Pouilley-Français cofinance le permis de conduire de jeunes en échange de menus travaux (25)

Pouilley-Français est un village de 850 habitants dans l'agglomération du Grand Besançon. Un village jeune, puisque 30% de la population a moins de 18 ans. Pour impliquer les jeunes adultes dans la vie de la commune, le conseil municipal a mis en place en mai 2016 un dispositif innovant.

Permis de conduire pour tous

Les jeunes de 16 à 18 ans, ainsi que les personnes sans emploi, peuvent déposer leur candidature auprès de la mairie afin de bénéficier d'une aide de 250 € leur permettant de passer le code de la route. Cette aide est versée directement par la ville à l'auto-école choisie par le candidat, après qu'il a effectué, en juillet ou en août, une semaine de travaux pour la commune.

Quels types de travaux ?

Pour l'essentiel, les travaux demandés aux jeunes durant leur semaine consistent à entretenir la voirie et le cimetière. Depuis que la commune n'a plus recours aux produits phytosanitaires, les herbes prolifèrent et c'est à la binette qu'il faut les enlever, ce qui prend du temps. Les autres chantiers réalisés en 2016-2017 concernent le nettoyage et la mise en peinture des abribus ou la pose de balises de protection pour les passages piétons.

Comment les jeunes sont-ils encadrés ?

Sous la responsabilité d'un adjoint au maire, ce sont les deux employés communaux du Pouilley-Français qui encadrent les chantiers. Tous les matins, les tâches à effectuer sont expliquées et les agents s'assurent que les participants sont bien équipés, en termes de sécurité. Ils rappellent
également les règles précisées dans une charte, signée par les jeunes ou leurs parents s'ils ne sont pas majeurs. Celle-ci établit, par exemple, que les portables sont proscrits, ainsi que les baladeurs.

Avantages multiples

L'usage d'une voiture est souvent indispensable dans les villages ruraux et passer son permis de conduire est une motivation puissante pour les jeunes adultes, mais pour le maire du Pouilley-Français, Yves Maurice, l’intérêt du dispositif va au-delà. "Cela les responsabilise, dit-il. Lorsqu'un jeune doit ramasser les canettes ou les mégots sur la voie publique, cela change son regard. Les parents, pour leur part, sont ravis que les jeunes soient encadrés, obligés de se lever pour être présents sur le site à 8 heures, et qu’ils gagnent de l'argent avec leur travail."

Communication efficace

Grâce au bulletin municipal, aux articles de presse et surtout au bouche-à-oreille le dispositif n'a pas tardé à faire le plein. Prévu initialement pour trois jeunes, il en a accueilli cinq en 2016 et sept en 2017. Il a également suscité l’intérêt de plus de 20 communes au niveau national, qui se sont renseignées sur les modalités de mise en place d'un tel projet.

Suites possibles

Au-delà de cette expérience, pérennisée par son succès, les élus réfléchissent à étendre le dispositif. Une opération "argent de poche" est en préparation. Elle pourrait se dérouler suivant les mêmes modalités que la bourse au permis, mais cette fois les jeunes seraient rémunérés directement. L'idée d'impliquer les plus jeunes dans l'entretien de leur cadre de vie fait son chemin.

Bourse au permis
Elle a été initiée dès 2004 par la ville de Suresnes, en banlieue parisienne. Afin de faire baisser le nombre de jeunes conduisant sans permis. L'association des maires de France a cherché à étendre l'expérience à l'ensemble du territoire. Une convention a même été signée, en décembre 2007, avec le secrétaire d'État aux Transports. Ce dispositif a été complété en 2016 par "le permis à un euro par jour". Il s'agit cette fois d'un prêt dont les intérêts sont pris en charge par l'État.