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Social - Lutte contre la pauvreté : une conférence en vue d'un plan quinquennal

Le Journal officiel du 20 juillet l'a confirmé : suite au mini-remaniement ministériel post-législatives, Marie-Arlette Carlotti, ministre déléguée auprès de la ministre des Affaires sociales et de la Santé, auparavant uniquement chargée des personnes handicapées, a vu son portefeuille élargi à la lutte contre l'exclusion. Le décret précise ainsi que Marie-Arlette Carlotti "met en œuvre l'action du gouvernement en matière de lutte contre la pauvreté et de minima sociaux", "participe à la définition et à la mise en œuvre d'actions en matière d'insertion économique et sociale et d'innovation sociale" et est "associée à la préparation des travaux" du comité interministériel de lutte contre les exclusions (Cile) ainsi que du Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale (CNLE).
Son programme de travail pour les mois à venir est tout tracé, la ministre déléguée étant évidemment en première ligne pour préparer la grande conférence sur la lutte contre la pauvreté prévu en octobre, conférence devant permettre d'élaborer un "plan quinquennal pour l'égalité, la dignité et pour la lutte contre la pauvreté et les exclusions", pour reprendre l'intitulé employé par François Hollande le 13 juillet lors de sa visite d'un centre du Secours catholiques à Colombes, dans les Hauts-de-Seine.
Après la conférence sociale des 9 et 10 juillet, "d'autre acteurs" engagés dans la lutte contre l'exclusion "se sont manifestés pour dire : mais quelle est notre place ?", a indiqué à cette occasion le chef de l'Etat, poursuivant : "C'est la raison pour laquelle Jean-Marc Ayrault a annoncé [lors de sa déclaration de politique générale, Ndlr] qu'il y aurait aussi une conférence qui permettrait de bâtir un plan quinquennal pour l'égalité, la dignité et pour la lutte contre la pauvreté et les exclusions (…). C'est ce plan que la ministre [Marie-Arlette Carlotti] va préparer. Elle le fera dans la concertation". "Les grandes associations seront parties prenantes" de son élaboration, "avec les collectivités locales et les entreprises", l'idée étant "d'avoir un plan cohérent dans le temps, cohérent dans l'espace, cohérent dans les politiques qui seront suivies", a-t-il ajouté. François Hollande a également noté que parmi "les sujets qui seront nécessairement présents" figurera d'abord "l'accès au logement parce que c'est la condition de tout". "Concernant l'emploi, nous n'avons pas à inventer des mécanismes ils existent", mais "nous amplifierons les moyens du service civique", a-t-il indiqué estimant que "c'est un levier très important". Il a, enfin, cité la problématique des "enfants pauvres, qui sont plus de 2 millions".
Dans une interview à l'agence AEF publiée ce 23 juillet, Marisol Touraine, la ministre des Affaires sociales et de la Santé, précise que la conférence prévue à l'automne visera à "définir un cadre de travail pour les cinq ans à venir et fixer des rendez-vous réguliers". "Aujourd'hui, les moyens et les ressources existent dans ce domaine, mais il convient de les faire converger pour mieux répondre aux problèmes qui concernent l'accès aux prestations, au logement, aux soins, à la culture...", ajoute-t-elle. On sait que le RSA avec, notamment, le phénomène du non-recours (encore confirmé tout récemment par une étude de la Cnaf), figurera au menu de la conférence. A ce sujet, Marisol Touraine déclare : "Une évaluation du dispositif sera nécessaire (...). Ce qui est vrai c'est que beaucoup de personnes ne perçoivent pas le RSA activité, alors qu'elles y auraient droit, parce qu'elles ne travaillent pas suffisamment et qu'elles ont besoin d'être soutenues. Cette évaluation du dispositif pourrait faire l'objet d'un travail parlementaire, en lien avec les conseils généraux qui sont en première ligne sur le sujet."
Les grands acteurs associatifs tels que la Fnars avaient regretté que la Conférence sociale "n'ait concerné, en définitive, que les personnes qui, justement, ont un emploi" et ait ainsi confirmé que "les politiques publiques continuent de raisonner de manière segmentée, isolant la question des plus vulnérables dans des secteurs et des dispositifs spécifiques". Mais ils sont aujourd'hui mobilisés pour préparer la conférence d'octobre. Louis Gallois, le nouveau président de la Fnars, doit d'ailleurs être reçu par Marie-Arlette Carlotti ce 24 juillet. Une rencontre entre Marisol Touraine, Marie-Arlette Carlotti et sept grandes fédérations ou associations (Uniopss, Secours catholique, ATD Quart-Monde, Fnars, Emmaüs, Médecins du Monde, Secours populaire) avait déjà eu lieu le 2 juillet et deux jours plus tard, ces mêmes acteurs étaient reçus par Christophe Devys, conseiller social du Premier ministre. Et le 13 juillet, en marge de son déplacement en banlieue, François Hollande lui-même s'était entretenu avec une partie d'entre eux.