Occitanie : la région s'apprête à acquérir l'ancienne fonderie SAM

Après la liquidation de la fonderie SAM (Société aveyronnaise de métallurgie) et l'échec d'un projet de reprise, la région Occitanie se dit prête à racheter l'usine pour la dédier à de nouveaux projets d'investissements. Elle a candidaté au nouvel appel à projets "Sites France 2030" dont les résultats sont attendus à la fin du mois.

C'est une illustration de plus des grandes difficultés que rencontre le secteur de la fonderie en France. La région Occitanie s'apprête à racheter les murs et le foncier de la fonderie SAM (Société aveyronnaise de métallurgie), située à Viviez près de Decazeville (Aveyron) et spécialisée dans la conception de pièces automobiles. La transaction, qui se ferait par son agence régionale de l'aménagement et de la construction (Arac), pourrait être réalisée d'ici la fin du premier trimestre 2024, indique la région. Un certain nombre de moyens de production, déjà acquis par l'Arac pour le compte de la région (fours à fusion, ponts roulants, systèmes de refroidissement) font partie du lot, pour conserver le savoir-faire et rendre le site "clé en main" pour de futurs investisseurs.

L'histoire compliquée de la fonderie démarre en décembre 2019 quand, lâchée par Renault pour qui elle fabriquait des carters d'embrayage, elle est placée en redressement judiciaire. Le tribunal de commerce de Toulouse acte la cessation de son activité en novembre 2021. La société, créée en 1973 (333 salariés) subit en cascade, comme nombre de fonderies, les difficultés du secteur automobile avec une mauvaise conjoncture internationale, des problèmes d'approvisionnement, le renchérissement des matières premières… Sans parler de la concurrence à bas coûts des pays d'Europe du Sud et de l'Est ou de la Turquie. Les fonderies subissent enfin le contrecoup de la chute du diesel au profit de l'électrique.

Trouver de nouveaux investisseurs

MH Industries, une PME du Lot en plein essor (340 salariés, 22,5 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2021), se porte candidate pour reprendre le site. Mais elle jette vite l'éponge, les obstacles étant trop importants et surtout, le principal client de la SAM, Renault, n'étant pas déterminé à aider à l'amorçage du projet. Une très grosse déception pour François Marty, le maire de Decazeville et président de la communauté de communes Decazeville communauté. "L’ensemble de l’usine a été mis en vente mais on n’a jamais eu d’infos des liquidateurs. En tant qu’élus locaux, on a été complètement oubliés dans cette affaire et Renault a totalement laissé tomber la SAM alors que l’entreprise avait eu une relation privilégiée avec le groupe pendant vingt ans", peste-t-il dans les colonnes de La Dépêche du Midi, l'an dernier. Pour la région aussi la pilule est amère. Elle n'avait pas ménagé ses efforts pour soutenir le projet de reprise, dégageant une enveloppe de 1,2 million d'euros pour soutenir MH Industries. La région et la communauté de communes étaient aussi engagées à prendre en charge les frais liés à la période d’immobilisation de l'usine, jusqu'à la reprise. L'Etat lui-même n'avait pas hésité à s'investir à travers sa politique dite de "choc industriel". Mais pour la présidente de la région Carole Delga, alors qu'il est l'un des principaux actionnaires de Renault, "l'Etat central n’a pas pleinement joué son rôle", avait-elle fait valoir à l’annonce du retrait du groupe MH Industries, en juillet 2022.

Après ce retrait, la région avait déjà indiqué vouloir racheter l'ancien site industriel pour le dédier à un ou plusieurs autres projets. La collectivité reste aujourd'hui plus motivée que jamais. Si la transaction se réalise enfin, elle deviendra propriétaire de plusieurs milliers de mètres carrés. Il lui faudra toutefois trouver de nouveaux investisseurs. Pour mettre toutes les chances de son côté, elle a présenté le 1er décembre un dossier de candidature à l'appel à projets "Sites France 2030", qui doit permettre d'identifier 50 nouveaux sites industriels clés en main. Les résultats sont attendus fin janvier. "La région poursuit la recherche d'un ou plusieurs investisseurs en s'appuyant sur son agence de développement économique AD'OCC ou via Business France également, indique-t-on à la région, des start-ups à fort potentiel et en recherche de site pour passer en phase d'industrialisation sont aussi approchées".