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Petites Villes de demain, un an après : un bilan jugé positif

Il y a un an, le gouvernement lançait le programme Petites Villes de demain, déclinaison d'Action cœur de ville pour les villes de moins de 20.000 habitants. Le bilan, plutôt bon, a été présenté dans le cadre la première rencontre nationale des Petites Villes de demain qui s'est tenue ce lundi 25 octobre au Cnam.

Quelque 1.300 conventions d'adhésion signées, 444 chefs de projets recrutés, plus de 20 millions d'euros de soutien à l'ingénierie déjà engagés… La première rencontre du programme Petites Villes de demain (PVD) a permis le 25 octobre 2021 de dresser un point d'étape sur le dispositif un an après son lancement. "Le bilan est extrêmement positif, il y a une vraie volonté des élus d'avancer. On a bien avancé sur les conventions, et sur le recrutement des chefs de projet. La notion d'ingénierie est essentielle. C'est une première année qui se révèle extrêmement riche", a assuré Yves Le Breton, directeur général de l'Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT), tandis que Caroline Cayeux, la présidente affirme à Localtis qu'"il y a une vraie volonté et une véritable attente".

Mis en œuvre en octobre 2020 pour six ans par l'ANCT, avec plusieurs partenaires dont la Banque des Territoires, l'Agence nationale de l'habitat (Anah), le Cerema et l'Ademe, le programme propose un accompagnement sur-mesure à 1.600 petites communes leur permettant de mettre en œuvre un projet de territoire global destiné à améliorer les conditions de vie de leurs habitants. Doté de 3 milliards d'euros, il s'organise autour de trois volets, que sont le soutien à l'ingénierie pour la réalisation d'études et de diagnostics, l'appui sur des thématiques particulières comme la transition écologique, la redynamisation commerciale ou encore le patrimoine, et l'accès au club Petites Villes de demain, pour favoriser le partage d'expérience et la montée en compétences des bénéficiaires. "Nous avons constaté dans certains territoires une vulnérabilité, de la vacance commerciale, des difficultés en termes d'habitat, d'attractivité, donc il fallait une approche transversale, faire du sur-mesure, partir de la réalité d'abord vécue par les villes et faire en sorte de leur donner les bons outils", a rappelé Christophe Bouillon, maire de Barentin, président de la communauté de communes Caux-Austreberthe et président de l'Association des petites villes de France (APVF). "On voit que cela avance", estime-t-il.

87% des communes ont signé leur convention d'adhésion

Les premiers éléments de bilan montrent en effet des avancées certaines : au 20 octobre 2021, 87% des communes intégrées au programme ont déjà signé leur convention d'adhésion. Parmi les orientations choisies par les élus, le développement économique est très présent, suivi par la transition écologique. 104 communes PVD sont engagées dans une opération de revitalisation territoriale (ORT) et 128 sont aussi lauréates de la première vague du fonds friches dédié au recyclage du foncier artificialisé.

Les chefs de projet, qui doivent, en binôme avec les maires, élaborer, mettre en œuvre et animer les projets de territoire, se mettent aussi en place. C'est l'une des mesures phares du dispositif. Le programme prévoit leur financement à hauteur de 75%. Et s'il existe encore des difficultés pour les recruter, 444 chefs de projet, sur les 900 prévus, ont été embauchés. Certains ont déjà du mal à s'en passer. "C'est un véritable couteau suisse, il est indispensable pour avoir une vision globale et transversale du projet", a ainsi affirmé Bertrand Ollivier, maire de Joinville, dont la ville s'est engagée dans un projet de territoire avec l'appel à manifestation d'intérêt (AMI) Centres-bourgs et poursuit la démarche avec le programme PVD. Le Cerema prévoit des programmes de formation pour ces chefs de projet. "Il va y avoir des sessions généralistes mais aussi des sessions spécialisées, réalisées par les partenaires, 230 chefs de projet ont déjà été formés", explique à Localtis Pascal Berteaud, directeur général du Cerema. 17 personnes ont été recrutées en volontariat territorial en administration (VTA) en appui des chefs de projets. Par ailleurs, 257 postes de manager de commerce ont fait l'objet d'une demande de subvention. "La notion de projet global est essentielle", a précisé Franck Chaigneau, coordonnateur PVD à la Banque des Territoires, poursuivant : "Les facteurs clés de réussite sont multiples, il faut organiser la mobilité, y compris des personnes à mobilité réduite, prévoir les parkings... Nous intervenons à travers le financement des postes de managers du commerce qui animent le projet sur le terrain". Par ailleurs, 528 postes de conseillers numériques France Service sont financés dans le cadre du programme.

Le soutien à l'ingénierie est l'un des autres pans importants du programme. À l'heure actuelle, plus de 20 millions d'euros y sont déjà consacrés sur le total de 250 millions d'euros prévus. "Nous envoyons des experts sur trois ou cinq jours de manière gratuite, explique Pascal Berteaud, ensuite soit la question est réglée, soit on va plus loin, sur un mode payant en fonction de la taille de la commune. On est à une cinquantaine de collectivités ainsi aidées, dont cinq à six pour lesquelles nous allons au-delà de la première expertise". Les autres volets du programme se mettent aussi en place : 12.753 logements ont été réhabilités, et 761 France Services, 52 fabriques des territoires et 19 micro-folies ont été ouvertes dans ces petites villes. De nouvelles mesures sont aussi lancées par le gouvernement, comme l'appel à manifestation d'intérêt permanent lancé le 25 octobre pour faire émerger des opérations d'habitat inclusif. En 2022, 100 premières collectivités vont bénéficier de 1,5 millions d'euros dédiés à l'accompagnement des lauréats en ingénierie pour démarrer et développer leur projet. Au total, l'État veut parvenir à 500 opérations de ce type d'ici 2026.

Les premiers retours

Quelques difficultés ont certes été exprimées lors de cette première rencontre. Pour certaines communes, le chef de projet est ainsi vu comme un transfuge de l'État et le programme comme une usine à gaz dont les moyens arriveraient parfois au compte-goutte. "Le programme n'est pas né ex-nihilo, il n'est pas hors sol, il tire tous les enseignements de l'AMI centres-bourgs de 2015 ; il intègre et s'inspire d'initiatives locales prises sur ce thème, ce n'est pas une invention parisienne", a argumenté Yves Le Breton, tandis que Pascal Berteaud a insisté sur le besoin de pédagogie et de formation des élus et techniciens. La question de la mutualisation des actions se pose aussi. "Des petites villes se regroupent en intercommunalités pour mener leur projet, souligne Caroline Cayeux, elles mutualisent alors le poste de chef de projet". Pour Jacqueline Gourault, ce lien entre les communes et l'intercommunalité est essentiel. "Quand il y a plusieurs PVD dans une intercommunalité, c'est très important que les liens soient forts. Il y a des outils, comme les ORT, qui ne peuvent se concevoir ou ne trouvent du sens qu'à l'échelle de l'intercommunalité, a ainsi signalé la ministre, les intercommunalités fonctionnent avec plus ou moins de fluidité mais c'est dans l'intérêt des territoires de tout faire pour travailler en symbiose". Le directeur général de l'ANCT a lui aussi insisté sur cet axe : "Le succès est lié à l'envie de coopérer des uns et des autres au niveau local, a-t-il signalé, le développement local ne se décrète pas !" Parmi les autres réserves émises par des acteurs de terrain : le possible chevauchement des compétences pour certains des partenaires impliqués, ou encore le mode de calcul des subventions basé sur des données statiques, comme la démographie, qui évoluent parfois rapidement pour certaines communes.

  • Le regard sur les petites villes plutôt positif, surtout chez les jeunes !

89% des Français qui vivent dans un autre type de territoire portent un regard positif sur la vie dans les petites villes. C'est ce qu'indique une étude Ipsos publiée le 25 octobre 2021 dans le cadre de la première rencontre Petites villes de demain (à télécharger ci-dessous). Un enthousiasme partagé par tous mais plus particulièrement par les jeunes, qui sont 93% à avoir cette image positive. "Cela va à l'encontre d'un certain nombre de stéréotypes", a précisé Brice Teinturier lors de la présentation de l'étude. La dynamique est elle aussi positive : 32% des Français disent que leur opinion sur ces petites villes s'est améliorée au cours des dernières années. Et cette amélioration est plus marquée chez les professions indépendantes (47%), les moins de 35 ans (43%), les cadres (40%) et les habitants des grandes métropoles (38%). Les atouts identifiés par ceux qui ne vivent pas dans ces territoires tournent autour de la proximité de la nature et les paysages, la qualité des relations sociales entre les habitants et le niveau de sécurité. Mais selon les Français, ces villes souffrent aussi de certains manques comme les difficultés pour effectuer des déplacements (43%), une faible offre de services notamment dans le domaine de la santé (40%) et de services publics, et une offre culturelle limitée. Des notions qui varient selon le type de commune envisagé : les Français sont très optimistes quant à l'avenir des petites villes qui disposent d'atouts touristiques ou d'infrastructures de mobilité (connexion au réseau autoroutier notamment) et celles qui sont situées dans la périphérie d'une métropole. "Nous ne sommes pas dans un scénario qui serait une vision noire ou catastrophique, a souligné Brice Teinturier, il y a quinze ou vingt ans la vision n'était pas la même, à cette époque on pensait que les petites villes étaient vouées à un déclin lent mais quasi certain !" Il y a aussi une réelle volonté de retour vers les petites villes. Parmi les Français qui habitent actuellement dans d'autres types de territoires, les deux tiers disent qu'ils pourraient dans le futur s'installer dans une petite ville et près d'un quart estime même qu'une installation dans une petite ville est probable. Une tentation plus marquée, là encore, chez les jeunes. Le développement du télétravail joue aussi sur l'image de ces villes. Il est ainsi considéré comme une opportunité durable de revitalisation des petites villes.