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Social / Emploi - Prime d'activité : déjà 2,1 millions de bénéficiaires et objectif 2016 dépassé

Marisol Touraine a livré au quotidien Les Echos les chiffres de la prime d'activité à la fin mars 2016, autrement dit trois mois après sa création officielle et deux mois après sa première mise en paiement. La communication de ces statistiques intervient également à la veille du dernier jour ouvert aux demandeurs pour bénéficier d'un versement rétroactif à compter du mois de janvier. En attendant, les chiffres présentés par la ministre des Affaires sociales et de la Santé sont très positifs au regard des hypothèses envisagées lors de la création de cette nouvelle prestation, née de la fusion du RSA activité et de la prime pour l'emploi.

323.000 jeunes de 18 à 24 ans parmi les allocataires

Le nombre de bénéficiaires est en effet de 2,16 millions (chiffres à la fin février), représentant 1,8 million de foyers. Autre point de satisfaction pour le gouvernement : la prime d'activité compte déjà 323.000 jeunes actifs de 18 à 24 ans parmi ses bénéficiaires. Il s'agit là d'un changement de taille, puisque le RSA activité était réservé, sauf exceptions marginales, aux plus de 25 ans.
Ces chiffres - et notamment celui des 2,16 millions de bénéficiaires - témoignent à l'évidence du succès de cette nouvelle prestation, qui se trouve ainsi très en avance sur son tableau de marche. Il était en effet prévu d'atteindre les deux millions de bénéficiaires seulement cet été. Plus largement, l'objectif était d'atteindre environ 50% des bénéficiaires potentiels - estimés à quatre millions de personnes - au cours de l'année 2016.

L'effet prime d'activité : 14% de nouveaux bénéficiaires

Dans sa présentation, Marisol Touraine met également en avant "une seconde bonne nouvelle" : la montée en charge de nouveaux arrivants, qui ne bénéficiaient pas du RSA activité. Ceci semble démontrer que la prime d'activité parvient - comme c'était son objectif - à toucher une cible plus large que le RSA activité, qui a partiellement échoué.
Ainsi, 14% des inscrits enregistrés au mois de février n'avaient jamais perçu le RSA activité, alors qu'ils n'étaient que 8% parmi les pré-inscriptions ouvertes en décembre dernier. Cette évolution fait logiquement reculer la part des anciens bénéficiaires du RSA activité, qui passe de 67% à la fin de 2015 (pré-inscriptions) à 54% aujourd'hui.

Revers du succès : un risque de dérapage budgétaire

Ces nouveaux venus forment un public qui n'était pas connu des caisses d'allocations familiales (CAF), chargées du calcul et du versement de la prestation. Pour Marisol Touraine, "nous soutenons ainsi concrètement des femmes et des hommes qui n'étaient pas habitués à être aidés et qui pouvaient se sentir, parfois, oubliés du système".
Reste le revers de ce succès indéniable. L'enveloppe budgétaire prévue pour 2016 s'élève à 4 milliards d'euros et elle est calibrée pour faire face à deux millions de bénéficiaires, avec en outre une montée en charge sur l'année moins rapide que celle constatée. Il existe donc un vrai risque de dérapage budgétaire, surtout si la montée en charge se poursuit au même rythme. Il reste en effet, à ce jour, près de deux millions de bénéficiaires potentiels, qui ne se sont pas encore manifestés. Mais, pour la réponse à cette question, il faudra sans doute attendre la prochaine loi de finances rectificative.