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Mobilité - Mise en oeuvre du Code de la rue : associations et collectivités dénoncent l'inaction de l'Etat

Au 1er juillet prochain, les doubles sens cyclables seront généralisés dans toutes les zones 30 et de rencontre, sauf arrêté municipal contraire. Cette mesure phare du décret du 30 juillet 2008, première étape de l’instauration d’un "Code de la rue" en France, risque de susciter beaucoup d’interrogations de la part des usagers mais aussi de ceux chargés de veiller à sa mise en œuvre sur le terrain, élus locaux, techniciens et policiers municipaux en tête. C’est pourquoi le Club des villes et territoires cyclables et quatre autres associations soutenant la démarche "Code de la rue" (Droits du piéton, Fédération française des usagers de la bicyclette, Ligue contre la violence routière, Rue de l’Avenir), ont décidé d’interpeller le gouvernement. Ils ont demandé le 31 mars à être reçus par le ministre de l’Ecologie, Jean-Louis Borloo, et ont présenté une déclaration commune pour que l’Etat assume toutes ses responsabilités dans la mise en œuvre effective du "Code de la rue", en initiant notamment une grande campagne de communication.
"Nous avons constaté un désengagement total de l’Etat depuis la parution du décret du 30 juillet 2008 et nous craignons un coup de frein dans la démarche visant à encourager les mobilités douces", a souligné Gilbert Lieutier, président de Rue de l’Avenir.
Les associations réclament donc au premier chef un nouveau décret qui permettrait d’entériner des évolutions réglementaires qu’ils jugent indispensables. Outre les double sens cyclables qui encouragent l’usage du vélo, le décret de 2008 a "ouvert la perspective d’une amélioration significative de la situation des usagers vulnérables en ville", estiment les signataires de la déclaration sur le Code de la rue. Ils se félicitent de ces premières mesures (principe de prudence, création des zones de rencontre, précision de la définition des aires piétonnes et des zones 30). Mais il faut selon eux aller plus loin. Ils attendent notamment une définition du trottoir, l’instauration de la priorité des piétons traversant une chaussée, des dispositions pour améliorer la visibilité aux passages piétons, pour donner la priorité et assurer une meilleure visibilité des cyclistes aux carrefours à feux et une requalification des infractions au stationnement.

Toutes ces mesures sont jugées importantes "pour consolider le souhait unanime d’un développement des modes actifs, marche et vélo, bons pour la santé, l’environnement urbain et l’économie, et d’un déplacement plus facile des personnes à mobilité réduite en milieu urbain", soulignent les associations signataires. Elles rappellent aussi que certains points actés depuis près de deux ans par les comités de pilotage présidés par la Direction de la sécurité et de la circulation routière (DSCR) n’ont pas été à l’ordre du jour des comités interministériels de la sécurité routière et n’ont toujours pas fait l’objet de décret, en particulier la modification de l’article 415.11 du Code de la route concernant l’amélioration de la sécurité des piétons en traversée de chaussée.
"Nous attendons de l’Etat qu’il engage une campagne de sensibilisation du grand public sur le Code de la rue, comme il l’a fait pour la campagne anti-tabac, a aussi souligné Bernadette Caillard-Humeau, 1re adjointe au maire d’Angers et secrétaire du Club des villes et territoires cyclables. Nous allons nous-mêmes communiquer, en partant des besoins des usagers."
Enfin, les associations souhaitent que les pouvoirs publics fixent désormais l’objectif de "la ville à 30". Des villes comme Hambourg fonctionnent à 80% en zone 30 et certaines collectivités françaises comme Lorient comptent s’engager dans cette voie, font-elles valoir. Selon elles, "les pratiques d’exploitation éliminant ou réduisant fortement le risque automobile (aire piétonne, zone de rencontre, zone 30) devraient d’ores et déjà être considérées comme des pratiques normales. Les déplacements de véhicules à des vitesses supérieures à 30 km/h devront, dans un futur le plus proche possible, être considérés comme exceptionnels ou particuliers".
 

Anne Lenormand