parcourir reste long et que nous ne devons surtout pas baisser la garde", a commenté dans un communiqué la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, au vu du bilan consolidé.
Efforts à poursuivre dans les transports et les bâtiments
L'évolution des secteurs témoigne de forts écarts, confirme aussi ce nouveau rapport : -3,8 Mt pour l'industrie de l'énergie, -0,9 Mt pour l'industrie manufacturière, -1,5 Mt pour les transports, -0,4 Mt pour les bâtiments et -0,4 Mt pour l'agriculture.
Le gouvernement souligne avoir tenu ses engagements de baisse des émissions sur la période 2019-2023, tout en reconnaissant qu'il faut désormais "poursuivre les efforts", notamment dans les transports et les bâtiments.
"Les reculs politiques en matière de transition écologique ont abouti à un important coup de frein dans la baisse des émissions de gaz à effet de serre en France en 2024. Ils laissent les Français dans une dépendance coûteuse aux énergies fossiles", a pour sa part regretté auprès de l'AFP Anne Bringault, directrice des programmes du Réseau Action Climat (RAC), qui fédère de nombreuses ONG. "Nous attendons du gouvernement et du parlement un retour au sens des responsabilités, en particulier pour les secteurs qui ont pris du retard comme les transports et la rénovation des bâtiments, avec de vraies solutions pérennes pour les ménages qui ont du mal à boucler leur fin de mois", affirme-t-elle.
Fragilité du puits de carbone
La France est en pleine révision de sa troisième Stratégie nationale bas-carbone (SNBC), dont la cible provisoire prévoit d'atteindre 270 Mt CO2e d'émissions brutes sur sol en 2030. Cela signifierait une "accélération" de la dynamique avec une réduction des gaz à effet de serre de l'ordre de 5% par an entre 2022 et 2030, souligne le Citepa.
L'organisme mandaté pour dresser le bilan carbone national appelle aussi à "tenir compte de la fragilité du puits de carbone qui nécessite un effort de réduction des émissions renforcé pour atteindre à terme la neutralité carbone". En effet, les forêts fragilisées par les sécheresses, les maladies et les récoltes de bois, captent moins de CO2.