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Logement - L'USH ne veut pas laisser croire à l'"extrême rentabilité" de l'habitat social

L'Union sociale pour l'habitat (USH) réagit très vivement à la publication de l'étude du cabinet Precepta sur la santé financière des organismes HLM. Celle-ci - qui se fonde à la fois sur des données nationales et sur l'analyse des comptes d'une cinquantaine d'organismes HLM - "met en lumière des taux de résultats nets souvent très élevés pour les organismes d'HLM, preuve que social et rentabilité ne sont pas indissociables". Tout en soulignant les améliorations apportées à la gestion du parc et le développement de la relation clients, l'étude considère également que "le déséquilibre offre-demande a conduit historiquement à une structure concurrentielle stable, caractérisée par des opérateurs bénéficiant de rentes de situation immuables".
Une vision vigoureusement contestée par l'USH, qui regroupe 800 organismes HLM gérant 4,2 millions de logements. Celle-ci conteste en premier lieu l'affirmation selon laquelle le niveau de résultat net des principaux acteurs du secteur serait généralement supérieur à 15% pour l'année 2007. Pour l'USH, le résultat net ne constitue pas un indicateur pertinent de l'état de santé des organismes HLM, dans la mesure où il intègre des éléments exceptionnels hors exploitations, comme les ventes, les subventions de la Caisse de garantie du logement locatif social (CGLLS) ou certaines aides pour la rénovation urbaine. Selon l'association, "la seule prise en compte du résultat net aboutit ainsi à une vision tronquée et fausse de l'état de santé du secteur, produisant de plus des aberrations complètes". L'USH vise en particulier le fait que l'organisme HLM figurant en tête du classement établi par Precepta à partir du résultat net est un organisme en redressement, mais ayant bénéficié à ce titre d'un apport de fonds exceptionnel. Pour l'USH, l'indicateur pertinent, "couramment utilisé par la profession et les pouvoirs publics", est l'autofinancement. Celui-ci a été, en 2007, de 11%. L'USH justifie ce taux élevé - au regard d'autres secteurs d'activité - par le fait que ce résultat "est consacré au financement des investissements, croissants, en faveur de la construction neuve et de la réhabilitation, répondant ainsi à la demande sociale, toujours plus forte, en nouveaux logements économiquement abordables".
La réaction de l'USH intervient au moment où l'Assemblée nationale examine le projet de loi de mobilisation pour le logement. Son article 2, qui a donné lieu à une discussion serrée, met en place un prélèvement sur la trésorerie des organismes HLM dotés de disponibilités abondantes faute d'investir dans la construction de logements (voir ci-contre notre article du 3 février). L'USH redoute que ces "dodus dormants" - même si leur nombre est sans doute assez faible - nuisent à l'image générale du mouvement HLM. Elle ne pouvait donc laisser passer sans réagir les conclusions de l'étude de Precepta.

 

Jean-Noël Escudié / PCA