Neuf collectivités sur dix considèrent la rénovation énergétique des écoles comme une priorité du mandat actuel

Près de neuf collectivités sur dix considèrent que la rénovation énergétique des écoles est une priorité du mandat politique actuel, révèle le premier baromètre ÉduRénov, réalisé par la Banque des Territoires et la Scet. Une dynamique en progression toutefois freinée par le manque de moyens financiers et d'ingénierie. 

"Quand on végétalise une cour d'école, cela profite à tout le quartier." Ce constat, partagé à l'occasion de la présentation du premier baromètre du programme ÉduRénov conforte l'idée selon laquelle l'école est un lieu emblématique dont les élus se préoccupent beaucoup. Et pour preuve, le baromètre réalisé par la Banque des Territoires et la Scet, dévoilé ce 8 octobre 2025 au Hub des Territoires, à l'occasion du comité des partenaires du programme EduRénov, montre que 9 collectivités sur 10 estiment que la rénovation énergétique des écoles est la priorité du mandat politique actuel et que 8 sur 10 entendent poursuivre cet effort lors du prochain mandat.

Bonne nouvelle, l'enquête - à laquelle 300 collectivités ont répondu - fait état d'une "forte dynamique" en matière de rénovation du bâti scolaire, évoquant "84 % de collectivités" qui ont lancé ou réalisé un projet de rénovation dans les cinq dernières années. "Au début du programme ÉduRénov, on était sur un marché presque anecdotique, désormais ce marché est là et il se structure", s'est félicité Philippe Servalli, président de la Fédération française du bâtiment (FFB) Grand Paris Île-de-France. Au même moment d'ailleurs, lors d'une audition au Sénat, Olivier Salleron, le président de la FFB, présentait même ÉduRénov comme "un modèle à suivre" (voir notre article de ce jour).

ÉduRénov bientôt être ouvert aux bâtiments sportifs et culturels

Lancé en 2023, rappelons que ÉduRénov est un programme destiné à accompagner les collectivités dans la rénovation énergétique et l'adaptation climatique de leur patrimoine éducatif – des crèches aux universités - et qui devrait "bientôt être ouvert aux bâtiments sportifs et culturels", a annoncé Nicolas Turcat, directeur du programme.

L'écosystème rassemble aujourd'hui 48 partenaires, dont désormais l'Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru), où l'on se félicite d'un "programme qui fonctionne". Christophe Romero, chargé de mission Transition Écologique à l'Anru, a rappelé que "le nouveau programme national de renouvellement urbain prévoit la transformation de 448 quartiers prioritaires de la politique de la ville, particulièrement exposés au changement climatique", soulignant que "les écoles en QPV cumulent souvent les difficultés". 

Programme "emblématique" de la Banque des Territoires, selon son directeur général, Antoine Saintoyant, ÉduRénov a déjà soutenu plus de 5.387 projets dans toute la France. Mercredi 8 octobre, l'ambition de rénov­er 10.000 écoles d'ici 2028 sur les quelque 58.000 établissements scolaires français a été réaffirmée. Le programme s'adresse aussi désormais aux collectivités ultramarines dont les problématiques sont différentes, en déclinant une charte de la rénovation du bâti scolaire spécifique. 

Le confort thermique arrive en tête

Pour analyser la dynamique engagée, le premier baromètre ÉduRénov s'est attaché à identifier pratiques, besoins et attentes des répondants en matière de rénovation énergétique.

Concrètement, 84% des collectivités déclarent avoir lancé ou réalisé au moins un projet de rénovation au cours des cinq dernières années, un taux qui atteint 100% pour les départements et régions. "C'est une lame de fond qui se confirme", assure Philippe Servalli de la FFB, soulignant que l'on construit moins et que l'on rénove plus. 77% des collectivités ont mené davantage de projets de rénovation que de constructions neuves, et 72 % des opérations concernent des rénovations globales, c'est-à-dire de véritables transformations du bâti.

Les priorités sont partagées. Le confort thermique arrive en tête : 83% des collectivités ont engagé des travaux d'isolation, 64% ont désimperméabilisé ou végétalisé leurs cours d'école, et 61% ont changé leur système de chauffage. Ces actions traduisent une prise en compte croissante du fameux "confort d'été" qui a tant fait parler lors de la canicule de l'été 2025, occasionnant des fermetures de classes (notre article du 30 juin), de la gestion des eaux pluviales et de la qualité de vie des usagers.

Les projections sont encourageantes : si le rythme actuel se poursuit, 32% du parc scolaire pourrait être rénové d'ici 2030, permettant aux collectivités 10% d'économies par an sur leur facture énergétique, soit environ 130 millions d'euros économisés chaque année.

Le financement, qualifié de "nerf de la guerre"

Malgré cette dynamique, la massification de la rénovation du bâti éducatif reste un défi. Le baromètre identifie quatre leviers majeurs à consolider. Le premier est le financement, qualifié de "nerf de la guerre" par 73% des collectivités. Si les subventions demeurent la principale source de financement (40%), l'emprunt reste un levier sous-utilisé : seule 1 collectivité sur 5 y recourt. Identifier les dispositifs d'aide disponibles est la principale difficulté pour 54% des répondants, suivie de l'anticipation de la hausse des coûts (51%) et de l'évaluation budgétaire fine (47%).

Mais aussi...un déficit d'ingénierie

Le deuxième levier est la montée en compétences. Deux collectivités sur trois déclarent avoir manqué d'une ou plusieurs compétences au cours de leur projet, notamment pour arbitrer entre différents scénarios techniques ou financiers. "Le déficit d'ingénierie, en particulier dans les petites communes, reste un frein majeur à la mise en œuvre de rénovations globales", identifient les partenaires. 

Troisième enjeu identifié : la connaissance du parc scolaire. 54% des collectivités reconnaissent ne disposer que d'une vision partielle de l'état de leur patrimoine, faute de diagnostics complets ou d'outils de suivi consolidés. Enfin, la mesure de l'impact réel constitue le quatrième défi : 1 collectivité sur 5 ignore encore les effets concrets de ses rénovations sur la consommation énergétique, "ce qui limite le retour d'expérience et la planification à long terme", regrettent les partenaires.

Une chose est sûre : le parc est vieillissant. 80% des écoles primaires ont plus de 50 ans et jusqu'à 20% des bâtiments présentent un état de dégradation avancé. "D'ici 2030, les vagues de chaleur seront trois fois plus fréquentes, exposant près de 9,4 millions d'élèves à plusieurs jours de fortes températures par an", alertent les partenaires.

 

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