Pratique sportive étudiante : de bonnes performances globales, de nombreux points noirs

Selon un rapport de l'inspection générale de l'Éducation, des Sports et de la Recherche, les étudiants français ont une pratique sportive plus importante que le reste de la population. Toutefois, en raison d'un manque d'offres dans de nombreux cursus, cette réalité cache des disparités.

Les étudiants ont une pratique sportive supérieure à la moyenne mais elle s'avère très hétérogène, selon un rapport de l'inspection générale de l'Éducation, des Sports et de la Recherche (IGESR) intitulé "Le développement de la pratique sportive étudiante" et paru récemment. Pour mettre plus d'étudiants au sport, l'IGESR avance plusieurs propositions, dont certaines impliquent directement les collectivités.

Avant de faire le portrait de la pratique sportive étudiante, les auteurs du rapport mettent en avant une difficulté de taille : il n’existe pas de données précises et régulières au niveau national. Les quelque trois millions d’étudiants de l’année universitaire 2021-2022 étant le plus souvent amalgamés à l'ensemble de la population des 15-24 ans.

On sait néanmoins que la pratique sportive des étudiants a légèrement augmenté entre 2016 et 2020 et est supérieure à celle des autres catégories. Elle reste toutefois éloignée des préconisations internationales. "La population étudiante de par la nature de son activité est globalement sédentaire et pour un peu moins de 40% d’entre elle ne pratique pas d’activité sportive suffisamment régulière", alerte la mission.

Des cours de sport à la carte

Le rapport passe en revue les possibilités de pratique sportive pour les étudiants. Des possibilités très hétérogènes. Au sein des universités – qui accueillent près de 60% des étudiants –, les services universitaires des activités physiques et sportives (Suaps) proposent une offre riche et diversifiée encadrée par des enseignants. Mais "en dépit des efforts de communication", cette offre est parfois mal connue et seuls 20 à 25% des étudiants profitent des Suaps.

À côté des universités, une organisation fondée sur les bureaux des sports au sein des écoles prédomine. Ces bureaux proposent une pratique souvent autogérée par les étudiants eux-mêmes. Dans la majorité des classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE), un créneau de deux heures hebdomadaires d’éducation physique et sportive, le plus souvent sous forme de pratique volontaire, est prévu… mais rarement effectif. Quant aux sections de technicien supérieur (STS) et autres formations professionnelles post-bac en lycée, elles ne proposent  aucune offre de pratique sportive.

Sans surprise, la mission constate donc des différences selon les grandes filières et les disciplines : moins de 20% des élèves ingénieurs ne pratiquent que rarement ou jamais une activité sportive, contre 36% des étudiants de STS.

S'appuyer sur les conférences régionales du sport

Pour développer la pratique sportive étudiante, le rapport propose plusieurs pistes. Il recommande tout d’abord une meilleure articulation entre les différents acteurs : monde éducatif, monde associatif, collectivités territoriales. Cette articulation pourrait s'appuyer sur les conférences régionales du sport. Le président ou directeur général d’établissement d’enseignement supérieur présent au sein de chaque conférence "devrait jouer un rôle de coordination et d’interface avec l’ensemble des établissements d’enseignement supérieur de la région".

Parallèlement aux conférences régionales du sport, les collectivités sont identifiées dans le rapport comme des "partenaires de premier plan". La mission souligne que "la collaboration globale avec les collectivités territoriales est bonne et qu’elles ont un rôle catalyseur important pour développer des projets et participer à la définition du meilleur niveau de gestion pour un équipement".

Autre axe avancé : mettre en place une politique visant au développement des activités physiques et sportives (APS) dans chaque établissement d’enseignement supérieur. Avec une exigence à la clé : que chaque jeune bénéficie d'au moins une offre de pratique sportive, sans toutefois aller jusqu'à la généralisation d'une pratique obligatoire. À côté d’un projet sportif, chaque établissement pourrait encourager quelques bonnes pratiques : référent APS au sein de sa gouvernance, définition des publics cibles ou prioritaires pour lesquels des offres adaptées devraient être conçues, emplois du temps compatibles avec la pratique sportive, etc.

Nouvelles pratiques nouveaux équipements

Autre élément-clé pour développer la pratique : intensifier les partenariats entre établissements d’enseignement, y compris scolaires, collectivités territoriales, Crous et clubs sportifs pour l’utilisation et la construction des équipements. Car au-delà de la pratique encadrée traditionnelle, le besoin de pratique libre et autonome des étudiants "semble nécessiter de nouveaux équipements", pointe le rapport. Cette offre en autonomie passera aussi par la possibilité de réserver des créneaux via des applications. Côté équipement toujours, la mission suggère que l’Agence nationale du sport ouvre la possibilité pour les établissements d’enseignement supérieur de bénéficier du plan 5.000 terrains de sport.

Dernier levier identifié : les finances. Car, comme le souligne le rapport, en raison des faibles ressources dont bénéficient en moyenne les étudiants, la possibilité de pratiquer du sport devrait se faire à un coût nul ou très réduit. Au-delà de la CVEC (contribution de vie étudiante et de campus), qui a "changé la donne" depuis 2019 en finançant de nombreux projets, et considérant que dans les lycées "il n’existe aucun financement spécifique de la pratique sportive pour les étudiants du supérieur", il conviendrait de construire "un nouveau modèle de financement", sans plus de précision.

En conclusion, la mission estime que "l’organisation prochaine dans notre pays de grands évènements sportifs peut permettre d’augmenter significativement la pratique sportive étudiante". À condition, sans doute, de suivre ses préconisations.

  • Quand les collégiens améliorent leurs capacités physiques

Selon les résultats préliminaires de l’étude "inverser les courbes", réalisée par le collectif Pour une France en forme, la vitesse maximale soutenable durant quatre à cinq minutes par les collégiens français a baissé, en évaluation initiale, de 1 km/h pour les garçons et 0,6 km/h pour les filles en 35 ans.

Cette étude, menée à partir de 2020 auprès de 10.000 collégiens âgés de dix à douze ans dans les régions Auvergne-Rhône-Alpes, Bretagne et Hauts-de-France montre toutefois les effets bénéfiques d'un entraînement sur les enfants.

Ainsi un groupe sans entraînement spécifique mais ayant suivi des cours d'EPS classiques a vu sa vitesse maximale aérobie (VMA) croître de 2%. Mieux : cette hausse s'est élevée à 4,64% pour les membres du groupe ayant suivi un entraînement spécifique.

Si les premiers résultats ont confirmé le "très faible niveau de capacité physique" des collégiens, a commenté le professeur François Carré, coordonnateur de l’étude, "ils montrent qu’il est possible d’inverser rapidement cette courbe en incluant une activité physique individualisée de courte durée dans les cours d’éducation physique habituels".