Pollutions émergentes : Amorce réclame des "mesures fortes" pour la qualité de l'eau

En se fondant sur une enquête réalisée en juin auprès de ses adhérents sur l'exposition des services publics d'eau potable aux polluants émergents, Amorce appelle une nouvelle fois le gouvernement à prendre "urgemment des mesures fortes en matière de gestion qualitative de l'eau". L'association demande notamment des ressources financières supplémentaires de la part de l'État pour aider les collectivités à lutter contre les nouvelles pollutions.

Après la publication en avril dernier d'une étude de l'Anses identifiant la présence de résidus de pesticides dans certains captages d'eau potable (voir notre article du 6 avril 2023), Amorce a lancé en juin une enquête auprès de ses collectivités adhérentes afin de dresser un état des lieux des polluants émergents détectés sur les captages de leurs territoires et des conséquences de leur présence sur les services d'eau potable.

"Le constat est pour le moins préoccupant", a souligné l'association ce 20 juillet en dévoilant les résultats de l'enquête qui se fonde sur un panel représentant 3,5 millions d'habitants. 88% des collectivités annoncent ainsi avoir identifié des pollutions émergentes, essentiellement aux métabolites de pesticides, sur certains de leurs captages. Substances les plus détectées : le chlorothalonil et son métabolite R471811, le S-métolachlore et ses métabolites, les métabolites du chloridazone, les PFAS, le TFA (acide trifluoroacétique), les nitrates, le tétrachloroéthylène et le ESA alachlor.

Des non-conformités de certains captages nécessitant des plans d'action

"Chez 80% des répondants ayant constaté la présence de ces polluants, ceux-ci entraînent potentiellement des non-conformités dans certains de leurs captages", indique Amorce. "Face à ces alertes, les collectivités sont contraintes d’instaurer des plans d’actions pour restaurer la qualité de l’eau et mettre en œuvre des solutions curatives de traitements avancés, poursuit l'association. Néanmoins, maintenir cette alimentation en eau potable de qualité aux Français, soit l’essence même de ce service public local, s’effectue dans des conditions toujours plus dégradées pour des raisons d’ordre structurel (manque de ressources) et conjoncturel (sécheresse)." "En l’absence d’autres possibilités, les collectivités sont contraintes de substituer la ressource d’un captage par celle d’un autre voire d’abandonner le captage pollué, pour assurer la qualité de l’eau potable à leurs administrés avec des contraintes et des conséquences très lourdes, en particulier en période de sécheresse", relève Amorce.

Manque de moyens financiers des collectivités

En l’absence d’interdiction à l’échelle nationale ou européenne de certaines substances (en particulier de certains pesticides), les solutions curatives disponibles pour les collectivités (de type charbon actif, ultrafiltration, nanofiltration, etc.) nécessitent des moyens financiers très importants, explique l'association. "Dans un contexte de contraintes extrêmes sur les budgets des collectivités, celles-ci ne peuvent être mises en place qu’avec des ressources financières supplémentaires allouées par l’État et in fine les Agences de l’eau, sans quoi les usagers du service public verront leurs factures d’eau s’envoler pour des raisons indépendantes de leur responsabilité et de celle des collectivités", souligne-t-elle, en notant que près des deux tiers des répondants à l'enquête indiquent ne pas avoir les moyens financiers de lutter contre ces nouvelles pollutions.

Demande de "mesures préventives fortes"

Déplorant que le plan Eau présenté par le gouvernement en mars dernier ne contienne que peu de dispositions "réellement ambitieuses sur la préservation de la qualité de l’eau (absence d’interdiction formelle du S-métolachlore par exemple)", les collectivités rassemblées au sein d’Amorce appellent d'abord le gouvernement à "prendre des mesures préventives fortes interdisant les produits phytosanitaires dans les aires d’alimentation des captages, mesures qui devront être renforcées sur les captages dits 'sensibles' dont le périmètre est à déterminer dans les meilleurs délais." "Les pouvoirs des élus locaux doivent être, en parallèle, renforcés en la matière", ajoute Amorce.

L'association plaide aussi pour une "intensification de l'accompagnement de transition des activités agricoles au droit des aires d’alimentation de ces captages avec des aides techniques et financières". Elle appelle également à "responsabiliser financièrement les metteurs en marché de polluants, en augmentant fortement les redevances pour pollutions diffuses sur les pesticides et les nitrates, en transformant la taxe sur les préparations pour lessives en redevance au profit des agences de l’eau, et en créant une redevance sur les nouvelles pollutions émergentes (pollution micro plastiques, résidus médicamenteux…)." Autant de réformes qui doivent permettre selon elle d'"instaurer un vrai signal prix sur l'usage de ces produits et générer des moyens financiers pour généraliser les stratégies de prévention et de traitement de ces pollutions émergentes sur tous les territoires concernés".

 

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