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Parrainages : la proposition de "réserve de signatures" fait bondir les maires

L'idée de François Bayrou consistant à proposer aux maires de "participer à une réserve de signatures disponibles pour le cas où il manquerait des signatures aux candidats 'légitimes'" à l'élection présidentielle a vivement fait réagir l'Association des maires de France. Pour elle comme pour l'Association des maires ruraux de France, c'est bien plus tôt qu'il eût fallu réformer le dispositif des parrainages.

François Bayrou, Haut-commissaire au Plan, président du Modem et maire de Pau, a proposé jeudi 20 janvier que des maires s'organisent en "réserve de signatures disponibles" pour parrainer les candidats à la présidentielle jugés "légitimes", sans adhésion partisane mais par souci de "démocratie".

"Je propose qu'un certain nombre de maires décident qu'ils vont participer à une réserve de signatures disponibles pour le cas où il manquerait des signatures aux candidats 'légitimes'", a développé le leader centriste auprès de l'AFP. Selon lui, "les représentants des grands courants qui ont participé sous la Ve République à l'élection présidentielle", devraient être garantis de disposer de leurs parrainages, en visant les candidats soutenus par PCF, le PS, les écologistes, le centre, la droite républicaine ou l'extrême droite. "Et puis il y a les candidats de surgissement, ceux qui se sont imposés par le débat politique et qui ont atteint la barre des 10% dans les sondages", et qui doivent également être considérés comme légitimes et donc pouvoir concourir, ajoute François Bayrou. "Sinon quoi, ça provoquerait une crise et les électeurs auraient le sentiment qu'on leur vole l'élection", estime-t-il.

La proposition du Haut-commissaire au Plan vise notamment Eric Zemmour, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, dont les équipes de campagne font état de difficultés à recueillir les 500 signatures de maires nécessaires à la présentation d'une candidature à l'élection présidentielle. Or, selon M. Bayrou, "quand on donne sa signature à l'un, on est soupçonné de vouloir influencer l'issue de l'élection en multipliant le nombre de partants", alors qu'"il en va du sentiment démocratique honnête que les citoyens éprouvent et qui peut être mis à mal par ces péripéties".

Avec sa proposition de réserves de signatures, les maires "s'engageraient à donner leur parrainage si la situation l'exigeait", non comme "un soutien, mais une démarche citoyenne de la part d'élus qui, soucieux de démocratie, ne voudraient pas pour autant s'engager". "On pourrait faire ça avec l'Association des maires ruraux, moins politisée que l'Association des maires de France", a encore suggéré celui qui fut candidat aux élections présidentielles de 2002, 2007 et 2012. Le maire de Pau pourrait-il faire partie d'une telle réserve ? "Pourquoi pas", répond François Bayrou, en faisant valoir que "son choix à (lui), c'est plutôt Emmanuel Macron".

Entre étonnement et colère

L'Association des maires de France (AMF) n'a pas tardé à réagir, s'étonnant que François Bayrou la désigne comme une association trop "politisée" et y voyant "une mise en cause inadmissible d’une association totalement indépendante depuis 1907 qui regroupe plus de 98% des maires de France, dont une immense majorité de maires ruraux et sans étiquette politique". Et l'AMF de parler à son tour de "posture politicienne", d'"arrogance", de "dénigrement". Les dirigeants de l'association soulignent en outre que la proposition de François Bayrou fait directement écho à "celle formulée il y a trois semaines par Eric Zemmour" (voir notre article du 10 janvier) et que "la majorité à laquelle il appartient n’a pas saisi, dans les délais qui le permettaient, l’opportunité de modifier le dispositif de parrainage des candidats à la présidentielle, contrairement à l’engagement pris par le gouvernement le 6 mai dernier à l’Assemblée nationale".

Le président de l'Association des maires ruraux de France (AMRF), Michel Fournier, a lui aussi fait part de son étonnement, tout en se disant "agréablement surpris d'apprendre que (son) association pourrait à elle seule sauver la démocratie"… Il regrette toutefois "que l'on considère les maires ruraux uniquement comme des pompiers de service", comme un "sparadrap de la vie publique à quelques semaines de l’échéance présidentielle". Et rappelle à son tour que l'AMRF a, "à plusieurs reprises, demandé que le sujet des parrainages soit traité au lendemain des précédentes échéances". Selon Michel Fournier, "toute proposition doit d’abord viser (…) à réduire les soucis que peuvent rencontrer les élus du fait d’une interprétation systématique de leur parrainage comme un soutien à la personne présentée". L'une des pistes étant alors de "proposer le retour à un anonymat plus fort des parrainages". Pour l'heure, tranche-t-il, "une association ne peut donner des consignes à ses adhérents sur un sujet qui ne relève pas de sa compétence, ni de son objet, le  maire est libre et doit le rester dans cette faculté comme dans son mandat".

 

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