Planification écologique : une série d'échanges en attendant la présentation le 25 septembre

Avant de présenter les travaux de planification écologique aux membres du Conseil national de la refondation (CNR) ce 19 septembre, Elisabeth Borne a reçu ce lundi les chefs des partis politiques pour évoquer les "enjeux" de la planification sans entrer dans les détails.  Les principales annonces devraient être réservées à une prise de parole d'Emmanuel Macron prévue le 25 septembre.

Accélérer sur la voiture électrique, rénover les logements, freiner sur les chaudières au gaz... : après plusieurs mois d'atermoiements, Elisabeth Borne a présenté ce 18 septembre à Matignon la "planification écologique" du gouvernement aux chefs des partis politiques. La Première ministre a souhaité en début de réunion évoquer "les enjeux" de cette planification sans pour autant entrer dans les détails, alors qu'Emmanuel Macron a fait de l'urgence climatique une priorité de son second mandat. Ces deux heures à huis clos visaient à débattre des solutions pour une transition écologique "juste" et non "punitive", selon Matignon.

Ecologie et pouvoir d'achat, éternel sujet de crispation

A l'issue de la réunion qu'elle a qualifiée "d'oral de rattrapage" après la rencontre de Saint-Denis fin août où l'écologie avait été peu abordée, la secrétaire nationale d'EELV Marine Tondelier a salué "un constat très complet, très lucide et assez inédit". Mais "les réunions ne servent à rien s'il n'y a pas d'action", a-t-elle ajouté, en réclamant un impôt sur les grandes fortunes "climatique" et une "loi de programmation des finances publiques" sur l'écologie. "Une guerre contre le climat (sic), ça suppose une économie de guerre, et on en est très, très loin", a abondé le patron du Parti socialiste Olivier Faure. Le chef du Parti communiste Fabien Roussel était lui arrivé "sans illusions", désireux surtout de "faire baisser la facture" d'électricité et de gaz. Sujet de crispation, la question de l'articulation entre écologie et pouvoir d'achat s'est invitée dans la réunion au moment où les prix de l'énergie et du carburant flambent. La France insoumise n'avait pas envoyé de représentant, son coordinateur Manuel Bompard dénonçant "une nouvelle opération de communication". Une décision jugée "incohérente et irresponsable" par Elisabeth Borne dans un tweet.

Pour la droite, Eric Ciotti a tiré un "bilan en demi-teinte" de cette planification, sans "perspective très claire sur les moyens d'y parvenir et de (la) financer" et réclamé une conférence "sur les prix de l'énergie". Seul responsable de la majorité à s'exprimer, le patron du MoDem François Bayrou a jugé "intéressante" la réunion même s'il y a "bien sûr (...) des gens qui ne trouvent qu'on ne va pas assez loin". Au nom du Rassemblement national, la députée européenne Mathilde Androuët a réclamé "une vraie rupture" avec "le libre-échange" qui "encourage la pollution" et déploré une "absence totale de souci du peuple" pour qui l'environnement est devenu "une contrainte".

Un plan gouvernemental "pas du tout finalisé" selon l'Elysée

L'exécutif a ouvert par ce rendez-vous une "séquence" d'une dizaine de jours sur le sujet. Un échange entre Elisabeth Borne et les membres du Conseil national de la refondation (CNR) va suivre ce 19 septembre, avant la prise de parole d'Emmanuel Macron lundi prochain, et la présentation du projet de budget le 27 septembre en Conseil des ministres. Si les "grands équilibres" de cette stratégie sont connus, le plan gouvernemental n'est "pas du tout finalisé", a-t-on assuré ce lundi dans l'entourage du chef de l'Etat. Ce dernier répond ainsi à "la volonté des forces politiques" qui ont dit lors de la rencontre avec le président de la République fin août à Saint-Denis vouloir "émettre des remarques et proposer des modifications", a ajouté un conseiller.

En juillet, le gouvernement avait reporté la présentation de cette feuille de route, percutée notamment par les émeutes urbaines. Il promet désormais un plan "très concret" et "très opérationnel" afin "d'être au rendez-vous européen" de la baisse de 55% des émissions nettes de gaz à effet de serre en 2030 par rapport à 1990, et de se "projeter vers la neutralité carbone en 2050". En amont du projet de budget 2024, l'exécutif devra expliquer comment il entend répartir les 7 milliards d'euros supplémentaires promis.

Le gouvernement pourrait notamment financer une hausse du bonus écologique pour l'achat de véhicules électriques. Il promet aussi des réponses sur le financement des RER métropolitains dans une dizaine de villes, objet d'une proposition de loi en cours d'examen au Parlement. Des mesures sont également attendues pour des rénovations énergétiques de logements plus "performantes".

D'ici à 2030, le gouvernement souhaite en outre parvenir "à supprimer 75% des chaudières au fioul", et "baisser d'environ 20% les chaudières au gaz (hors pompes à chaleur hybrides)", selon un document transmis à la presse daté de juillet. Industrie et agriculture sont également au menu.

Emmanuel Macron conclura lundi 25 septembre les discussions ouvertes cette semaine en présentant "la vision et le cap de la France", a souligné l'Elysée. A l'issue d'une nouvelle réunion au palais présidentiel, le chef de l'Etat prendra la parole pour détailler la planification écologique, une "politique sans précédent en France depuis des décennies et sans équivalent en Europe", a assuré son entourage ce 18 septembre. Il s'attardera aussi sur les engagements de la France en matière de climat et de biodiversité sur la scène internationale. D'ici à la fin de l'année, plusieurs déplacements présidentiels seront consacrés à l'illustration de sa stratégie.