PLFSS 2026 – Inquiets, hôpitaux et établissements médicosociaux publics en appellent à la modération dans les futurs arbitrages

Dans les hôpitaux publics, la dynamique d’activité et de recrutement est actuellement positive, pour la Fédération hospitalière de France qui juge nécessaire de confirmer cette embellie. La FHF demande également la poursuite des investissements et des recrutements dans le médicosocial. Les économies devront reposer sur une analyse fine de la situation, territoire par territoire, estime la fédération qui redoute une politique du "rabot aveugle" et la déstabilisation du système de soins. 

À l’approche de l’ouverture des discussions sur le futur projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2026, la Fédération hospitalière de France (FHF) appelle à éviter à tout prix "les slogans faciles", le "rabot aveugle" et la logique de court-terme. "À l’hôpital, personne n’a oublié le traitement de choc imposé avant la crise du Covid : une cure d’économies de près de 12 milliards d’euros en 20 ans", a mis en avant Arnaud Robinet, président de la FHF, le 2 septembre 2025 lors d’une conférence de presse.  

L’hôpital public est "ultra-performant au regard des contraintes qu’il assume"

Cette "cure" a selon lui "laissé des traces profondes", en termes de "pression sur la masse salariale" et de sous-investissement dans le patrimoine, la recherche et l’innovation. Après une décennie 2010 pendant laquelle la productivité a fortement augmenté, l’hôpital public est aujourd’hui "ultra-performant au regard des contraintes qu’il assume", affirme le maire de Reims, alors que le Premier ministre avait évoqué en juillet la nécessité d’"une plus grande efficacité de l'hôpital" (voir notre article). Arnaud Robinet rappelle en particulier que l’hôpital public "assure 83% de la permanence des soins" (pour 69% des lignes de garde mobilisées) et "accueille huit passages aux urgences sur dix". Et "non, l’hôpital public n’a pas 30% de personnel administratif, il n’en a que 10,6%", soit "trois points de moins que dans les cliniques privées" et "trois fois moins qu’en Allemagne", tient enfin à rétablir le président de la FHF.  

Cinq ans après la crise Covid, la FHF fait également valoir une dynamique actuellement positive en termes d’activité et de ressources humaines, avec une baisse de l’absentéisme et une hausse des recrutements – "même si certains secteurs restent en tension" –, ces recrutements profitant notamment des mesures adoptées pour réguler l’intérim. "Nous entrevoyons le retour d’un cercle vertueux" qu’il ne faudrait surtout pas "déstabiliser", insiste Arnaud Robinet. Quant aux déficits des hôpitaux publics, ils ne sont pas liés au volume d’activité mais au "sous-financement d’effets prix" (inflation, revalorisations salariales "légitimes et attendues"), assure Zaynab Riet, déléguée générale de la FHF. 

La nécessité d’une "évaluation fine" et d’arbitrages "territoire par territoire"

La FHF préconise donc une progression de l’Ondam (objectif national de dépenses d’assurance maladie) de 3% en 2026, dont 0,5% pour compenser la poursuite de la hausse des cotisations CNRACL (Caisse nationale de retraite des agents des collectivités locales, hausse prévue de trois points par an entre 2025 et 2028). 

La Fédération appelle plus largement à mettre en œuvre sans tarder la logique de programmation pluriannuelle qu’elle a récemment détaillée (voir notre article) et qui repose sur la prévention, la "pertinence" de chaque euro investi et le lancement de réformes structurelles. Si plusieurs gisements d’économies sont identifiés (notamment via des investissements énergétiques), "les principaux leviers d’efficience doivent être pensés à l’échelle des territoires et de l’organisation globale de l’offre de soins", affirme Arnaud Robinet. Ce dernier insiste sur la nécessité "d’une évaluation fine de la situation territoire par territoire" pour réaliser les arbitrages. 

Côté médicosocial, la FHF demande une hausse de 4% de l’OGD (objectif global de dépenses), dont 5% pour le champ des personnes âgées et 3% pour celui du handicap. Le futur budget de la sécurité sociale devra acter la poursuite des plans de développement de l’offre et de renforcement des effectifs dans les Ehpad et une compensation intégrale des hausses de cotisations CNRACL (seule la partie soins ayant été compensée en 2025), selon la fédération.   

Prévention : contractualiser des objectifs "gagnants-gagnants" avec les ESMS

Cette dernière souhaite également la publication rapide du décret portant sur le déploiement du programme Icope de repérage des fragilités (voir notre article) et une généralisation du tarif global en Ehpad. Autre proposition : la contractualisation d’objectifs de prévention et d’efficience "gagnants-gagnants" avec les établissements sociaux et médicosociaux, afin de réduire par exemple les chutes et la dénutrition et limiter ainsi le recours à l’hospitalisation. 

Enfin, la FHF indique qu’elle "reste en attente d’une mission Igas [Inspection générale des affaires sociales] sur les inégalités socio-fiscales qui contribuent largement aux déséquilibres budgétaires actuels des ESMS publics". Selon Marc Bourquin, conseiller à la FHF, "aujourd’hui, pour un même salaire, le coût global est près de 20% supérieur dans les établissements publics que dans les établissements privés". 

Enfin, alors que l’instabilité politique pourrait retarder l’adoption de la future LFSS – jusqu’en mars ou avril ? -, le président de la FHF considère que "l’accès aux soins reste dégradé et nourrit une défiance compréhensible de la part des Français". "Cette improvisation permanente n’est pas tenable", pour le représentant des hôpitaux publics qui appelle l’État et le Parlement à "assumer leur part de responsabilité". 

 

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