Personnes âgées - L'hospitalisation à domicile devrait doubler ses capacités d'ici à 2018

Elisabeth Hubert, présidente de la Fédération nationale des établissements d'hospitalisation à domicile (Fnehad), est récemment revenue sur les perspectives de croissance de cette forme d'alternative à l'hospitalisation. Le directeur général de l'offre de soins indiquant pour sa part qu'"après la phase de diffusion de l'HAD sur les territoires, le temps est venu d'une nouvelle étape".

A l'occasion de la 16e Journée nationale de l'hospitalisation à domicile (HAD), qui s'est tenue le 6 décembre, Elisabeth Hubert, ancienne ministre de la Santé et présidente de la Fédération nationale des établissements d'hospitalisation à domicile (Fnehad), est revenue sur les perspectives de croissance de cette forme d'alternative à l'hospitalisation. Elle a notamment affirmé que "les progrès des techniques d'exploration et des traitements, demain la télémédecine, permettent que nous étendions notre présence et le champ de notre activité, vers des patients qu'aujourd'hui nous prenons trop peu en charge, les patients isolés dans des territoires peu denses bien sûr, mais aussi les enfants". "Dans certains territoires isolés, confrontés à une forte raréfaction de l'offre de santé traditionnelle qu'elle soit libérale ou hospitalière conventionnelle, certains établissements d'HAD, par leur organisation et le travail en équipe qui les caractérisent, permettent à des médecins, des infirmières, des professionnels du médico-social de rompre leur isolement et ainsi de mieux assurer leurs missions", a également souligné Elisabeth Hubert, sachant que cette Journée nationale était consacrée aux "inégalités territoriales de santé"... une semaine tout juste avant que la ministre Marisol Touraine ne présente son "pacte territoire-santé" pour lutter contre les déserts médicaux (plan dans lequel l'HAD n'est toutefois pas mentionnée).

L'HAD a le vent en poupe

Aujourd'hui déjà, l'HAD semble avoir le vent en poupe. Deux décrets du 6 septembre 2012 viennent ainsi d'étendre ses possibilités d'intervention à l'ensemble des établissements médicosociaux avec hébergement (voir notre article ci-contre du 13 septembre 2012). Jusqu'à présent, cette intervention n'était possible qu'au sein des établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), depuis un décret du 22 février 2007 (Elisabeth Hubert a toutefois souhaité un soutien accru, dans les régions, "pour convaincre les Ehpad à recourir à l'HAD"). De même, dans le prolongement du rapport de Pascal Jacob, remis le 14 février 2012 et intitulé "Pour la personne handicapée : un parcours de soins sans rupture d'accompagnement - L'hospitalisation au domicile social ou médicosocial", le champ d'intervention de l'HAD devrait être étendu aux établissements pour personnes handicapées (voir notre article ci-contre du 20 février 2012). L'ancienne ministre de la Santé espère d'ailleurs que "la dynamique que nous ressentons pour l'intervention des HAD dans les établissements pour personnes handicapées aura un effet d'entraînement".
Ce contexte favorable explique l'évolution prévisionnelle envisagée. L'offre de soins en HAD pourrait ainsi plus que doubler d'ici à 2018. De 13.000 malades pris en charge chaque jour (soit environ 100.000 patients sur l'année), elle passerait ainsi à une capacité de 30.000 malades. Chacun devrait trouver son compte dans ce développement. Les patients et les familles sont fortement demandeurs de cette forme de prise en charge. Les établissements sanitaires peuvent ainsi libérer des lits, tandis que les établissements médicosociaux évitent des hospitalisations qui s'accompagnent souvent d'une dégradation de l'état général du patient, surtout chez les personnes âgées dépendantes. Enfin, l'assurance maladie y a également tout intérêt, puisque le coût moyen en HAD est de 197,60 euros, un montant sans commune mesure avec celui des journées d'hospitalisation. Avec une dépense totale de 770 millions d'euros, l'HAD ne représente d'ailleurs que 0,4% des dépenses d'assurance maladie.

De nouvelles exigences

Cet intérêt de l'HAD n'a évidemment pas échappé aux pouvoirs publics. Présent lors de la journée organisée par la Fnehad, Jean Debeaupuis, le directeur général de l'offre de soins au ministère de la Santé, a ainsi indiqué qu'"après la phase de diffusion de l'HAD sur les territoires, qui a marqué la période récente, le temps est venu d'une nouvelle étape". Le gouvernement entend en effet cadrer cette évolution autour de quelques priorités et évolutions. Il faudra ainsi "favoriser l'accès à l'HAD, encore trop inégal", mais aussi renforcer les "filières d'aval" et notamment les services de soins infirmiers à domicile (Ssiad), qui interviennent sur des pathologies plus légères. Le ministère entend par ailleurs "inciter clairement au développement des prescriptions, notamment par les médecins hospitaliers". Pour cela, il faudra renforcer la confiance entre les établissements et les services d'HAD, en améliorant notamment la continuité des soins. "C'est à une modification substantielle des rapports de l'HAD avec les établissements traditionnels que j'en appelle aujourd'hui", a ainsi lancé Jean Debeaupuis. Intervenant quelques semaines plus tôt lors d'un colloque sur l'accès aux soins organisé par la Fédération des villes moyennes, Elisabeth Hubert - auteur en novembre 2010 d'un rapport sur la médecine de proximité commandé par Nicolas Sarkozy - avait pour sa part également évoqué le renforcement des liens avec la médecine de ville : "Ca marche. Les médecins libéraux font appel à nous. Nous n'avons évidemment pas vocation à prendre la place du médecin traitant." Des établissements d'HAD sont désormais présents dans tous les départements, le dernier en date ayant vu le jour en septembre dernier en Lozère.