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Paris a imaginé la ville sportive de demain

Plus qu'un catalogue de mesures, c'est un "document de référence" que Jean-François Martins, adjoint à la maire de Paris chargé des sports et du tourisme et des Jeux olympiques, a présentés au Conseil de Paris le 4 février. Et ce, dans un contexte particulier : Paris doit relever le défi de la densité et l’absence de place.

Comme le note d'entrée Jean-François Martins, "l’avènement du 'sport moderne' et l’essor considérable du nombre de pratiques et de pratiquants dans la deuxième partie du XIXe siècle trouvent un Paris déjà fortement urbanisé". Comment, dans ces conditions "continuer à construire, […] inventer des nouvelles solutions pour produire des mètres carrés et des heures de sport malgré les contraintes spatiales" ? Pour l'élu parisien, les solutions passent par "la spécialisation des salles" et "une meilleure occupation des équipements".

En termes d'occupation, des opérations isolées sur des parcelles disponibles ou dans les grandes zones d’aménagement, mais aussi la densification de parcelles sportives existantes ont contribué à combler un "retard historique" et à "corriger les inégalités territoriales". Des opérations "créatives et innovantes" ont complété les premières : insertion au rez-de-chaussée d’un programme de logement social, bâtiment pont au-dessus du boulevard périphérique ou d’une halle de logistique urbaine.

Quand la voiture laisse la place au sport

Si, en 2020, la capitale comptera 743 mètres carrés de surfaces de gymnases et de salles de sport pour 10.000 habitants contre 590 mètres carrés en 2001, "construire de nouveaux équipements restera nécessaire", selon Jean-François Martins. Mais alors qu'il devient "de plus en plus improbable d’être en situation de créer de nouveaux [terrains de grands jeux] intra-muros", l'adjoint aux sports entend favoriser des salles dédiées, "mieux adaptées et moins gourmandes en foncier", et qui "s’insèrent facilement dans des programmes mixtes". Il en a été ainsi récemment pour un pas de tir à l'arc installé dans un parking. Cette solution souterraine va se décliner grâce à un travail de coordination entre la ville et les bailleurs sociaux, car pour Jean-François Martins, "la réduction du nombre de propriétaires de voiture individuelle à Paris et dans le parc social en particulier" ouvre une "opportunité" pour le sport à Paris.

L'autre levier d'action pour satisfaire aux besoins d'équipements sportifs à Paris consiste à optimiser l'existant. Si les équipements municipaux parisiens se singularisent par une amplitude d’ouverture exceptionnelle – 360 jours sur 365 et a minima de 7 heures à 22 h 30 (sauf le dimanche) –, un travail de rationalisation pour limiter les créneaux sous occupés ou mal occupés a été engagé. Dans les piscines, les nageurs individuels vont bénéficier d'un doublement des ouvertures nocturnes. Dans les gymnases, la ville a créé des créneaux autonomes du lundi au vendredi de 22 h 30 à minuit pour des clubs sous convention. L'intérêt est double : élargissement de la pratique et préservation des finances de la collectivité dans des équipements placés sous la responsabilité des clubs après le départ des agents municipaux. 79 clubs occupent actuellement 161 créneaux nocturnes dans 72 équipements sportifs, et 200 heures de pratique supplémentaires ont été rendues possibles grâce à ce dispositif. A la rentrée 2019, de nouveaux créneaux autonomes seront déployés le dimanche après 18 heures.

Optimiser l'existant consiste aussi à améliorer la qualité des équipements pour faciliter leur utilisation maximale. Cela passe tant par la couverture de petits terrains de sport, pour en permettre l'usage en cas de pluie ou après la tombée de la nuit l'hiver, que par l’amélioration de la qualité des terrains de grands jeux. Un terrain synthétique peut en effet être utilisé jusqu’à 50 heures par semaine contre 10 heures pour un terrain en gazon naturel. Dans la même logique, la modernisation des piscines et l’amélioration de leur performance énergétique a permis de réduire le nombre de jours de fermeture de ces équipements. Et Jean-François Martins de préciser que la même méthode sera appliquée aux gymnases, salles et terrains de grands jeux. Un plan d’entretien et de rénovation de l’ensemble du parc sportif sur la base d’un audit est d'ailleurs programmé en 2019.

Aménager l'espace public

En menant à bien ce programme en faveur des équipements, la ville de Paris aura certes rempli une mission traditionnelle qui incombe aux collectivités territoriales en matière de sport. Mais elle ne se sera pas projetée vers le défi de l'avenir : "Faire de l'espace public un grand terrain de jeu." Car comme le souligne encore Jean-François Martins, "aujourd’hui, ce sont près de 60% des Parisiens (étude IRDS) qui déclarent exercer une activité sportive régulière dans l’espace public". D'où la nécessité de poursuivre des aménagements dans l’espace public. Ici, l'objectif est de "faire que chaque parisien soit à moins de cinq minute à pied d’un équipement sportif gratuit en libre accès", selon un plan assurant un rééquilibrage territorial et traitant les zones carencées identifiées et ayant fait l’objet d’une concertation avec les mairies d’arrondissement.

Parallèlement, la municipalité a imaginé des parcours reliant différents équipements mais aussi les grandes places et les grands espaces verts entre eux. D'ici 2020, un premier parcours en ville dense, issu du budget participatif, sera finalisé. Enfin la ville a commandé à l’Atelier parisien d’urbanisme (Apur) une étude pour configurer un parcours de 39,6 km sur la ceinture verte comprise entre les boulevards des maréchaux et la limite communale. C'est à ce prix – tout en défendant le club comme lieu central de la pratique sportive – que la ville de Paris entend "aller chercher de nouveaux publics" et assurer "un égal accès pour tous au sport".