Mobilisation des taxis : le gouvernement promet de "taper fort" sur les VTC
Le gouvernement va intensifier les contrôles des VTC contre la maraude et le "racolage" illégaux, a indiqué le ministère des Transports ce 27 mai à la suite d'une réunion avec les représentants des taxis, mobilisés depuis plus d'une semaine. Une autre rencontre était attendue au ministère de la Santé sur le sujet qui a mis le feu aux poudres : la nouvelle tarification du transport des malades.

© Jonathan BELIN-REA/ Grève des taxis à Marseille le 20 mai
"Le dialogue a été très direct", "on va rappeler les règles et taper fort au niveau des contrôles" a déclaré à l’AFP ce 27 mai le ministre chargé des Transports, Philippe Tabarot à l'issue d’une rencontre avec les représentants des taxis, mobilisés depuis plus d'une semaine. Pour empêcher les VTC de faire de la maraude autour des gares et des aéroports, des amendes forfaitaires, "plus dissuasives et immédiates", seront étendues dans les trois prochains mois à l'ensemble du territoire, a indiqué le ministère.
Des contrôles "intensifs" seront menés "via des opérations ciblées dès cette semaine", a précisé le ministère après cette réunion qui rassemblait aussi des représentants des ministères de l'Économie, du Travail et de l'Intérieur.
Deux activités
"C'est la première fois qu'on a un ministre qui est prêt à s'engager pour véritablement distinguer les deux activités taxi et VTC", a réagi le président de l'Union nationale des taxis (UNT) Rachid Boudjema à la sortie de la réunion. "On a des engagements forts de la part du ministre des Transports, notamment sur les points qui sont très bloquants depuis dix ans", a-t-il souligné. "On comprend bien que c'est pas évident, on attend du courage politique", a commenté Bilal Bouammar, de la Fédération nationale des taxis indépendants (FNTI). "On attend une vraie décision avec des mesures contraignantes pour les plateformes."
A quelques mètres du ministère, des centaines de taxis continuaient à occuper le boulevard Raspail. Depuis huit jours, ils enchaînent les nuits sur place et les opérations escargot, ponctuées de mises à feu de pétards et de fumigènes. A Pau (Pyrénées-Atlantiques), devenu un des centres de la mobilisation parce qu'elle a pour maire le Premier ministre François Bayrou, environ 200 taxis ont organisé une opération escargot mardi après-midi, selon la police.
Réunion prévue avec les représentants des VTC
Le gouvernement compte également "travailler" sur une "durée minimale" de réservation préalable pour les VTC. Il évalue aussi la possibilité de mettre en place un "agrément" pour autoriser les plateformes de VTC à exercer en France. Les représentants des VTC sont convoqués lundi 2 juin et les plateformes qui les font travailler (Uber, Bolt...) le 3 juin.
"Il ne faudrait pas que les VTC soient les dommages collatéraux d'un conflit qui oppose gouvernement et taxis", a prévenu Fabian Tosolini, délégué du syndicat de VTC Union-Indépendants. "On a déjà alerté le ministère pour dire qu'il y avait beaucoup trop de VTC. Ce déséquilibre, orchestré par les plateformes, a fait exploser les temps d'attente entre deux courses. Pour survivre, un certain nombre de VTC ont été tentés de se mettre sur des positions stratégiques, pas réglementaires", comme près des aéroports, a expliqué Fabian Tosolini. Il dit aussi craindre des "contrôles abusifs" de la part des forces de l'ordre.
Nouvelle tarification du transport des malades prévue pour le 1er octobre
Une autre réunion était prévue ce mardi soir au ministère de la Santé concernant le deuxième sujet explosif pour les chauffeurs de taxi : la nouvelle convention de la Sécurité sociale fixant la rémunération du transport des malades, réforme qui a servi de déclencheur de leur mouvement de grogne. Ce texte prévoit une prise en charge de 13 euros par l'Assurance maladie, puis un tarif kilométrique, avec un système conçu pour dissuader les retours à vide ou les temps d'attente trop longs. Cette tarification, dont l'objectif est de limiter la croissance des dépenses de transport sanitaire, doit entrer en vigueur le 1er octobre.
Le Premier ministre a assuré mardi matin que la réforme de la rémunération du transport de malades s'appliquerait bien début octobre. "Mais on va définir ces économies avec eux (les taxis)", a déclaré François Bayrou sur BFMTV/RMC, alors que la réforme vise 300 millions d'euros d'économies en trois ans.