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Urbanisme / Politique de la ville - L'Etat pourrait "saisir des terrains" dans certaines communes pour assurer la mixité sociale

L'Etat pourrait "saisir des terrains disponibles" dans certaines communes et "construire" des habitations pour assurer une mixité sociale dans les quartiers, a déclaré le ministre de la Ville Patrick Kanner ce 23 janvier sur BFMTV/RMC. Constatant qu'il y a "encore des villes qui aujourd'hui préfèrent payer des amendes que de construire des logements sociaux", Patrick Kanner a estimé qu'il fallait "durcir" la loi Solidarité et renouvellement urbains (SRU), qui impose aux communes d'avoir 25% de logements sociaux. Il n'y a "pas de critère ethnique dans les commissions d'attribution de logements sociaux", a rappelé le ministre, qui relève toutefois que "ces banlieues, ces quartiers difficiles" n'attirent "que des gens en grande difficulté". Or, a-t-il assuré, le gouvernement veut casser les "phénomènes de reproduction de la pauvreté". Patrick Kanner souhaite donc que dans ces quartiers des "écoles de qualité" et une "offre culture de qualité" soient assurées, et que "l'accession à la propriété pour les familles modestes" soit facilitée. "Il est plus facile de faire venir des pauvres dans des quartiers de riches, que des riches dans des quartiers de pauvres", a-t-il expliqué.

"Les racines du mal"

Le gouvernement a annoncé cette semaine qu'il mettrait en oeuvre de nouvelles dispositions contre "la ghettoïsation" dans les quartiers populaires, souhaitant ainsi lutter contre tout phénomène de radicalisation deux semaines après les attentats contre Charlie Hebdo et l'Hyper Casher (lire nos articles ci-contre). Les propos de Patrick Kanner font écho aux déclarations de Manuel Valls qui a estimé la veille que les politiques publiques des 30 dernières années n'avaient pas permis d'éviter "la relégation, le regroupement ethnique, religieux".
Dans la foulée, la secrétaire d'Etat à la politique de la ville, Myriam El Khomri, a aussi jugé le 22 janvier sur BFMTV qu'il fallait s'attaquer "aux racines du mal" de la pauvreté dans les quartiers et travailler sur l'attribution des logements sociaux. "Il y a en effet une concentration de pauvreté dans certains quartiers", a-t-elle affirmé, en soulignant qu'"on parle toujours de la pauvreté quand on parle de peuplement". Le Premier ministre avait en effet déclaré que la lutte contre la "ghettoïsation" dans les quartiers pauvres passait par une "politique du peuplement", précisant : "Pas seulement politique du logement et de l'habitat. Politique du peuplement pour lutter contre la ghettoïsation, la ségrégation.

Travailler à l'échelle de l'intercommunalité

Myriam El Khomri a souligné qu'"un tiers des habitants de ces quartiers bouge tous les cinq ans et ils sont remplacés par des populations qui sont toujours plus pauvres. Nous souhaitons mettre fin à ce cercle vicieux". Concrètement, "en termes d'attribution de logement, nous souhaitons travailler sur de nouveaux outils, que cela ne soit plus à l'échelle d'une commune mais à l'échelle de l'intercommunalité". Interrogée sur les éventuels regroupements ethniques qui existent dans certaines barres d'immeubles, Myriam El Khomri a estimé que "ce n'était pas ethnique, c'était sur la pauvreté, et les populations immigrées sont en effet les plus pauvres". "Ça ne prendra pas un an de revoir les équilibres sociaux dans les quartiers. Il faut travailler sur les attributions de logements pour ne pas y concentrer les personnes plus pauvres et pousser les autres (communes, NDLR) à construire des logements, en tenant ces deux bouts-là, on a aussi l'occasion de changer la situation de ces quartiers", a-t-elle affirmé.