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Maisons de l'emploi : Alliance Villes Emploi mobilisée contre la division par deux de leurs crédits en 2018

L'Etat souhaite réduire de moitié son financement aux maisons de l'emploi : de 21 à 10,5 millions d'euros. Alliance Villes Emploi compte se battre contre la mesure du projet de loi de finances 2018.

"C'est juste inacceptable." La réaction de Marie-Pierre Establie d'Argencé, déléguée générale d'Alliance Villes Emploi (AVE) est à la hauteur de l'annonce. L'Etat s'apprête à réduire de moitié le budget des maisons de l'emploi en 2018 et à organiser son retrait progressif. Selon le budget général de la mission travail et emploi du projet de loi de finances pour 2018, les crédits apportés par l'Etat aux maisons de l'emploi s'élèvent à 10,5 millions d'euros en autorisations d'engagement et en crédits de paiements, contre 21 millions d'euros en 2017. "L'Etat prévoit d'adapter en 2018 sa participation au financement de ces structures, dans le prolongement du mouvement engagé depuis plusieurs années de resserrement des conditions de subvention", indique le document, qui poursuit : "Les montants prévus au PLF 2018 doivent permettre d'accompagner le retrait progressif de l'Etat, selon un plan d'action à définir dans les territoires, en lien avec les collectivités territoriales et les maisons de l'emploi."

Une réduction budgétaire de 74% en dix ans

Les maisons de l'emploi ont connu une diminution de leur budget de 74% en dix ans. Et "ce sont les collectivités qui ont compensé le financement", détaille Marie-Pierre Establie d'Argencé : "L'Etat finance en moyenne 38% du budget alors que la proportion initiale était de 30% pour les collectivités et 70% pour l'Etat." L'idée sous-tendant la disposition inscrite au PLF 2018 serait justement que les collectivités prennent le relais. "Cette dépense constitue, en nomenclature, un transfert aux collectivités territoriales et aux autres collectivités," indique le document. Mais si les grandes maisons de l'emploi pourront perdurer avec uniquement des crédits issus des collectivités, d'autres, notamment celles situées en milieu rural, ont besoin de l'Etat. "Ce n'est pas cohérent avec la politique de l'emploi du gouvernement et la réforme de la formation professionnelle envisagée, assure Marie-Pierre Establie d'Argencé. Pour former, il faut analyser les besoins des entreprises, c'est ce que font les maisons de l'emploi".

De 200 à 126 maisons de l'emploi

De nombreux exemples de pratiques efficaces sont ainsi mises en avant par AVE comme le dispositif "RH TPE" mis en place par la maison de l'emploi et de la formation professionnelle du Pays de Brest. Un accompagnement gratuit et personnalisé dédié aux très petites entreprises du pays de Brest en matière d'aide, d'ingénierie, de recrutement, de formation et d'information sur des besoins identifiés, qui devrait essaimer sur toute la France. Au total, en 2016, les maisons de l'emploi ont recensé 1.243 bonnes pratiques, et ont permis à 98.036 entreprises de bénéficier de leurs actions dans le domaine de la gestion prévisionnelle territorialisée des emplois et des compétences, du développement durable et de la responsabilité sociétale des entreprises, et des clauses sociales. Sur les 438 facilitateurs de clauses sociales, 158 sont dans des maisons de l'emploi.
Une évaluation réalisée en 2016 a permis de faire le tri entre les structures qui fonctionnent bien et celles qui étaient moins efficaces. A l'heure actuelle, 126 maisons de l'emploi sont présentes sur le territoire français, contre 200 au démarrage du dispositif.
"Nous allons nous battre et demander le rétablissement des 21 millions d'euros", signale Marie-Pierre Establie d'Argencé, qui n'en est pas à sa première bataille sur le sujet. AVE a déjà rencontré Brigitte Bourguignon, présidente de la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale, et souhaite rencontrer Muriel Pénicaud, ministre du Travail. Le temps presse. La discussion en commission élargie à l'Assemblée nationale aura lieu le 2 novembre, et celle en séance publique le 8 novembre.