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Transports / Environnement - Notre-Dame-des-Landes : après la large victoire du oui à l'aéroport, tout reste à faire sur le terrain

Les habitants de Loire-Atlantique ont massivement dit "oui" dimanche 26 juin à la construction de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, en votant à 55,17% pour ce projet controversé. Lors de cette consultation unique en France qui avait été annoncée en février par le président de la République François Hollande pour débloquer un dossier vieux d'un demi-siècle, 51,08% des électeurs de Loire-Atlantique se sont rendus aux urnes.
Au final, le "oui" l'a emporté avec 268.981 voix, soit 50.000 voix de plus que le "non". La participation au scrutin a été particulièrement forte dans le secteur prévu pour l'aéroport : elle a atteint 75% dans la petite commune de Notre-Dame-des-Landes, où le "non" l'a emporté avec 73,57% des voix. A Nantes, le "oui" ne l'a en revanche emporté qu'avec 100 voix d'avance (50,06%).
François Hollande "se félicite du succès" de la consultation et promet que "son résultat sera respecté", a déclaré à l'AFP l'entourage du président de la République peu après l'annonce des chiffres définitifs. "Il y a eu une consultation démocratique, maintenant la procédure doit se poursuivre", a fait écho lundi 27 juin la ministre de l'Environnement Ségolène Royal.

Lancement des travaux à l'automne, selon Manuel Valls

"Le gouvernement fera appliquer le verdict des urnes", a prévenu de son côté le Premier ministre Manuel Valls, précisant que "les travaux préparatoires à la réalisation du nouvel aéroport s'engageraient dès l'automne prochain, dans le plein respect des réglementations nationale et européenne." "Les personnes qui occupent illégalement le site du nouvel aéroport devront partir d'ici le début des travaux. L'autorité de l'Etat et les lois de la République s'appliqueront à Notre-Dame-des-Landes comme partout ailleurs dans le pays", a assuré le chef du gouvernement dans un communiqué. Selon Ségolène Royal, le Premier ministre et le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve ont entamé des "discussions" pour savoir "comment ils allaient procéder".
Sur place, le camp du "oui", collectivités locales en tête, avait appelé le gouvernement, avant même l'annonce des résultats définitifs, à "évacuer la Zad" et à engager les travaux de la future infrastructure, destinée à remplacer l'aéroport de Nantes-Atlantique. "C'est un résultat sans aucune ambiguïté (...) qui oblige le gouvernement à engager les travaux", a déclaré Philippe Grosvalet, président PS du conseil départemental. "Il faut désormais agir vite. Il faut d'abord évacuer la Zad, qui est une zone de non droit, et ensuite il faut commencer les travaux", a également réclamé Bruno Retailleau, président (Les Républicains) de la région des Pays de la Loire.

Un calendrier jugé irréalisable par les opposants

Parmi les opposants historiques au projet, certains font contre mauvaise fortune bon coeur, telle la ministre du Logement et ex-dirigeante d'Europe Ecologie-Les Verts Emmanuelle Cosse, pour qui la consultation a permis "qu'on sorte des blocages". D'autres ne cachent pas leur amertume. "Les divisions autour de ce projet demeurent", a prévenu François de Rugy (Ecologistes!), député de Loire-Atlantique, "déçu sur le fond", mais qui "reconnaît" le résultat.
Mais sur place, les opposants à l'aéroport ont annoncé la couleur. La "lutte se poursuit". "Si le non l'avait emporté, je pense que ça clôturait le débat. Mais le fait que le oui l'ait emporté, ça ne résout pas la question, parce qu'il reste le problème des recours juridiques", a affirmé David Cormand, secrétaire national d'EELV. Pour les opposants au projet, le calendrier annoncé par Manuel Valls pour le démarrage des travaux est aussi jugé irréalisable. Une procédure d'infraction pour non-respect de la réglementation européenne, ouverte par Bruxelles contre la France, est en effet toujours en cours. Son règlement passe par la révision du Schéma de cohérence territoriale de Nantes-Saint-Nazaire. Ce document d'urbanisme doit être approuvé après une enquête publique qui ne devrait pas avoir lieu avant septembre. "Le temps qu'il y ait l'enquête, le rapport de l'enquête, et les éventuelles modifications du document, tout ça nous mène en fin d'année", prédit Françoise Verchère, co-présidente du Cédpa, le collectif des élus opposés à l'aéroport.

Recours en faveur d'espèces protégées

Le Premier ministre va aussi trouver sur sa route le campagnol amphibie. Pour pouvoir démarrer les travaux, la préfecture doit prendre un arrêté portant dérogation pour la destruction de ce petit rongeur présent sur le site, une espèce protégée. Les opposants ont déjà annoncé un recours. Des recours d'arrêtés préfectoraux concernant d'autres espèces protégées devraient en outre être examinés au plus tôt à l'automne.
Quant à l'évacuation de la Zad, elle ne s'annonce pas aisée. Les 200 à 300 "zadistes" occupant le site pourront en effet certainement compter sur des milliers de sympathisants. Sophie Bringuy, coprésidente du groupe écologiste au Conseil régional des Pays de la Loire, a mis le gouvernement en garde contre la tentation de passer en force : "dans le climat actuel, appeler et procéder à l'évacuation violente de la Zad, après une consultation illégitime, serait irresponsable", a-t-elle estimé dans un communiqué. Les opposants ont d'ores et déjà appelé leurs soutiens à converger vers Notre-Dame-des-Landes les 9 et 10 juillet pour le "FestiZAD", grand rassemblement d'été annuel contre le projet. David Cormand y participera "avec grand plaisir", a-t-il annoncé.
 

 

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