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Ecriture inclusive - Madame la mairesse, je vous fais une lettre...

La circulaire du Premier ministre relative aux règles de féminisation et de rédaction des textes publiés au Journal officiel est mise en ligne depuis le 4 décembre 2017.

Dans une chanson longtemps interdite d'antenne pour cause d'antimilitarisme, Boris Vian chantait "Monsieur le président, je vous fais une lettre" (Le Déserteur). Un jour très prochain, on écrira ou on chantera bien sûr, sans heurter personne, "Madame la présidente, je vous fais une lettre". Mais, plus surprenant, on peut déjà écrire aujourd'hui "Madame la mairesse, je vous fais une lettre". C'est du moins ce qui ressort de la circulaire du Premier ministre relative aux règles de féminisation et de rédaction des textes publiés au Journal officiel, mise en ligne le 4 décembre.

"Le masculin est une forme neutre"... dans certaines circonstances

Certes, cette circulaire très brève du 21 novembre 2017 s'adresse uniquement aux ministres et secrétaires d'Etat, mais les règles qu'elle pose, sans revêtir un caractère obligatoire, intéressent néanmoins toute la sphère publique.
Tout en réaffirmant l'engagement du gouvernement en faveur du renforcement de l'égalité entre les femmes et les hommes, Edouard Philippe n'entend pas renoncer aux règles de la grammaire. La publication de cette circulaire intervient en effet en pleine polémique - très franco-française - sur l'écriture inclusive.
La circulaire tient en cinq règles simples. La première est que, dans les textes réglementaires - ce qui vaudrait donc aussi pour les actes des collectivités -, "le masculin est une forme neutre, qu'il convient d'utiliser pour les termes susceptibles de s'appliquer aussi bien aux femmes qu'aux hommes".
Seconde règle : les textes qui désignent la personne titulaire d'une fonction doivent être accordés au genre de cette personne. Et lorsque l'arrêté est signé par une femme, l'auteure doit être désignée comme "la ministre", "la secrétaire générale", "la directrice"…

On ne touche pas aux épicènes !

De même - et c'est la troisième règle -, l'intitulé des fonctions tenues par une femme doit être systématiquement féminisé dans les actes de nomination. Il y a toutefois une exception, lorsque cet intitulé est épicène, autrement dit est un mot dont le féminin et le masculin ont la même forme (exemples : ministre, secrétaire d'Etat, juge, médecin, mannequin, mais aussi, tout simplement, personne). En cas de doute, la circulaire recommande de se reporter au Guide d'aide à la féminisation des noms de métiers, titres, grades et fonctions, poétiquement intitulé "Femme, j'écris ton nom..." et réalisé par le CNRS et l'Institut national de la langue française (mais qui remonte tout de même à 1999).
Quatrième règle, de bon sens : le Premier ministre recommande de recourir systématiquement, dans les actes de recrutement et les avis de vacances de postes, à des formulations qui ne paraissent pas marquer de préférence de sexe. On utilisera, par exemple, des formules comme "le candidat ou la candidate".

Les points sur les i mais pas dans les mots

La dernière règle est plus comminatoire. Le Premier ministre "invite" en effet, en particulier pour les textes destinés à être publiés au JO, "à ne pas faire usage de l'écriture dite inclusive". Il estime en effet qu'"outre le respect du formalisme propre aux actes de nature juridique, les administrations relevant de l'Etat doivent se conformer aux règles grammaticales et syntaxiques, notamment pour des raisons d'intelligibilité et de clarté de la norme".
Et madame la mairesse dans tout ça ? L'expression vient de moteur de traduction masculo-féminin proposé par "Femme, j'écris ton nom" (voir lien ci-dessous). Si le moteur donne, bien sûr, les féminins présidente, sénatrice ou députée - termes passés aujourd'hui dans le langage courant -, il propose aussi, pour maire, de retenir "maire" ou "mairesse"...

Références : Premier ministre, circulaire du 21 novembre 2017 relative aux règles de féminisation et de rédaction des textes publiés au Journal officiel.

 

 

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